En octobre dernier, Moscou et Damas ont accepté une énième trêve « humanitaire » voulue par l'Oncle Sam pour sauver ses barbus coincés dans la poche d'Alep-Est. Durant plus de 3 semaines, la Russie n'a opéré aucune frappe aérienne, se contentant d'effectuer un méticuleux travail de renseignement tout en organisant des couloirs humanitaires pour permettre l'évacuation des civils.

U.S. Empire storm trooper
© Truthout.org/Flicker
De leur côté, les coupeurs de têtes modérés du Bloc atlantiste empêchaient la population de les emprunter, se réarmaient et se regroupaient pour préparer une grande offensive destinée à briser le siège d'Alep-Est. Lancée à la fin octobre, l'opération a finalement tourné au baroud d'honneur et, début novembre, la riposte des troupes syriennes et du Hezbollah a totalement renversé la situation. Trois semaines plus tard, l'enclave est aujourd'hui brisée et sur le point de tomber. Avec la prise d'Alep, c'est la fin des derniers espoirs occidentaux de renverser la vapeur. Durant près de 6 ans, l'Empire US et ses succursales d'Europe et du Golfe ont ainsi déversé des hordes de djihadistes sur le pays, permettant au passage l'avènement de Daesh dans une énième opération de regime-change aussi ratée et sanglante que les précédentes.

Fiasco et boîte de Pandore
N'en déplaise aux propagandistes de l'im-Monde ou Libération, il n'y a jamais eu de guerre civile en Syrie. Dès les premiers mois de ce qui fut faussement présenté comme un « printemps arabe », la machine de guerre américaine était en effet à l'œuvre à travers ses canaux habituels de Riyad notamment et, à l'époque en tous cas, d'Ankara. Deux mois après les stupides et sanglantes répressions organisées par le régime syrien pour mater des contestations populaires bien légitimes, les premières cargaisons d'armes et de mercenaires arrivaient ainsi dans le pays sous le contrôle de la CIA.

Pourquoi ? Pour les ressources comme toujours. Déjà en délicatesse avec la Russie de Vladimir Poutine, l'Empire et ses suppôts du Golfe voulaient en effet faire transiter leurs précieux gisements par une Syrie débarrassée de Bachar al-Assad et donc docilisée, le passage par l'Irak chiite étant par ailleurs impossible. Un projet comme d'habitude merveilleux sur le papier à en-tête de Langley, mais qui a rapidement tourné au fiasco et ouvert une boîte de Pandore d'où sont sortis tous les appétits régionaux les plus divergents.
La Russie et l'arc chiite raflent la mise

Aujourd'hui, la chute imminente d'Alep pourrait signifier en quelque sorte le début du début de la fin de la guerre en Syrie. Bien sûr, il faudra des mois pour réduire entièrement Daesh et, dans le Nord du Pays, le bras de fer entre Ankara et les Kurdes ira à son terme, avec de bonnes chances toutefois de voir émerger le Rojava tant espéré des Kurdes.
Enfin, Moscou et Damas devront encore s'entendre sur le périmètre syrien à reconquérir réellement, soit l'entier du pays, soit la Syrie utile.
Mais d'ores et déjà, il est certain que l'Empire US est le grand perdant de cette monstrueuse passe d'armes.
Sa nouvelle équipée meurtrière au Moyen-Orient a en effet abouti à l'exact opposé de tout ce qui a constitué l'axe de sa politique belliciste ces 15 dernières années : à savoir contrôler les routes énergétiques et empêcher la constitution de cet arc chiite qui commence en Afghanistan, se poursuit à travers l'Iran, traverse l'Irak (devenue désormais chiite par la grâce d'une autre intervention éclairée de l'Empire), se prolonge dans les centres de pouvoir syrien pour aboutir au Hezbollah libanais (avec éventuellement extension amicale au Hamas palestinien d'ailleurs).
Et comme si cela ne suffisait pas, ce puissant arc est désormais totalement tourné vers.... la Russie de Vladimir Poutine en qui il a trouvé un allié responsable et fiable.
En résumé, toutes les dernières interventions de l'Empire US dans la région ont conduit à son éviction pure et simple du Moyen-Orient, en provoquant au passage une crise migratoire favorisant l'éclatement de l'Europe pro-US et la dissémination du terrorisme international.
Le fiasco est total, fascinant même, et devrait sans conteste devenir un objet d'étude dans la rubrique « contre-exemple » dans toutes les écoles militaires du monde.
L'Empire US s'effondre ainsi par overdose de lui-même.

Reste à espérer que Trump arrive sain et sauf à la Maison-Blanche pour acter de cette redistribution des cartes.
Le temps des grands massacres US pourrait alors avoir une toute petite chance de prendre fin.