Un déploiement de défense qui inquiète les Américains. La Russie a mis en place des systèmes antiaériens S-300 à Tartous, ville côtière du nord-ouest de la Syrie où elle possède des installations portuaires militaires, a annoncé mardi soir le ministère russe de la Défense.Ces systèmes complètent de fait le dispositif de défense mis en place sur la base aérienne de Hmeimim (nord-ouest) avec l'arrivée en novembre 2015 de S-400 de dernière génération.

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© Ivan Sekretarev/AP/SIPALe système de défense antiaérienne S-300 exposé près de Moscou, en août 2013
Avec ses S-300 et ses S-400, la Russie s'assure une défense aérienne de ses deux points d'ancrage en Syrie, le port de Tartous et la base aérienne de Hmeimim, dans la province de Lattaquié, où l'aviation russe dispose de dizaines de bombardiers, d'avions d'attaque au sol et d'hélicoptères.

Mise en garde à Moscou

Le Pentagone a réagi à l'annonce en se demandant qui était l'adversaire que Moscou souhaite tenir à distance avec ces missiles. Les extrémistes que la Russie veut combattre en Syrie, comme Daesh ou le Front Fateh al-Cham (ex Front Al-Nosra), n'ont « pas d'aviation », a relevé Peter Cook, porte-parole du Pentagone.

Celui-ci a adressé une mise en garde voilée à Moscou contre toute utilisation de ces batteries contre les appareils américains : « Il faut que ce soit clair pour les Russes et pour tous ceux qui opèrent en Syrie que nous prenons très au sérieux la sécurité de nos aviateurs », a-t-il souligné.

Répondre à la menace de missiles tirés depuis la mer Méditerranée

« Ce système est conçu pour assurer la sécurité de la base navale de Tartous », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov. « Nous rappelons que le S-300 est un système uniquement défensif et qui ne menace personne ». Ces batteries permettent notamment de répondre à la menace de missiles tirés depuis la mer Méditerranée.

L'annonce de la Russie intervient au lendemain de la décision de Washington de suspendre ses pourparlers avec Moscou sur un cessez-le-feu en Syrie, annoncée après la destruction totale lundi du plus grand hôpital du secteur rebelle d'Alep dans un bombardement aérien. Indéfectible alliée de Damas, la Russie est accusée par les Occidentaux de bombarder les rebelles en Syrie, notamment à Alep, dans des zones peuplées de civils. De son côté, Moscou affirme ne viser que les groupes djihadistes.