Plusieurs incendies, attisés par des vents violents, ont ravagé plus de 3 300 hectares de garrigues et de pinèdes dans les Bouches-du-Rhône mercredi soir et dans la nuit de mercredi à jeudi 11 août. En tout, 1 800 pompiers ont été mobilisés et trois personnes ont été blessées, dont une gravement, selon la préfecture du département. « 2 500 hectares ont été brûlés dans un feu parti de Rognac, qui a été arrêté cette nuit aux portes de Marseille, dans le nord de la ville. 800 hectares ont brûlé dans la zone portualo-industrielle de Fos-sur-Mer. Certains feux sont déjà éteints, celui de Rognac est fixé », a déclaré le directeur de cabinet du préfet, Jean Rampon, jeudi matin.

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© BORIS HORVAT / AFPIncendie en Provence
« Risques de reprises », mais Marseille pas touchée. Jeudi matin vers 7 heures, des fumées et des flammes étaient à nouveau visibles en direction de Marseille et les Canadair reprenaient leurs rotations, a constaté un photographe de l'Agence France-Presse depuis le poste de commandement mis en place à la gare TGV d'Aix-en-Provence. « Des vents violents exposent aux risques de reprises », a précisé M. Rampon, et la sécheresse de la végétation est « sujet de préoccupation ».



Établies à 70 km/h jeudi au lever du jour, les rafales de vent ne devraient pas monter jusqu'à 100 km/ h comme hier, ce qui avait provoqué d'importantes sautes de feu. « Nous sommes plutôt confiants sur l'issue de cette crise », a indiqué le préfet délégué Yves Rousset au Monde. Le feu le plus préoccupant a été fixé sur la commune des Pennes-Mirabeau, au nord de Marseille. « Aujourd'hui on peut dire que l'incendie est maîtrisé mais il demeure des risques et des inquiétudes liées au vent », a-t-il nuancé.

Les flammes n'ont toutefois pas franchi les portes de Marseille, l'incendie ayant été « fixé » aux Pennes-Mirabeau, derrière une crête qui trace la limite entre les deux communes. Les marins-pompiers n'ont donc pas eu à faire procéder à des évacuations d'habitants à Marseille, « mais si la situation est rassurante, il faut rester vigilant, on est encore dans la phase d'attaque et il y a encore plusieurs heures d'incertitude », indique au Monde un officier de communication du bataillon des marins-pompiers.



Une enquête ouverte à Aix-en-Provence

Le parquet d'Aix-en-Provence a ouvert une enquête préliminaire pour destruction de forêt et blessures, le point de départ de l'incendie le plus important se situant à Rognac. « On ne connaît pas encore le point d'origine précis car les enquêteurs ne pouvaient pas se rendre sur les lieux en raisons de l'intensité du foyer », précise-t-on au parquet.

Les causes du feu restent par ailleurs indéterminées : « Nous n'avons aucune idée sur le caractère volontaire ou involontaire de ce feu ». Des enquêteurs spécialisés devraient rapidement pouvoir accéder aux lieux pour y mener les premières investigations.

Cinq Canadair et 1 800 pompiers mobilisés

Quelque 1 800 pompiers ont été mobilisés sur les sinistres, dont 650 renforts extra-départementaux, a ajouté M. Rampon, ainsi qu'une centaine de policiers et gendarmes, 500 véhicules de secours, cinq Canadair (dont 2 en provenance de Corse), un Tracker, Dash 8 et deux hélicoptères.

La préfecture des Bouches-du-Rhône a annoncé sur son site Internet avoir « ouvert une cellule de crise et demande à la population de rester confinée et, surtout, de ne pas encombrer les axes routiers qui doivent être utilisés en priorité par les services de secours ».

Des blessés, des maisons détruites

« On déplore trois blessés par brûlures dont un grave dans la population. Une vingtaine de pompiers ont été incommodés par des fumées, ainsi qu'une dizaine de policiers », a affirmé M. Rampon. De nombreuses habitations avaient été endommagées ainsi que quelques bâtiments industriels. Un bilan précis est en cours.

Quelque six cents personnes évacuées ont été hébergées une partie de la soirée et de la nuit dans les lieux ouverts par les municipalités. Le feu parti de Rognac a ravagé notamment 1 600 hectares à Vitrolles, à trente kilomètres au nord de Marseille, qui a payé le plus lourd tribut, et où 300 personnes ont été hébergées dans des gymnases pour la nuit, selon Jean Rampon. Frédéric Paris, directeur de cabinet du maire, a évalué « entre 6 000 et 8 000 » le nombre de personnes affectées par le sinistre, dans cinq quartiers, la plupart restant confinées chez elles. Aux Pennes-Mirabeau, 730 hectares ont été brûlés.

La mairie de Vitrolles a indiqué sur Twitter jeudi que les personnes accueillies sont désormais autorisées à rentrer chez elles, appelant néanmoins les habitants à rester « très vigilants ».

Dans l'Hérault, où un autre incendie a détruit près de 200 hectares, quatre sapeurs-pompiers ont été blessés, dont trois grièvement. Le feu a été maîtrisé dans la soirée de mercredi.

Les incendies de Fos-sur-Mer maîtrisés

Trois incendies dans la zone industrielle entre Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône ont brûlé plus de 800 hectares en fin de journée mercredi. Ils sont désormais sous contrôle, affirment les secours. La situation était d'autant plus sensible que le site pétrolier de Fos était en partie dans les flammes.

Après un hiver et un printemps faiblement pluvieux, le sud-est de la France est en état de sécheresse et des mesures de restrictions d'eau plus ou moins drastiques ont été prises dans plusieurs départements, dont les Bouches-du-Rhône.