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© InconnuLes Russes arrivent ... mais où sont les Russes?
Si l'on écoutait sans esprit critique les médias de la grande entreprise et prenait pour argent comptant les déclarations d'une grande partie du Washington officiel, en particulier celles du Parti démocrate, on pourrait facilement conclure que les Russes en sont coupables.

Une frénésie paranoïaque s'empare de l'establishment politique et médiatique américain. Une élite dirigeante qui commande la plus grande économie du monde (18 mille milliards de dollars, 24,3 pour cent du PIB mondial), la plus grande armée mondiale et l'appareil d'espionnage le plus techniquement sophistiqué, est obsédée par les tentacules présumés omniprésents d'un gouvernement qui supervise la douzième économie mondiale (1,8 pour cent du PIB mondial, ou un quatorzième de celle des États-Unis), et qui est entré dans l'ère informatique une génération plus tard que Silicon Valley.

Selon une estimation, les États-Unis ont 3,6 millions de programmeurs informatiques, soit environ 20% du total mondial, contre un peu plus d'un demi-million en Russie. Les États-Unis abritent les entreprises les plus puissantes de logiciels, de matériel informatique et d'Internet au monde. Aucune entreprise informatique russe ne se classe parmi les 100 premières du monde. Pourtant, selon le récit vendu par les médias américains dans leur campagne sur le piratage présumé de la Russie lors des élections présidentielles américaines de 2016, les opérations russes de cyberguerre auraient pénétré les systèmes informatiques américains comme un couteau dans du beurre.

La comparution jeudi du directeur du FBI limogé, James Comey, devant le Comité du renseignement du Sénat a élevé à un nouveau degré l'hystérie anti-russe dans les médias américains. L'ancien chef de la police politique américaine a dénoncé l'ingérence supposée de la Russie dans les élections américaines comme une grave menace pour la démocratie américaine. « Ils vont s'attaquer à n'importe quel parti qu'ils choisiront comme cible », a-t-il averti. « Et ils reviendront ... ils vont s'attaquer à l'Amérique. »

Aucun des politiciens capitalistes qui l'ont interrogé n'a contesté la prémisse que la Russie était le principal ennemi des États-Unis ou que le piratage russe constituait une menace importante pour le système électoral américain. Aucun d'entre eux n'a suggéré que les milliards de dollars versés dans les élections américaines par les intérêts de Wall Street représentaient une menace beaucoup plus importante pour les droits démocratiques du peuple américain.

Les reportages des médias du week-end en ont rajouté aux avertissements apocalyptiques. Un reportage de la une du Sunday New York Times a averti que le conflit entre Trump et Comey ne devrait pas permettre d'occulter la question la plus importante: « une affreuse menace pour les États-Unis » d'intervention russe dans le système électoral américain.

Selon le Times, « du siège de l'Agence de sécurité nationale aux capitales d'État qui ont découvert que les Russes étaient dans leurs systèmes d'inscription des électeurs, ce qui inquiète c'est que l'on détourne l'attention de savoir comment la Russie a perturbé la démocratie américaine l'année dernière et comment éviter que cela ne se reproduise ».

L'article a ensuite suggéré, en citant seulement les soupçons des agents de renseignements américains en l'absence de toute preuve, que les pirates du gouvernement russe avaient pénétré des entreprises qui fournissent des logiciels pour les systèmes de vote, le réseau électrique et d'autres infrastructures essentielles. Il a cité une série de commentaires anti-russe d' « experts », qui ont développé les commentaires de Comey, mettant en garde contre une « cyberguerre intensifiée ».

Un commentaire publié dans Politico.com sous le titre « Oubliez Comey. La vraie histoire est la guerre de la Russie contre l'Amérique » était encore plus insistant. L'auteure est Molly K. McKew, une ancienne conseillère américaine des gouvernements anti-russes en Géorgie et en Moldavie.

Elle dénonce le « manque de curiosité du président Trump sur l'attaque russe de longue durée, vaste, bien exécutée et terriblement efficace contre la démocratie américaine », attaquant la Maison-Blanche pour « ne pas mettre sur pied une réponse à la plus grande menace à laquelle les États-Unis et leurs alliés ont eu à faire face ».


