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Quand Daech annonce une future attaque terroriste quelque part dans le monde, on est sûr qu'elle aura lieu, quelles que soient les mesures de sécurité qui auraient été prises. De même, quand les sponsors du terrorisme annoncent un évènement dont les conséquences peuvent enclencher une action majeure, il y a de fortes chances pour que cet évènement ait lieu. L'évènement en lui-même n'est pas important. Comme pour les actes terroristes, ce qui importe c'est la réaction qui en découle, réaction que tout le monde attend et déjà préparée bien à l'avance, qui est la seule raison d'être de l'évènement ou de l'acte terroriste. En d'autres termes, ce ne sont pas les évènements qui engendrent les réactions, mais les réactions déjà prévues qui créent les évènements qui les justifient.

Il semble que les Etats-Unis et toute la clique anglo-sioniste et peut-être aussi la France, sont prêts à remettre le couvert avec les armes chimiques en Syrie. S'il leur faut ce prétexte pour mener une opération, ils en useront quelle que soit la vraisemblance de leur discours. Il leur suffit de savoir qu'une majorité d'imbéciles, avec l'aide des médias habituels, gobera leurs déclarations pendant quelques heures, le temps d'enclencher l'opération. Ce qui se passera ensuite sera d'une telle intensité que l'événement initial en sera vite oublié.

Lors de la visite de Vladimir Poutine à Versailles, les déclarations de Macron, son insistance surtout, à propos de « représailles » en cas d'attaque chimique, présageaient qu'un autre round se préparait sous ce prétexte. Le nouveau président français avait beau pérorer, dressé sur ses ergots, qu'il irait « punir » tout responsable d'attaque chimique, mais nous n'avons rien vu venir. Qu'a-t-il fait de plus contre l'Etat Islamique qui, depuis ses déclarations, a bel et bien utilisé à plusieurs reprises des armes chimiques contre des civils ? Absolument rien. La réalité c'est que Macron, en bon lieutenant comme le fut François Hollande, préparait l'opinion à d'éventuelles frappes contre la Syrie, qui était la seule visée dans ses propos.

La Russie a demandé aux Etats-Unis de dire sur quelles bases ils se sont fondés pour soupçonner la préparation d'une attaque chimique par l'Armée Arabe Syrienne. La réponse n'arrivera évidemment jamais. Combien d'heures, de jours ou de semaines faut-il, aux yeux des Américains, pour préparer et lancer une attaque chimique ? L'armée syrienne va-t-elle ramasser les ingrédients chimiques ici et là, les assembler, et les faire mijoter durant des jours quelque part dans un hangar obscur, pour ensuite en envoyer des bombonnes pleines dans un endroit où attendent les caméras des Casques Blancs ? Selon le scénario auquel voudrait nous faire croire les Américains, les Syriens seraient complètement idiots ou masochistes. En effet, au lieu de chercher à faire sortir leur pays du chaos dans lequel il est plongé depuis si longtemps, ils veulent donner à leurs agresseurs tous les moyens de continuer leur agression et, pour apaiser la conscience de ces charognards, ils leur fourniraient toutes les justifications nécessaires pour intensifier leurs attaques. Scénario hollywoodien classique où l'on voit le méchant préparer patiemment et cyniquement son méfait qui sera contré juste à temps (ou puni) par le bon Donald Trump.

Y'en a marre des scénarios hollywoodiens. La Syrie n'est pas un décor de cinéma ou peuvent évoluer des Trump, Macron, Netanyahou, Ben Salman et autres personnages choisis pour leur qualité d'acteurs. Les morts dans ces scénarios débiles sont bien réels, aucun d'entre eux ne se relève à la fin des séquences. Malheureusement, le film a beau être vieillot, beaucoup de personnes (la majorité) en redemandent encore, pour voir si la fin, qu'ils connaissent pourtant par cœur, sera différente cette fois. Ainsi, les évènements se répètent encore et toujours, s'enchainent de manière immuablement identiques avec presque toujours les mêmes acteurs récitant les mêmes textes.

Les contes de fées et les scénarios hollywoodiens ont encore un bel avenir tant qu'il y aura une majorité de gens capables de croire qu'un chef d'état peut commander des tonnes de Viagra (le laboratoire Pfizer n'y aurait vu que du feu, en tout cas personne ne lui a jamais demandé des comptes) pour que ses soldats puisse violer de manière performante, ce qui, en passant, suppose que les soldats libyens sont de vieux croulants ayant besoin de support chimique pour avoir une érection normale. La question n'est donc pas de savoir ce que fera la bande des quatre : les Etats-Unis, le Royaume Uni, Israël et leur boy la France. Ils feront tout (absolument tout) ce que leur permettra de faire leur opinion publique. La vraie question et ses corollaires sont : Pourquoi ont-ils besoin de l'aval de cette opinion ? Pourquoi dépensent-ils des milliards pour façonner, modeler et orienter celle-ci dans le sens qui leur convient ?

On sent (encore) une certaine peur vis-à-vis de l'opinion publique, malgré toutes les armes dont ils disposent pour la manipuler à leur avantage. Ce n'est peut-être donc pas à ceux qui vont bientôt bombarder la Syrie qu'il faut s'en prendre, mais à ceux qui, par passivité, acceptation tacite au nom de valeurs hors contexte mais brandies comme des étendards, permettent ou même bénissent ces bombardements. Il est évident que les citoyens ne peuvent rien faire par eux-mêmes. Mais plus il y aura de réfractaires refusant la soupe qu'on leur sert, plus les maîtres des bombardements auront du mal à tuer des innocents dans le monde. Encore faut-il que l'on considère ces innocents comme des êtres humains, et non comme quelque chose d'abstrait n'existant que dans le script du film géopolitique que l'on nous demande de regarder.