Commentaire : Il fallait bien que l'on commence à entendre parler du rétablissement du service militaire dans notre pays... Avec l'hystérie anti-russe de ces derniers mois et les convoitises que suscitent l'Afrique aux « remodelages » occidentaux criminels, nous avons le Macron présidentiable qui nous confirme que tout doit continuer comme avant : les mensonges médiatiques, le pillage des ressources à l'étranger, une politique intérieure répressive, une politique économique qui enrichit les riches et appauvrit les pauvres. Rien que de très banal, en somme, pour les parasites sociaux que sont les hommes de pouvoir. Quant au service militaire d'une durée ridicule de 1 mois, à quoi sert-il si ce n'est nous prévenir, en douceur, que sa durée ne cessera de s'allonger au fil des menaces planifiées qui « mettent en danger la sécurité des Français » ?

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Dans une réunion publique samedi à Paris, Emmanuel Macron, le candidat présidentiel préféré de la majorité, du président François Hollande et du PS, a indiqué que s'il était élu, il allait rétablir le service militaire et accélérer le réarmement de l'armée française. Selon Macron, son but serait de préparer l'armée à mener non seulement des guerres majeures, mais aussi des interventions massives sur le sol national.

L'annonce du candidat actuellement favori pour remporter les présidentielles constitue un avertissement pour la population de la France et du monde. Elle intervient à peine deux semaines après la décision de la Suède de rétablir la conscription, avec le but ouvertement déclaré d'obtenir les troupes nécessaires pour combattre la Russie. Après deux guerres mondiales dévastatrices au 20e siècle, les classes dirigeantes européennes se préparent de nouveau à une guerre entre les grandes puissances et à un assaut frontal sur le niveau de vie et les droits démocratiques des travailleurs à l'intérieur.

Selon Macron, «nous sommes entrés dans une époque des relations internationales où la guerre est à nouveau un horizon possible de la politique». Il a exigé que la France maintienne des capacités autonomes « dans la conception, la décision et l'action » militaires.

Pour se préparer à mener les guerres de Macron et de ses soutiens dans l'appareil d'État, l'armée aura à mobiliser une classe d'âge entière. « Ce service national universel, encadré par les armées et la gendarmerie nationale, s'adressera aux jeunes femmes et hommes aptes de toute une classe d'âge, soit environ 600 000 jeunes par an », a déclaré Macron. « Ce temps de service militaire universel devra intervenir dans les trois ans suivant le 18e anniversaire de chacun ».

Le fait que Macron inscrit sa politique de conscription dans le contexte d'une époque de guerres qu'il voit s'ouvrir devant lui discrédite ses tentatives d'offrir des justifications « démocratiques » pour son service militaire universel, qui selon lui ne durerait qu'un mois. « Chaque jeune Français ira ainsi à la rencontre de ses concitoyens, fera l'expérience de la mixité sociale et de la cohésion républicaine durant un mois », a-t-il déclaré. Mais en fait, des guerres majeures nécessiteraient un service militaire de bien plus qu'un mois.

Selon la presse, la mise en place du service militaire universel nécessiterait une première dépense d'environ €15 milliards puis une dépense annuelle d'environ €3 milliards, soit à peu près le budget actuel des forces nucléaires françaises. Macron compte déjà imposer plusieurs dizaines de milliards en mesures d'austérité contre les travailleurs. Financer le réarmement militaire voulu par Macron signifierait que son gouvernement mènerait une guerre sociale impitoyable contre les travailleurs.

Alors que Washington investit mille milliards de dollars dans la modernisation de son arsenal nucléaire, et que les médias allemands discutent d'une éventuelle obtention de l'arme nucléaire par Berlin, Macron a insisté sur l'importance de renforcer aussi la force de frappe nucléaire française. « Notre force de dissuasion est un élément-clé de notre indépendance et de notre autonomie stratégique de décision et d'action », a-t-il dit. « Il ne peut être question de l'affaiblir ».