Commentaire : La "Commedia dell´arte"


McKew écrit sur « l'insurrection impérialiste mondiale de la Russie » et préconise une trajectoire qui va au-delà d'une « nouvelle guerre froide », menant inexorablement à une confrontation armée entre les deux plus grandes puissances nucléaires au monde.

Le World Socialist Web Site a expliqué à plusieurs reprises les sujets politiques de la campagne anti-russe, qui représente une campagne des sections les plus puissantes de l'appareil militaire et du renseignement, soutenues par le Parti démocrate et l'essentiel des médias capitalistes, pour forcer la Maison-Blanche de Trump à adhérer à l'offensive de la politique étrangère contre Moscou entrepris pendant le deuxième mandat de l'administration Obama, en particulier depuis le coup d'État de l'extrême droite, appuyée par les États-Unis, en Ukraine en 2014.
Les factions de la classe dirigeante et les agences de renseignement qui dirigent la campagne anti-Russie sont particulièrement irritées du fait que l'intervention de la Russie en Syrie a bloqué les intentions d'escalader la guerre civile par procuration dans ce pays en une véritable opération de changement de régime. Ils veulent voir Assad en Syrie subir le même sort que Kadhafi en Libye et Saddam Hussein en Irak. Leur haine fanatique contre Poutine indique qu'ils ont à l'esprit des ambitions semblables pour le président russe.
Le cadre entier de la campagne anti-russe est frauduleux. Les agences militaires et de renseignement, le Parti démocrate et les médias suivent un modèle bien établi de fabrication de faux scandales, précédemment une spécialité de la droite républicaine: le scandale Whitewater des Clinton, Obama le Musulman, Hillary Clinton et Benghazi. Ces campagnes fausses commencent par des allégations qui prennent ensuite leur propre élan.
En quoi consiste l' « atteinte » à la démocratie américaine par un présumé piratage russe? Aucun total de votes n'a été modifié. Aucun bulletin de vote n'a été écarté, comme ce fut le cas en Floride en 2000 lorsque la campagne antidémocratique a été menée par la Cour suprême des États-Unis. Au lieu de cela, des informations véridiques ont été fournies anonymement à WikiLeaks, qui a publié le matériel, montrant que le Comité national démocrate avait œuvré pour saboter la campagne de Bernie Sanders et que Hillary Clinton avait fait ami-ami avec le public de conférences organisées par Wall Street et l'avait rassuré qu'une nouvelle administration Clinton serait à la solde des grands intérêts financiers.
Ces révélations ont certainement nui à Clinton, mais seulement parce qu'elles ont confirmé ce que le peuple américain pensait déjà d'elle: qu'elle était une complice corrompue de l'oligarchie financière.

En ce qui concerne l'intervention dans les élections d'autres pays, c'est une pratique que la classe dirigeante américaine a pu perfectionner à de nombreuses occasions. Un cas mérite une mention spéciale: l'intervention des opérateurs politiques américains, dirigée par la Maison-Blanche, lors des élections russes de 1996, dans le but d'assurer la réélection de Boris Yeltsin. Au début de la campagne, Yeltsin était à moins de 10% dans les sondages et faisait face à une opposition populaire croissante. Une couverture du magazine Time de juillet 1996 montrant Yeltsin qui tenait un drapeau américain, a résumé la campagne: « Les Yankees à la rescousse: l'histoire secrète de la façon dont les conseillers américains ont aidé Yeltsin à gagner ».

Hillary Clinton a perdu les élections de 2016 parce qu'elle les a briguées en tant que candidate de Wall Street et de l'appareil militaire et du renseignement et n'a fait aucun appel au mécontentement des travailleurs. Cela faisait suite à huit ans au cours desquels Obama avait intensifié la stagnation économique, la réduction des salaires et l'austérité, qui se développaient depuis des décennies, tout en surveillant une nouvelle croissance des inégalités sociales. Cette orientation droitière a continué à guider le Parti démocrate dans les premiers mois de l'administration Trump.

Les démocrates ne combattent pas Trump pour son assaut sur les soins de santé, ses attaques contre les immigrés, son harcèlement militariste à travers le monde ou même son statut de président minoritaire qui ne peut même revendiquer son mandat après avoir perdu le vote populaire. Au lieu de cela, ils ont choisi d'attaquer Trump, le président le plus à droite de l'histoire américaine, par la droite, en le dénonçant pour ne pas être suffisamment dévoué à une confrontation militaire avec la Russie.