Le Brésil était en partie paralysé par une grève générale visant à protester contre les mesures d'austérité du président conservateur Michel Temer, le centre de Rio quadrillé par les forces de l'ordre et plongé dans un nuage de gaz lacrymogène.
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Dès les premières heures du 28 avril, les transports étaient fortement perturbés dans tout le pays, notamment à Sao Paulo, capitale économique du Brésil. Plusieurs manifestations avaient lieu dans les grandes villes et d'importantes artères de circulation ont été bloquées à travers le pays par des barricades de pneus enflammés, provoquant de nombreux embouteillages.


À Rio, le centre-ville ressemblait à un véritable champ de bataille : les vitrines de plusieurs banques ont été brisées à coups de pierre, des bus incendiés, et tous les commerces avaient baissé leur rideau.

Un peu plus tôt, environ 2 000 manifestants avaient été dispersés par les forces de l'ordre qui lançaient des bombes lacrymogènes pour les éloigner de l'assemblée législative locale, selon des journalistes de l'AFPTV présents sur place.



Au début de la mobilisation, devant un cordon de sécurité formé par des dizaines de policiers, deux indiens en costume traditionnel dansaient autour d'un feu en pleine rue. La plupart des écoles avaient fermé leurs portes dans tout le pays, ainsi que les bureaux de poste et un grand nombre de banques.

Selon le syndicat des métallurgistes, 60 000 ouvriers étaient en grève à Sao Paulo, alors que d'après le syndicat Força Sindical, 40 millions de travailleurs ont adhéré au mouvement.

« Succès total »

À Sao Paulo, un des cortèges devait terminer son parcours devant la résidence du président Temer, qui passe souvent ses week-ends dans sa ville d'origine, loin de la capitale Brasilia.
« Nous ne pouvons plus nous taire alors qu'un gouvernement illégitime, qui n'a pas été élu, est en train de démanteler les droits des travailleurs brésiliens », a affirmé Ricardo Jacques, employé de banque en grève à Sao Paulo.
La mobilisation porte notamment contre la réforme des retraites et la flexibilisation du travail que le gouvernement juge nécessaires pour sortir le pays de la pire récession de son histoire.

« La mobilisation en défense des droits des travailleurs et du système des retraites montre la force de la résistance », a réagi sur Twitter la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée pour maquillage des comptes publics.



Son prédécesseur, Luiz Inacio Lula da Silva, favori des instituts de sondages pour les élections de 2018, a qualifié la mobilisation de « succès total » dans un entretien à la Radio Brasil Atual. Confronté à une crise économique sans précédent, le gouvernement mise sur des réformes particulièrement impopulaires en cours d'analyse par le Parlement, notamment celle prévoyant le recul de l'âge de départ à la retraite de 60 à 65 ans pour les hommes et de 55 à 62 ans pour les femmes.


« Grève apparente »

Les derniers chiffres du chômage, publiés le 28 avril, font état d'un taux record de 13,7% entre janvier et mars, soit plus de 14,2 millions de personnes à la recherche d'un emploi. Autre indice que la situation n'est pas prête de s'améliorer : le déficit budgétaire du Brésil a atteint 11 milliards de réais (près de 3,2 milliards d'euros) pour le mois de mars, le pire résultat pour cette époque de l'année depuis la début de la série statistique, en 2001.

La crise est envenimée par un méga-scandale de corruption qui éclabousse des dizaines de politiciens de tous bords, parmi eux plusieurs ministres du gouvernement Temer.

Le gouvernement a tenté de désamorcer la crise en affirmant que la grève générale n'avait rencontré qu'un succès partiel. « Ils empêchent les gens de se rendre au travail. Cela montre que la grève n'existe pas vraiment, c'est plutôt une grève apparente de syndicats perturbés par les décisions du Parlement », a affirmé le ministre de la Justice Osmar Serraglio à la radio CBN.