Dans une interview accordée à Sputnik, Felix Abt, un Suisse qui a vécu et travaillé en Corée de Nord pendant sept années, où il a fondé l'European Business Association, critique l'embargo occidental imposé au pays et estime que la Corée du Nord ne déclenchera pas la guerre toute seule.
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© InconnuLa Corée du Nord n'est pas ce que l'on croit
Écoutes des services de sécurité nationale nord-coréens, influence de l'embargo occidental à l'égard de ce pays, isolement de ce peuple dont on parle dans le monde entier... pendant les sept années que le Suisse Felix Abt a passé en Corée du Nord, il a eu pas mal de possibilités pour enrichir ses connaissances sur la réalité de ce pays considéré parfois en Occident comme l'« Empire du mal ».

Ayant fondé à Pyongyang l'European Business Association en 2005, 12 étrangers d'origine européenne se sont donné pour but de « jeter des ponts entre l'Europe et la Corée du Nord ».
Ce n'est que l'entretien de contacts avec ce peuple, et pas l'imposition de sanctions à leur égard, qui est en mesure de contribuer à la compréhension de leurs intentions, ainsi que les aider à redevenir une partie de la communauté internationale.
Aujourd'hui, Felix Abt réduit petit à petit son financement dans les entreprises nord-coréennes, mais est toujours lié à ce pays, y ayant gardé quelques contacts :
« Au fil des années, des grandes entreprises, ainsi que des petites, ont perdu tout intérêt vis-à-vis de la Corée du Nord, car elles avaient peur qu'en raison de leur présence on leur fasse payer le prix par la perte de grands marchés en Occident ».
Les sanctions imposées par l'Occident à la Corée du Nord sont capables d'influencer sa croissance économique, surtout en raison de l'interdiction d'exporter le charbon, le métal et les minerais, ce qui met en danger la devise du pays, explique l'interlocuteur de l'agence. En plus des produits alimentaires européens, que l'Onu a interdits en Corée du Nord, ils ont perdu par exemple le droit de lancer un laboratoire microbiologique nécessaire afin de vérifier les produits :
« Cela veut dire que l'Occident se permet un « luxe » tel que les produits sains et les médicaments, mais en prive la Corée du Nord, » commente M. Abt.
À la question de savoir si les Coréens sentent qu'ils se trouvent sous le joug, qu'ils restent enfermés, comme on le présente à l'Occident, l'interlocuteur de l'agence répond que ses « collègues en Corée du Nord dans l'ensemble étaient les mêmes que les collègues dans d'autres pays » où il a travaillé.

« Ils racontaient probablement même plus de blagues. [...] Pendant la pause tout le monde discutait comme partout dans le monde, du sport, de la mode et même des maris infidèles ».

En ce qui concerne la présence des services de sécurité nationale dans sa vie pendant son séjour en Corée du Nord, M. Abt estime que même s'ils veillaient sur lui, ils comprenaient qu'il ne s'était jamais mêlé de la politique du pays dont il était l'hôte :

« Si, au cours de conversations politiques, j'entendais quelque chose craquer, je disais " À tous les écoutants : bienvenue ! ", après quoi j'entendais des ricanements. À mon avis, c'est plus agréable que l'écoute de la NSA qui fait ce qu'elle a à faire plus systématiquement, d'une manière massive et sans émotions ».

Concernant les mesures diplomatiques de Trump à l'égard de la Corée du Nord, la meilleure option possible serait un règlement dans le cadre de l'accord régional sur la sécurité qui serait soutenu par les voisins de la Corée du Nord, d'après M. Abt. Il estime que la Corée du Nord a observé attentivement les événements en Irak et en Libye, lorsque ni Saddam, ni Kadhafi n'avaient plus rien pour dissuader l'Occident de faire la guerre contre eux :

« Les autorités nord-coréennes ne renonceront pas aux armes nucléaires, pour ne pas partager le même destin. Mais ils n'utiliseront pas les armes nucléaires les premiers, puisque, sans aucun doute, cela voudrait dire leur fin ».