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C'est la première fois depuis le 19 février que la police intervient contre les manifestants qui campent sur la place de la Perle pour réclamer des réformes.
afp.com/James Lawler Duggan
Le Conseil de coopération du Golfe envoie des troupes à Bahreïn pour "contribuer à préserver l'ordre et la stabilité" dans ce pays voisin, "En réponse à une demande" de Manama.

Plus d'un millier de soldats saoudiens faisant partie de la force commune du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sont arrivés dimanche à Bahreïn, selon un responsable saoudien. Les Emirats arabes unis ont eux aussi annoncé l'envoi de troupes à Bahreïn pour "contribuer à préserver l'ordre et la stabilité" dans ce pays voisin, "En réponse à une demande de Bahreïn", selon le ministre d'Etat pour les Affaires étrangères des Emirats, à la suite de l'intensification de la mobilisation des manifestants à Bahreïn, qui bloquent lundi les accès du centre de Manama, où se trouvent le quartier d'affaires et des bâtiments publics.

L'Arabie saoudite est le chef de file du CCG, groupement des monarchies arabes du Golfe dont fait partie Bahreïn. Le CCG a exprimé plus d'une fois sa solidarité avec les autorités bahreïnies qui font face à une contestation grandissante.

"Occupation"

L'opposition conduite par les chiites a réagi ce lundi en déclarant, que "toute présence militaire étrangère" serait considérée comme "une occupation". "Le peuple de Bahreïn fait face à un réel danger, celui d'une guerre contre les citoyens bahreïnis sans déclaration de guerre", ont souligné les sept composantes de l'opposition, dont le Wifaq chiite

Dialogue national

Face à la poursuite de la contestation, la monarchie avait pourtant accédé dimanche à certaines demandes de l'opposition pour favoriser un dialogue national. Ainsi, le prince héritier Salman ben Hamad Al-Khalifa a accepté dimanche soir que le dialogue avec l'opposition porte "sur un Parlement aux pleins pouvoirs" et sur "un gouvernement qui représente la volonté du peuple".

Le prince héritier a été chargé par le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa d'entamer le dialogue, mais le puissant mouvement chiite Wifaq a posé des conditions, dont la démission du gouvernement. L'opposition réclame que le gouvernement reconnaisse "le droit du peuple à élire un Parlement à plein pouvoirs législatifs" et son droit "d'avoir un gouvernement élu".

Intervention policière

Signe de l'intensification de la mobilisation, des manifestants ont coupé de nombreuses routes dans le centre de Manama dans la soirée de dimanche. Les forces de police ont réagi en lançant des tirs de gaz lacrymogènes de la police à Manama sur des manifestants, dont certains tentaient de bloquer l'accès au district financier. Des dizaines de personnes ont été hospitalisées à la suite de cette intervention.

Les policiers ont démantelé des tentes que les manifestants, environ 350 selon le ministère, avaient dressées à l'entrée du district financier de Bahreïn. Mais le campement s'est reformé peu après.

C'est la première fois depuis le 19 février que la police intervient contre les manifestants qui campent sur la place de la Perle pour réclamer des réformes. A l'Université de Bahreïn, des civils masqués ont attaqué dimanche à coups de bâton et d'épée des étudiants de l'opposition qui observaient un sit-in.

Appel à la grève générale

L'Union générale des syndicats de travailleurs de Bahreïn a lancé un appel à la grève générale, qualifiant la dispersion des manifestants dimanche de "violation des droits de l'Homme" et appelant le gouvernement à "parvenir au plus tôt à des solutions radicales avec les forces politiques, pour sauver le pays".

Réaction américaine

La Maison Blanche a appelé lundi les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à "respecter les droits" des habitants de Bahreïn après l'envoi de troupes saoudiennes et émiraties: "Nous exhortons nos partenaires du CCG à faire preuve de retenue et à respecter les droits des Bahreïnis, et à agir de manière à soutenir le dialogue au lieu de le saper", a déclaréun porte-parole de la présidence américaine, Tommy Vietor.

La veille, Washington avait "fermement" condamné les violences et exhorté "le gouvernement de Bahreïn à mener un dialogue pacifique et constructif avec l'opposition plutôt qu'à recourir à la force", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. Washington a des relations étroites avec le royaume de Bahreïn, qui accueille la Ve Flotte américaine.

La contestation a démarré le 14 février et avait fait à ses débuts sept morts parmi les manifestants.