Trump President
Surfant sur la vague de l'anti-système, Donald Trump a remporté 276 voix, devenant ainsi le 45e président des États-Unis. Sa rivale Hillary Clinton, la candidate du partie démocrate, n'a pas reconnu sa défaite depuis son QG à New York : elle a préféré le faire par téléphone. D'après la rumeur, elle avait prévu de le faire par email, mais quelqu'un lui a confisqué son serveur.

Clinton a subi un sérieux revers lorsque les États bleus du Michigan et du Wisconsin, traditionnellement acquis aux démocrates, ont basculé en faveur de Trump, donnant au candidat républicain une bonne longueur d'avance au niveau des voix du collège électoral. Ces deux États ont été durement frappés par la destruction des emplois du secteur industriel, conséquence de l'appât du gain des grosses entreprises. Signe révélateur, Hillary avait déjà perdu le Michigan et le Wisconsin à la primaire démocrate : ces deux États étaient passés à Bernie Sanders. Le camp Clinton s'était alors débrouiller, en usant de coups bas, pour refuser à Sanders l'investiture démocrate, poussant ainsi les électeurs dans les bras de Trump.

En début de soirée, Trump n'avait que 16% de chances de l'emporter, contre 84% pour Clinton. Lorsqu'il a remporté la Floride, la Caroline du Nord et l'Ohio, ces prédictions se sont inversées.

Une fois la victoire quasi assurée, Trump a fait un discours à ses partisans dans lequel il a gracieusement félicité Clinton pour son « action formidable pour ce pays », malgré que cette femme est une va-t-en-guerre corrompue qui soutient le terrorisme djihadiste, comme le prouve son amour pour l'Arabie saoudite (et l'argent de cette dernière). Le temps nous dira si Trump a la moindre intention de tenir sa promesse d'ouvrir une (nouvelle) enquête criminelle contre la harpie belliqueuse.

Pendant ce temps-là, la « gauche » libérale et les démocrates « sans foi ni loi » de tout poil, en particulier les riches et célèbres, versaient peu à peu dans l'hystérie à mesure que tombaient les résultats des votes et que la victoire de Trump se précisait.

L'actrice Mia Farrow re-tweetait un sondage du NYT annonçant que, à 21h40, Trump avait 55% de chances de remporter l'élection. En commentaire de son tweet, elle postait : « Xanax ». De son côté, la chroniqueuse au Hollywood Reporter Lacey Rose postait : « Tension. Niveau. Maximal ». Quant à la comédienne juive Sarah Silverman, elle semblait sombrer dans le désespoir : « Un peu d'espoir, par pitié. », suppliait-elle. De son côté, Lin Manual Miranda, le rappeur/chanteur et créateur de la comédie musicale Hamilton, essayait de calmer tout ce beau monde : « Respirez », écrivait-il en commentaire d'une photo portant cette légende : « Nous survivrons ».

Vers 23h, Sarah Silverman capitulait, en postant ce commentaire alarmiste : « C'est Poutine qui va gagner. »

L'élite de Silicon Valley, à l'abri dans son bunker californien pro-Hillary à l'air raréfié, donnait des signes de stress et d'incrédulité croissants à mesure qu'étaient publiés les résultats.

Shervin Pishevar, cofondateur de la société de capital-risque Sherpa Capital, qui investit dans les plus grands noms de la technologie (Uber, Airbnb et Slack), tweetait qu'en cas de victoire de Trump, il s'engageait à financer une campagne visant à rendre la Californie indépendante.
1/ Si Trump gagne, j'annonce le financement d'une campagne légitime pour que la Californie devienne une nation indépendante

— Shervin #VOTE (@shervin) November 9, 2016
@shervin J'allais justement twitter la même chose. Compte sur moi, et je collaborerai avec toi à ce projet.

— DAVE MORIN (@davemorin) November 9, 2016
D'autres n'ont pas tardé à leur emboîter le pas. Le fondateur du réseau Path, Dave Morin, a rapidement annoncé son soutien et a offert de participer à cet effort.
Les marchés vont plonger en cas de victoire de Trump. Peu importe qui gagne, c'est un tournant pour notre nation. De sérieux changements systémiques doivent se produire.

— Shervin #VOTE (@shervin) November 9, 2016

#Nightmare #ElectionNight pic.twitter.com/SbTnyfH4FD
Ailleurs, Jason Calcanis pestait contre les prédictions électorales en temps réel du New York Times.
— jason (@Jason) November 9, 2016
Quant au président de Box, Aaron Levie, il faisait part de sa frustration concernant les prédictions de Nate Silver, le fondateur du site FiveThirtyEight.
Nate Silver, on te faisait confiance.

— Aaron Levie (@levie) November 9, 2016
Sam Altman, dirigeant de l'influent incubateur de start up Y Combinator, nous faisait un caca nerveux.
Je ne me rappelle pas la dernière fois où j'ai été aussi tendu :(

— Sam Altman (@sama) November 9, 2016
Quant à Benedict Evans, de la société Andreesen Horowitz, il était prêt à renoncer à Twitter.
Je préfère mon feed sur Instagram

— Benedict Evans (@BenedictEvans) November 9, 2016
L'associé de Google Ventures, M.G. Siegler, avait l'air plutôt abattu.
... on dirait bien que le réveil va être brutal.

— M.G. Siegler (@mgsiegler) November 9, 2016
Pendant ce temps-là, la plupart des médias « libéraux » étasuniens faisaient écho à ces impressions. Le distingué professeur d'économie et chroniqueur au NY Times Paul Krugman craquait sur son compte Twitter, affirmant que la probable victoire de Trump avait « tué la planète », parlant d'un nouveau monde atroce », avant d'ajouter que « l'existence telle que nous la connaissons pourrait bien changer au point d'en devenir méconnaissable ».

Krugman twitter Trump
Krugman Twitter Trump
Dans un éditorial du NY Times publié tard dans la soirée, Krugman commentait :
« Nous ignorons encore qui remportera la collège électoral, bien que, alors que j'écris ces lignes, il semble que (horreur, incrédulité) les pronostics soient désormais en faveur de Donald J. Trump. »
... avant d'ajouter que les États-Unis et la société US seront bientôt « en déroute » ; c'est une possibilité bien réelle.

Aux dernières nouvelles, l'expression « État en déroute » était utilisée par les représentants du gouvernement étasunien pour désigner les pays qu'ils destinaient à un « changement de régime » via une campagne de bombardement et/ou une invasion militaire américaines. Alors peut-être que les Américains devraient voir le bon côté des choses : la victoire de Trump a peut-être initié un « changement de régime » aux États-Unis sans qu'un seul coup de feu ne soit tiré.

Tandis que Krugman et de nombreux experts au sein des médias de l'establishement attribuent la victoire de Trump au niveau de « haine qui sévit dans le pays », la vérité semble être qu'une majorité d'électeurs étasuniens ont rejeté la politique de va-t-en guerre et de destruction du niveau de vie (en particulier celui des pauvres) poursuivie par les administrations Bush et Obama, et ont été fortement interpelés par la promise de Trump d'éradiquer la corruption rampante à Washington.

Quant à savoir si Trump était sincère dans ses promesses de campagne, et si on le laissera « faire le ménage » efficacement, cela reste à voir. Toutefois, sous une administration Trump, on peut s'attendre à une atténuation de la dangereuse rhétorique anti-russe qui était devenue la marque de fabrique de l'administration Obama ces dernières années. Et cela ne peut être qu'une bonne chose pour les États-Unis et pour le monde.