Macron a indiqué un large éventail de cibles potentielles de l'armée française, au Moyen Orient et en Europe de l'Est. « Nous ne pouvons rester en dehors du jeu », a-t-il déclaré à propos de la Syrie, où il a insisté sur la nécessité de détruire le groupe État islamique (EI) par les armes. Il a aussi évoqué la Russie, en déclarant que « seule la fermeté et l'union des Européens permettront de maintenir le dialogue ouvert avec Moscou qui est indispensable ».
Une des cibles les plus importantes de l'armée serait la population française elle-même, surtout les travailleurs. Macron a proposé la création « d'un centre de planification et d'opérations consacrées aux opérations intérieures » reliant les différents ministères concernés (Défense, Intérieur, Affaires Étrangères), ainsi qu'une mise en commun des données des différents services de renseignement.
Ceci complèterait l'état d'urgence imposé par le PS en France, qui a déjà servi à justifier la répression brutale des manifestations de masse de travailleurs et de jeunes l'année dernière, contre la loi travail. Les stratèges de l'Union européenne (UE) n'hésitent pas à évoquer la répression de la lutte des classes comme le but central de leur planification militaire intérieure.

En 2014, dans un compte-rendu du livre publié par l'Institut d'études de sécurité de l'UE sous le titre Perspectives 2020 pour la défense européenne, une radio allemande a rapporté que « Dans le cadre de la politique étrangère et sécuritaire conjointe, les responsabilités de la police et des forces armées sont de plus en plus fusionnées et les capacités de lutte contre les protestations sociales renforcées ». Elle a également noté qu'« en vertu de l'article 222 du traité de Lisbonne, un fondement juridique a été créé pour le déploiement de l'armée et d'unités paramilitaires à l'intérieur d'États de l'UE en crise ». Un des auteurs ayant contribué au livre, le professeur Tomas Ries, y a déclaré que la principale menace pour la sécurité européenne est le « conflit entre les classes socio-économiques inégales dans la société mondiale ».

Les propositions de Macron constituent un aveu de faillite du système capitaliste à l'échelle mondiale. L'aristocratie financière a conclu qu'il lui faut plus de chair à canon pour profiter le mieux possible du pillage massif qu'elle prévoit suite à l'éruption de guerres qui impliqueraient des millions, voire des dizaines de millions de soldats à l'échelle européenne. Après l'annonce d'une remilitarisation massive de l'Allemagne en 2014, Washington a aussi annoncé une augmentation de 10 pour cent de son budget militaire déjà faramineux, suite à l'élection de Trump.
Par l'escalade militaire de Macron, Paris deviendrait un élément-clé de l'engrenage international qui, comme en 1914 ou 1939, mène droit vers une guerre mondiale. Si la France commence à préparer une mobilisation militaire plus large de sa population, ceci ne fera qu'accroître la pression sur les autres pays de l'Europe et du monde pour faire de même.
La conscription et la course aux armements promises par Macron ne découlent pas seulement de la militarisation des frontières occidentales de la Russie sous Obama et Hollande, qui a évoqué en 2015 le danger d'une « guerre totale » entre l'OTAN et la Russie. A présent, les relations entre toutes les grandes puissances passent par leur période de plus grande instabilité depuis la Seconde Guerre mondiale. L'Allemagne, que Macron veut ériger en principal allié de la France, se voit menacée d'une guerre commerciale par Trump, qui menace également la Corée du nord et donc son voisin, la Chine, d'une guerre.

Personne n'a posé la question à Macron de savoir combien de millions voire de milliards de morts il prévoit dans les guerres entre les grandes puissances nucléaires vers lesquelles Paris s'apprête à envoyer la jeunesse française. Comment les pertes subies par cette jeunesse se compareraient-elles à celles subies par les classes d'âge européennes qui ont péri à Verdun où à Stalingrad? L'annonce de Macron souligne aussi le caractère réactionnaire des présidentielles françaises, où la population est confrontée au choix entre le candidat néo-fasciste, Marine Le Pen, et une série de réactionnaires tels que Macron. La France de Macron, constamment prête à la guerre, et bourrée à craquer de flics, de soldats, d'espions et de mouchards, serait difficile à distinguer pour de larges masses de travailleurs d'un état néo-fasciste dirigé par Le Pen.