Bien que le système alternatif à SWIFT de la Russie ne soit pas encore tout à fait fonctionnel, elle est assurée d'en sortir gagnante sur le long terme.
Vladamir Putin
© Inconnu
Selon un rapport récent, la Russie a développé avec succès et mis en œuvre une alternative pour le cas où elle serait exclue du système bancaire international.

Si l'on tient compte des sanctions occidentales, la plus grande vulnérabilité de la Russie réside dans son secteur bancaire

Si la Russie s'en tient au statu quo, il n'y a pas grand-chose qu'on puisse faire pour y remédier. Mais, très peu de temps après l'annonce des sanctions en 2014, à Moscou, on s'est préparée au pire cas de figure, qui serait que la Russie soit coupée du système des Télécommunications Interbanques Internationales (SWIFT).

Pour le profane, SWIFT permet les transferts internationaux rapides et (supposés) sûrs.

Deux questions se posent, à propos de la « coupure » de la Russie d'avec SWIFT : 1) Peut-elle se produire ? et 2) La Russie y est-elle préparée ?

En ce qui concerne la première question : en réalité, les caniches européens de Washington se rendent compte que couper la Russie de SWIFT serait un désastre. En 2015, le décideur de la Banque Centrale Européenne, Ewald Nowotny, « a mis en garde contre une expulsion des banques russes du système de transferts de SWIFT, qui avait été envisagée comme aggravation des sanctions contre Moscou »

Selon Nowotny :
Une telle décision « nous paraît très problématique, parce qu'elle pourrait saper la confiance dans ce système » a dit le gouverneur de la Banque Centrale d'Autriche aux journalistes qui l'interrogeaient à Bruxelles après qu'il y ait rencontré le commissaire européen Pierre Moscovici.
Ceci n'a évidemment pas empêché l'Europe et Washington de menacer de débrancher la prise du SWIFT

Nous ne nous faisons aucune illusion sur les stratégies géopolitiques européennes et américaines, mais cela étant dit, nous ne sommes guère enclins à croire que Washington s'enhardirait jusqu'à couper l'accès du SWIFT à la Russie.

S'ils le font cependant, les choses pourraient devenir vraiment intéressantes. Et ceci nous amène à notre seconde question : la Russie y est-elle préparée ?

À court terme, certainement pas. Mais sur le long terme, ce pourrait être une des meilleures choses susceptibles d'arriver à la Russie et à toutes les autres nations qui en ont assez des manigances économiques et militaires de Washington.

Selon un récent reportage :
Si la Société des Télécommunications Financières Interbanques Mondiales (SWIFT) cesse ses activités en Russie, le système bancaire du pays ne fera pas faillite, estime le gouverneur de la Banque Centrale Russe Elvira Nabiullina. La Russie a une solution de rechange.

« Il y a eu des menaces de nous couper du SWIFT. Nous avons fini de mettre au point notre propre système de paiement, et si quelque chose se produit, toutes les opérations au format SWIFT fonctionneront à l'intérieur du pays. Nous avons créé une alternative » a dit Nabiullina lors d'une rencontre, mercredi, avec le président Poutine.

Elle a ajouté que 90% des ATMs en Russie sont prêts à accepter le système de paiement MIR, qui est une version russe de Visa et de MasterCard.

Le quotidien Izvestia rapporte que, depuis janvier 2016, 330 banques ont déjà été connectées au système alternatif de transfert des messages financiers (SPFS).
Cela dit, le système alternatif est loin d'être pleinement fonctionnel. « Il ne marche pas entre 9 h. du soir et 5 h. du matin, heures de Moscou, et il coûte jusqu'à 5 centimes [d'€ ?] par transfert de message, ce qui est considéré comme coûteux ».

Si on prend la Crimée comme exemple (les banques occidentales refusent de transférer des paiements en monnaies étrangères en provenance de Crimée via le système SWIFT), il y aurait de nombreux maux de têtes qui pourraient durer assez longtemps.

Mais comme Naked Capitalism l'a écrit en novembre 2014 :
Configurer un canal de paiements en-dehors de SWIFT pourrait aider la Russie à mettre sur pied un système financier à l'usage de tous ceux qui ne veulent plus être assujettis aux diktats US..

Les banques qui ont fait des affaires avec l'Iran, avant et après les sanctions SWIFT, ont été frappées de sanctions pour blanchiment d'argent. Les paiements étaient effectués en dollars et compensés par les branches new-yorkaises de ces banques, ce qui les mettait sous le coup des lois US.

Toutes les transactions en dollars entre banques sont réglées à la fin de chaque jour ouvrable à New York ; les systèmes de paiement interbanques dépendent en définitive du soutien d'une banque centrale, et beaucoup de paiements importants roulent sur le système interbanques de la Fed, Fedwire.

[...]

En outre, il semble qu'il y ait des entreprises en Europe, qui ne tiennent pas vraiment à se plier aux sanctions US contre la Russie, parce qu'elles font du tort à leurs affaires. On ne sait pas au juste combien d'entre elles seraient prêtes à prendre le maquis et à défier les sanctions, mais des transactions opérées via un système de paiement contrôlé par la Russie seraient beaucoup moins faciles à détecter que via SWIFT.

En d'autres termes cette mesure a pour but de réduire la portée de cette habitude qui consiste à utiliser la domination du dollar dans les paiements comme une arme. Dans quelle mesure les Russes sont-ils capables de lancer rapidement un système assez robuste ? C'est là une question dont nous n'avons pas la réponse, mais ce serait une mesure défensive, voire offensive, de bon sens. Elle pourrait même avoir des prolongements à long terme, si d'autres pays que les États-Unis ne rendent pas heureux décidaient de l'utiliser pour des raisons pratiques ou politiques.
Il est certain que tout ce que gagnerait Washington à court terme en coupant la Russie du SWIFT se solderait, en fin de compte, par un bénéfice économique et stratégique pour Moscou.

Nous le savons parce que toute tentative d'appliquer des « sanctions » à la Russie a eu ce genre de résultats.

Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades