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Imposée par une directive européenne, l'introduction du biocarburant E-10 [*] en Allemagne a déclenché la colère des automobilistes. Depuis deux semaines, les stations services d'outre-Rhin accumulent les stocks d'E-10 (vendu mélangé au Sans plomb 95) pendant que les cuves de Sans plomb 98, pourtant 10 centimes d'euro plus cher, se retrouvent à sec.

Les associations d'automobilistes dénoncent un carburant plus corrosif et moins lubrifiant qui endommage réservoirs et moteurs, et les associations écologistes l'accusent à juste titre d'alimenter la hausse du prix mondial des céréales pendant que 1,2 milliards de gens sont sous-alimentés.

Se dessine en Allemagne le potentiel d'une révolte contre l'idéologie environnementaliste qui depuis 30 ans impose la rigueur économique et la petitesse sociale. On le voit à travers deux articles publiés hier dans la presse nationale.

Sous le titre « L'absurdité au nom de l'environnement », le Bildzeitung, premier quotidien allemand, écrit : « Il est vraiment grand temps que le bon sens finisse par l'emporter sur les absurdités décrétées au nom de l'environnement. La liste des indécences est déjà bien trop longue (...) Sans la moindre contestation, on nous a fait enlever nos ampoules électriques classiques pour les remplacer par des ampoules fluocompactes bien plus chères et beaucoup plus toxiques. Plus bête encore : l'on paye annuellement des milliards d'euros en taxes écologiques, qui ne servent pas à sauver l'environnement mais à combler les déficits budgétaires. On lave nos pots de yaourt et on les emballent dans des sacs jaunes, tout ça pour aller polluer en Asie. Et des millions de conducteurs se font voler avec l'achat de la vignette anti-particules qui ne sert qu'à maintenir quelques gros pollueurs en dehors des centre-villes. En voyant tout ça, c'est presque un miracle que les Allemands continuent à lutter pour l'environnement. »

Dans le grand hebdomadaire économique Wirtschaftswoche, le président de l'Association nationale des Chambres de l'industrie et de commerce (DIHK), Heinrich Driftmann, laisse éclater sa colère. Sous le grand titre « Le biocarburant E-10 rend la nourriture plus chère », il déclare : « On ne produit quasiment plus d'orge dans le pays. On est obligé d'acheter nos céréales très cher à l'étranger. C'est la conséquence du boom des bioénergies qui remplacent l'agriculture classique. A cause de cela, les prix des produits alimentaires augmentent aussi. »

Wirtschaftswoche dit que sur ces six derniers mois, les prix du maïs, du blé et du sucre ont augmenté de 75% , « sous l'impulsion de la production de biocarburant aux États-Unis, où déjà 33% des récoltes de maïs y sont consacrés. »