Traduit par BB

Debt
Le Dow Jones a clôturé lundi au dessus des 18.000 points pour la première fois depuis Juillet 2015. N'est-ce pas un excellente nouvelle ?

J'aimerais sincèrement que ça le soit. Si le Dow Jones reflétait effectivement la réalité économique du moment, je pourrais alors arrêter d'écrire à propos de l'effondrement économique et commencer à bloguer sur les chats ou le football. Malheureusement, les marchés financiers et l'économie évoluent dans des directions complètement opposées actuellement. Même si le cours des actions monte en flèche, les défauts sur les dettes de grandes entreprises explosent à un niveau que nous avons jamais vu depuis la dernière crise financière. En fait, cette vague de défauts sur les dettes est devenue tellement dramatique que même USA Today le rapporte...
Que les investisseurs se préparent au pire... Le nombre d'entreprises défaillantes sur leur dette vient d'atteindre des niveaux jamais vus depuis la dernière crise financière, et ce problème ne concerne pas seulement les détenteurs d'obligations.

Depuis le début d'année, 46 entreprises ont fait défaut sur ​​leur dette, ce qui est le niveau le plus élevé depuis 2009, selon S&P Ratings Services. Cette semaine, 5 entreprises supplémentaires ont fait défaut sur leur dette, sur la base des dernières données compilées par S&P Ratings Services. Cela inclut l'entreprise Vertellus Specialties basée au New Jersey qui est spécialisée en chimie et la société Cliffs Natural, basée dans l'Ohio et qui produit du minerai de fer. Parmi celles qui ont fait défaut sur leur dette cette année dans le monde, 37 d'entre-elles sont des entreprises basées aux États-Unis

Entre-temps, Le plus important producteur privé de charbon au monde, Peabody Energy (BTU) et l'entreprise de prêt-à-porter Pacific Sunwear (PSUN) viennent de se placer sous la protection de la loi américaine sur les faillites. les actions de la société Peabody ont chuté de 97% pour finir à 2 $ l'action la semaine dernière et celles de Pacific Sunwear ont plongé de 98 % et ont fini à 4 cents l'action.
Beaucoup de grandes entreprises dans ce pays connaissent des moments difficiles, et il semble que les avocats sur le droit des faillites vont être absolument submergés de travail dans un proche avenir.

Alors pourquoi les prix des actions montent en flèche en ce moment ? Après tout, cela semble complètement absurde...

Et ce ne sont pas seulement quelques cas isolés dont nous parlons. Dans tous les secteurs, les revenus des sociétés et les bénéfices des entreprises sont en baisse. A ce stade, les bénéfices des sociétés du S&P 500 ont plongé de 18,5 % par rapport au sommet qui avait été atteint à la fin de l'année 2014, et il est prévu que les bénéfices des sociétés baissent de 8,5 % pour le premier trimestre 2016 par rapport à la même période il y a un an.

Les bénéfices des entreprises américaines ont baissé et vont baisser encore plus, ce qui va entraîner des difficultés pour rembourser les crédits contractés et qui sont colossaux.

Du coup, comme les bénéfices sont en baisse, un grand nombre de grandes entreprises ont donc des difficultés avec leur dette, et nous avons déjà vu un très grand nombre d'entreprises qui ont vu la note de leur dette être dégradée. Dans l'un de mes précédents articles, j'apportais le fait que la note moyenne des entreprises qui émettent de la dette était tombée à «BB» ou Junk (pourrie), ce qui est encore inférieur à ce qu'elle était à n'importe quel moment lors de la dernière crise financière.

Beaucoup de gens ne semblent pas me croire quand je partage ce fait, mais c'est la vérité.

L'une des principales raisons pour lesquelles la dette des entreprises est dégradée vient du fait que beaucoup de ces grandes entreprises se sont énormément endettées en rachetant leurs propres actions. Ce qui suit provient de Wolf Richter...
La dégradation de la notation de la dette des entreprises est liée à la «rémunération des actionnaires», du fait des programmes de rachats d'actions et des dividendes qui se sont envolés, comme le rappelle John Lonski, économiste en chef de Moody's capital markets research. En mars 2015, le nombre d'entreprises qui émettaient de la dette et dont la note avait été dégradée était de 32. Ce chiffre a bondi à 48 en Décembre 2015, et il vient d'atteindre 61 en Mars 2016. Par conséquent, le nombre d'entreprises qui émettent de la dette et dont la note a été dégradée a presque doublé sur 12 mois.

