Commentaire : Une information à replacer dans le contexte de la « guerre au cash » que les institutions semblent vouloir mener, dorénavant. On nous ressort les excuses de la délinquance et du terrorisme et l'on commence avec une mesure qui ne suscitera pas trop de contestations : le billet de 500 euros n'est en effet pas d'un usage courant. Viendra ensuite, à n'en pas douter, le tour du billet de 200 euros.

500 euros
© afp.com/THOMAS COEX La BCE décidera prochainement du sort du billet de 500 euros.
Très peu utilisée par le grand public, mais soupçonnée d'aider les fraudeurs, la coupure de 500 euros pourrait être retirée de la circulation. La Banque centrale européenne se prononcera " prochainement ".

Exit la grosse coupure ! Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a laissé entendre dans un entretien accordé au Parisien, le jeudi 11 février, que le billet de 500 euros était menacé de disparition. "De mon point de vue, les arguments en faveur du maintien du billet de 500 € sont de moins en moins convaincants", a-t-il indiqué. Avant de préciser que l'institution de Francfort devrait trancher "prochainement" sur la question. Et Michel Sapin d'en rajouter, en arrivant ce vendredi à l'Eurogroupe. "Je le dis du point de vue français parce que je le vois en France, le billet de 500 euros est plus utilisé pour dissimuler que pour acheter", a déclaré le ministre des Finances à l'AFP.

Au total, 613 millions d'unités circulent dans le monde, d'après la BCE. Le billet de 500 euros représente 30 % de la valeur totale des billets en euros en circulation (soit 307 milliards d'euros), contre 13,7 % en 2002.

Une quantité suspecte en circulation

Or son usage reste très limité chez le grand public. "A l'origine, celui (le billet ndlr) de 500 euros répondait au souhait de plusieurs pays de la zone euro d'avoir une coupure en euros qui corresponde à leur ancienne plus grande coupure en monnaie nationale", explique Benoît Coeuré. Mais la coupure ne fait pas partie du quotidien des Français et des autres habitants de la zone euro. En France, "aucune banque n'en délivre dans les distributeurs de billets", rappelle Charles Prats, magistrat spécialiste de la lutte contre la fraude fiscale, dans les colonnes du quotidien. Et si les commerçants sont, en théorie, tenus d'accepter les grosses coupures, (tant qu'ils n'ont pas à faire l'appoint dessus), dans les faits, ils refusent très souvent. Sans compter que l'abaissement du plafond de paiements en espèces autorisé, en vigueur depuis septembre 2015, remet un peu plus en cause son utilité.

Un usage frauduleux

Il en découle de très lourds soupçons sur le véritable usage de la coupure, dont la valeur élevée offre une grande facilité de stockage pour les gros montants. Selon Charles Prats, qui la qualifie d'"instrument privilégié de la délinquance en col blanc", elle permet de "faciliter l'évasion des capitaux hors des frontières". Tandis que Giovanni Kessler, directeur général de l'Office de la lutte antifraude, interrogé par Le Parisien, considèrent que ces billets "facilitent la vie des escrocs ". D'après le Financial Times du 1er février, la Commission européenne et Europol enquêtent, en particulier, sur un éventuel lien avec le financement du terrorisme.