Traduit de l'anglais par Ludovic, relu par jj et Diane
Le dollar américain est à l'agonie, et les États-Unis connaissent une dépression semblable à celle des années 1930. La seule façon pour les États-Unis de maintenir leur domination militaire et financière incontestée est de pousser cette domination à fond, tout de suite. Pour cela, Washington doit mettre à genoux les trois centres qui résistent encore à son pouvoir : la Chine, l'Europe et la Russie. L'affaiblissement de la Chine ou de l'Europe, uniquement, ne sera pas suffisant pour Washington. Les blocs Europe-Russie ou Chine-Russie subsisteraient en effet.
Les buts de Washington sont pragmatiques, évidents, et n'importe quel esprit indépendant peut les comprendre. Le principal but de Washington est la destruction de la Russie, en tant qu'État souverain. Pour la mettre à genoux et coloniser ensuite l'Europe et la Chine, économiquement et politiquement, Washington n'a pas besoin de déchaîner une guerre économiquement coûteuse contre l'Europe, ou même encore plus coûteuse contre la Chine. Il lui faut juste installer un gouvernement pro-Washington en Russie. Ainsi la Russie, contrôlée par Washington, serait immédiatement transformée en arme pour éliminer les deux principaux compétiteurs des États-Unis - l'Europe et la Chine. Vous trouvez que éliminer est trop fort ? Dans ce cas, remplacez-le par étrangler par les approvisionnements énergétiques.
Que ferait un leader russe nommé par Washington à la place du rebelle Poutine ? Un leader russe pro-américain arrêterait immédiatement les livraisons de gaz et de pétrole à la Chine et à l'Europe. Peu importe le prétexte, il peut vite être trouvé. Une instabilité soudaine en Russie, par exemple : sous ce prétexte, l'approvisionnement énergétique de l'Union européenne et de la Chine pourrait être interrompu. N'importe quelle marionnette de Washington qui remplacerait Poutine fermerait les robinets vers l'Europe et la Chine, d'une manière ou d'une autre.
Cet étranglement de l'Europe et de la Chine par la fin des livraisons énergétiques, programmé par Washington, signifierait tout autant l'étranglement financier de la Russie. Très vite, la Russie se désintègrerait en de nombreux petits États, tous occupés à se faire la guerre, sous la férule de Washington.
Aucun de ces petits États, toujours prêts à en découdre avec un voisin, ne pourrait se maintenir longtemps, et encore moins développer sa propre flotte de sous-marins, ses forces spatiales, sa défense aérienne et ses forces de dissuasion nucléaire. Ayant ainsi rayé l'Europe, la Chine et la Russie de la carte politique et économique du monde, Washington pourrait alors envisager de profiter d'une domination économique et militaire sans aucun partage. Clairement, avec de telles perspectives, le jeu en vaut la chandelle pour Washington. Et ce n'est pas surprenant que dans ce jeu d'échec mondial, l'Europe joue le rôle du pion, que Washington s'apprête à sacrifier pour atteindre son vieux rêve de domination mondiale absolue.
Prêt à tout pour y arriver, Washington sait bien que la clé de cette domination, c'est la Russie. Aussi tout est bon pour les États-Unis afin de remplacer Poutine le rebelle, qui tient fermement le gouvernail de la Russie, pas une marionnette, façon Iouchtchenko ou Saakachvili.
C'est pour cela que les États-Unis saisissent toutes les occasions de nuire à la Russie. Des pays comme la Syrie et l'Ukraine sont devenus le théâtre de la guerre ouverte des États-Unis contre la Russie. Et les pays de l'Union européenne sont devenus le théâtre de la guerre économique des États-Unis contre la Russie. Nous devrions reconnaître le talent des États-Unis à faire faire la guerre par alliés et vassaux interposés, et aux dépens de ceux-ci.
La guerre des États-Unis contre la Russie en Syrie est planifiée et conduite par Washington aux dépens de l'argent syrien et entraîne les morts et les souffrances du peuple syrien. Et la guerre des États-Unis contre la Russie en Europe est planifiée et conduite par Washington aux dépens de l'argent européen et entraîne la dégradation des conditions de vie et la paupérisation des peuples européens.
Tandis que les entreprises européennes subissent les sanctions imposées à la Russie, leurs compétitrices américaines signent des contrats juteux avec la Russie, comme le dénonce le Spiegel.
Cette guerre que les États-Unis mènent contre la Russie aux dépens de l'Europe, Dieu merci, n'est pas encore entrée dans une phase chaude. Le mot important, bien sûr, c'est pas encore. Washington, sous prétexte de différents exercices militaires, tente sans cesse de créer des coalitions militaires contre la Russie en Europe. Ces coalitions, quels que soient leurs noms, sont des coalitions de cadavres. Plus encore, ces morts le seront pour la plus grande gloire de la domination mondiale américaine. Ce qui ne fait aucun doute dans les milieux militaires, ni à Moscou ni à Pékin, ni à Washington. Malgré les fréquents exercices de ces coalitions cornaquées par Washington le long des frontières russes, les Russes ne prennent pas ces coalitions au sérieux, et les traitent comme des fans d'uniformes et d'insignes militaires de l'Otan.
Mais un léger désagrément, comme la défaite d'une coalition européenne, voire une défaite de l'Europe entière, pourrait-il amener les élites financières américaines à laisser tomber leurs plans pour atteindre la domination mondiale incontestée? Bien sûr que non. Une Europe ravagée par la guerre et une Russie affaiblie par ce conflit serait une excellente nouvelle pour les États-Unis. Une fois déjà, cette situation a permis aux États-Unis de sortir de la Grande Dépression des années 1930 et de devenir le n°1 mondial. Washington a choisi de remettre ça. La seule différence est que cette fois, la Russie, déjà affaiblie par la guerre, doit être éliminée.
Rappelons-nous ce que l'idéologue de la domination totale américaine, Brzezinski, a dit de la Russie :
La Russie est le cœur de l'Eurasie. Celui qui contrôle la Russie contrôle l'Eurasie. Et celui qui contrôle l'Eurasie, contrôle le monde.
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