La dernière fois que ce nombre de dégradations attribuées à l'ingénierie financière avait atteint 61, c'était au début de l'année 2007. Il avait atteint un sommet à 79 à la mi-2007, quelques mois avant le début de la grande récession au quatrième trimestre de l'année 2007. A l'époque, les actions étaient sur le point de s'effondrer.
Lorsque les sociétés entrent sur le marché et rachètent leurs propres actions, elles s'auto-détruisent à petit feu. Mais nous avons vu ces rachats d'actions monter en flèche pour deux raisons. Premièrement, les grands investisseurs veulent voir grimper le cours des actions, et ils ont vraiment tendance à apprécier ces rachats d'actions et soutiendront les dirigeants d'entreprises qui souhaitent le faire. Deuxièmement, si vous êtes un dirigeant d'entreprise qui a reçu énormément de stock options, vous voudrez aussi voir le cours de vos actions monter.

Ainsi, cette cupidité et ces rachats d'actions ont alimenté en grande partie la hausse du cours des actions américaines à laquelle nous avons assisté récemment.

Cependant, dans le monde financier, rien ne dure éternellement, et cette bulle irrationnelle finira bien par imploser.

Plus tôt dans la journée, je suis tombé sur un article dans lequel il y avait un commentaire de Michael Hartnett de Bank of America Merrill Lynch. Il croit qu'il y a de nombreux parallèles à faire entre ce qui se passe aujourd'hui et la période qui avait juste précédé l'éclatement de la bulle Internet en 2000...
A l'époque, comme cela pourrait être le cas aujourd'hui, le marché haussier et la reprise économique américaine avaient été arrêtés net par une crise des marchés émergents. La crise avait menacé d'impacter le Main Street(c'est-à-dire les Américains ordinaires, et en premier lieu les classes moyennes et démunies) via Wall Street (le Nasdaq avait chuté de 33% entre juillet et octobre 1998, avant que le Hedge Fund "Long Term Capital Management" ne fasse faillite). Les décideurs politiques avaient alors paniqué et la politique monétaire avait été assouplie (avec le recul d'aujourd'hui...inutilement). L'arrivée des liquidités avait violemment propulsé les marchés dans une énorme bulle en 1998/99, qui avait finalement fini par imploser.
Comme Hartnett, je crois vraiment qu'une implosion majeure se profile, mais je voudrais que ce soit le plus tard possible.

Un jour, nous allons revenir sur tous ces moments avec stupéfaction. Ca a été absolument incroyable de voir comment les marchés financiers ont été en mesure de défier la réalité économique depuis si longtemps.

Mais ils ne pourront pas le faire pour toujours, et selon une dernière enquête de CNN, les américains sont de plus en plus pessimistes quant à la direction que prend l'économie réelle...
Dans une dernière enquête de CNN sur les Américains qui possèdent au moins 10.000 dollars sur un compte de trading en ligne, plus de la moitié (52%) ont donné un "C" comme note à l'économie américaine. 15% ont évalué l'économie avec un «D» ou un «F»

Ce pessimisme persiste malgré que les marchés financiers soient de nouveau en hausse. Le Dow Jones a dépassé 18.000 points lundi pour la première fois depuis Juillet à 2015.
Si certains Américains pensent que l'économie américaine mérite un "D" ou un "F" comme notation actuellement, alors attendons de voir ce que cette note deviendra dans un avenir proche.

Personnellement, je donne à notre économie un "A" pour avoir été en mesure de maintenir notre niveau de dette insoutenable dans le souci d'entretenir aussi longtemps que possible notre confort de vie. D'une certaine manière, nous avons réussi à consommer beaucoup plus que ce que nous produisions depuis des décennies, et la plus grande bulle de dettes de toute l'histoire continue de gonfler...

Bien entendu, Nous vivons tous sur un temps emprunté...et je souhaite vraiment que cette bulle puisse continuer de gonfler encore longtemps, parce que personne n'a vraiment envie de voir ce qui arrivera après...