Clairvoyance, tact, discernement : trois mots qui n'auront pas été de tous les jugements des politiques français durant la campagne électorale américaine. Il leur est désormais sûr qu'il va falloir composer avec un homme qu'ils ont largement méprisé.
François Hollande
© Inconnu
Pendant la campagne américaine, les politiques français, et au premier chef les membres du gouvernement et du camp socialiste, n'ont pas été avares en commentaires sur le candidat républicain qui a pris possession de la Maison Blanche.


Commentaire : En effet, et selon Peter Schwarz :
L'Europe réagit aux élections présidentielles américaines avec un mélange de dégoût, de nervosité et de peur. Les nombreux commentaires communiquent le sentiment qu'un tournant politique aux dimensions historiques est en train de se produire. [...]

Beaucoup interprètent cette élection comme le prélude de la fin de l'alliance transatlantique autour de laquelle tournait toute la politique européenne depuis 70 ans. [...]

Le European Council on Foreign Relations [ECFR - Conseil européen des relations étrangères, un think tank paneuropéen, ndt] considère Trump comme « une menace existentielle pour l'alliance transatlantique ». S'il gagne, selon un document publié le 12 octobre, « il lancera une présidence révolutionnaire - se retirant de l'OTAN et d'autres garanties de sécurité, sapant des éléments clés du régime mondial de libre-échange et nouant des relations plus étroites avec des dirigeants forts plutôt qu'avec les alliés ».
Wait and See comme on dit de l'autre côté de l'atlantique !


Le président de la République française avait ainsi résumé sa vision du nouveau président après une polémique entre ce dernier, alors candidat, et le père d'un soldat américain mort en Irak en 2004, estimant que le Trump se livrait à des « excès [qui] finissent par créer un sentiment de haut-le-cœur ».

Un sentiment partagé par son ancienne campagne et Ministre de l'Environnement Ségolène Royal qui, se refusant à envisager une victoire de Donald Trump, avait affirmé à l'AFP : « Pas seulement en France, mais dans le monde entier, on souhaite de tout cœur la victoire d'Hillary Clinton. »


Le Premier ministre Manuel Valls, avait jugé, dans une émission de la chaîne Public Sénat, que le milliardaire républicain était un « petit [...] et un mauvais homme, sans doute ». Une petite et mauvaise personne avec qui Manuel Valls va pourtant devoir composer dans ses grandes batailles.


Jean-Marc Ayrault, le ministre des Affaires étrangères qui, en juillet 2016, confondait le président syrien Bachar el-Assad avec feu le dictateur irakien Saddam Hussein, avait estimé en septembre de cette année que le programme de Trump en termes de diplomatie était « très confus ». Prenant ensuite moins de risques, le locataire du Quai d'Orsay avait affirmé en octobre que les propos de Trump sur les femmes étaient « sordide[s] et révélateur[s] du personnage ».

Et, à l'instar de Pierre Moscovici, ils doivent se réveiller ce 9 novembre, avec un seul mot à la bouche : « Damn! ». En effet, le Commissaire européen twittait le jour même de l'élection « L'Amérique a le choix entre le meilleur - une femme Présidente- et le pire- un populiste provocateur à la Maison Blanche. J'ai confiance. »


Enfin, le maire de Paris Anne Hidalgo, s'étant rendue auprès du maire de Londres Sadiq Khan, s'était désolée de la stupidité du nouveau président américain en assurant, avec un joli accent « so french » : « He is stupid, he is very stupid ».