Le propriétaire d'un atelier de confection situé dans la ville turque d'Antakya a confié dans une interview à MailOnline qu'il employait des jeunes réfugiés syriens pour coudre les uniformes qui sont ensuite vendus aux combattants de Daesh en Syrie. Agés de 9 à 13 ans, de jeunes syriens, des garçons pour la plupart, touchent un salaire de 40 livres turques (12 euros) par jour pour leur labeur qui consiste à mesurer, couper et coudre du tissu motif camouflage et aider leurs collègues plus âgés à assembler les uniformes qui passent ensuite la frontière sous le manteau vers les groupes armés.

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© ReutersOù est l'ONU ?
« La seule raison pour laquelle ces enfants travaillent avec moi, c'est l'argent, s'il n'y avait pas de guerre en Syrie, ces enfants seraient à l'école et l'école serait une bien meilleure chose pour eux », a expliqué le propriétaire de l'atelier Abou Zakour depuis son bureau dans la ville turque d'Antakya, voisine de la frontière syrienne, ajoutant que ce sont leurs parents dans le besoin qui les envoient travailler.


Commentaire : La guerre est un business, pour tout le monde et même pour ceux qui ont des ateliers de confection. La guerre a toujours été une bonne excuse pour exploiter ses semblables, même si pour cela il faut détruire conscience et humanité. Saint-Saint-Exupéry disait que la guerre permettait de voir le vrai visage des humains, ou de ceux qui le sont moins. Et s'exprime alors la bonté, l'avarice, la folie ou la psychopathie. C'est la fin qui justifie les moyens, puisqu'il faut survivre... en s'autorisant les "Ah ,s'il n'y avait pas la guerre !" pour pouvoir continuer en toute bonne conscience ses méprisables besognes. C'est scandaleux.



L'entrepreneur est né à Alep, qu'il a fui dès les premiers bombardements. Il s'est ensuite retrouvé sous le joug brutal de Daesh à Raqqa, d'où il est parti il y a six mois. Il s'est finalement installé à Antakya d'où il peut vendre ses vêtements.

Abou Zakour prétend ne pas avoir de problème avec la vente d'uniformes à Daesh. « Peu importe qui sont mes clients », a-t-il indiqué. Il fournit aussi des vêtements aux groupes radicaux Ahrar al-Sham, au Front al-Nosra, affilié à Daesh, et aux rebelles de l'Armée syrienne libre. Il a souligné que ses employés sont très méticuleux, et font très attention aux différents styles de vêtements commandés par les différentes factions.

« Bien sûr que nous gagnons plus d'argent avec les vêtements militaires que civils. Il y a une grande différence entre les vêtements militaires et civils, mais que pouvons-nous y faire ? Quand il y a du travail, il y a du travail », a concédé le propriétaire, fataliste.

Abou Zakour confectionnait des uniformes militaires bien avant que le conflit n'éclate en Syrie. Mais avec tellement de groupes souhaitant des couleurs et des styles spécifiques pour leur tenue de combat, cela est rapidement devenu son activité principale.

Cependant, un problème logistique a récemment surgi, à la fermeture des deux principaux postes frontaliers. «La fermeture de la frontière a rendu notre travail très compliqué. Avant, nous avions beaucoup de clients de partout, des gens d'Idleb, d'Alep. Maintenant il n'y a plus de travail depuis deux mois», a-t-il indiqué.

Selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), la Turquie compte presque 3 millions de réfugiés syriens. Dans le même temps, 80% des enfants syriens habitant sur le sol turc n'ont pas la possibilité de suivre un enseignement.

Plusieurs enfants ne peuvent pas aller dans les écoles publiques à cause de la barrière de la langue et d'autres font face aux intimidations, qui les découragent de suivre les cours. Mais le problème principal pour des milliers d'enfants syriens c'est la pauvreté, les réfugiés de tous âges sont interdits de travailler légalement en Turquie.