CORPUS CHRISTI | Les autorités américaines exhortaient vendredi les habitants à évacuer d'urgence la zone menacée par Harvey, alors que se profile au large du Texas l'ouragan le plus dangereux aux États-Unis depuis Katrina, qui pourrait gravement endommager les raffineries de pétrole de la région.
harvery
© InconnuDevine qui arrive ? Harvey
« Cela pourrait bien être une des pires inondations de l'histoire des États-Unis. De 63 à 89 centimètres d'eau, l'équivalent d'une année de précipitation en trois ou quatre jours. Je n'ai jamais vu de telles prévisions de ma carrière. Le Texas va mettre des années à se remettre du passage de Harvey », a prévenu un météorologiste, Eric Holtaus, sur Twitter.


Vendredi après-midi, Harvey est devenu un « ouragan majeur » de catégorie 3 sur une échelle qui en compte 5, avec des vents de plus de 190 km/h.

Le président des États-Unis Donald Trump se rendra en début de semaine prochaine au Texas.

« Le président va s'organiser pour se rendre au Texas en début de semaine prochaine », a indiqué sa porte-parole, Sarah Huckabee Sanders, peu avant le départ de ce dernier pour Camp David où il a prévu de passer le week-end.

Vendredi, le gouverneur du Texas a demandé vendredi que le président américain déclare un état de catastrophe naturelle pour l'ouragan Harvey, chose que Donald Trump « considère » de faire, a expliqué son conseiller à la sécurité intérieure auprès de la Maison-Blanche, Tom Bossert.

Déclarer l'état de catastrophe naturelle permettra de « débloquer des fonds fédéraux » avant même que Harvey n'atteigne les côtes du Texas, dans la nuit de vendredi à samedi, a rappelé Tom Bossert.


De fortes pluies

De très fortes pluies s'abattaient déjà sur le littoral de cet État du Sud vendredi matin, alors que depuis la veille les habitants vidaient les supermarchés et faisaient la queue dans les stations-services, pour constituer des réserves d'eau, de nourriture et de carburant.

Les vents se sont renforcés, allant jusqu'à atteindre les 175 km/h dans la nuit de jeudi à vendredi, forçant le centre américain des ouragans (NHC) à relever d'un cran le classement d'Harvey, désormais considéré comme un ouragan de catégorie 2, sur une échelle de cinq.


La perturbation devrait devenir un « ouragan majeur » - au moins catégorie 3 avec des vents avoisinant les 200 km/h - et « potentiellement mortel » quand elle frappera les côtes texanes, samedi vers 01h00 locales.
Cela pourrait faire de Harvey l'ouragan le plus puissant à toucher le continent américain depuis Katrina, qui avait ravagé la Nouvelle-Orléans et causé la mort de plus de 1800 personnes en 2005.

Vendredi à 10h00, Harvey - qui est visible depuis la Station spatiale internationale - se trouvait encore à moins de 200 kilomètres de villes côtières comme Corpus Christi ou Port O'Connor, qui seront les premières sur son passage, et avançait à 17 km/h.

« Le Texas est sur le point de vivre un désastre très important », a mis en garde vendredi matin sur CNN le responsable de l'Agence fédérale des situations d'urgence (Fema), Brock Long.

« Ce qui m'inquiète, c'est de savoir si les habitants ont tenu compte ou pas des avertissements » des responsables locaux qui ont appelé à évacuer les zones menacées, a-t-il poursuivi.

« S'il ne l'ont pas fait, la fenêtre pour évacuer va rapidement se refermer ».

Erreurs de Bush

« Ne faites pas les mêmes erreurs qu'a faites Bush avec Katrina », lui a demandé le sénateur républicain Chuck Grassley, le manque de préparation du gouvernement fédéral en 2005 étant encore dans toutes les têtes.

« Ce qui m'inquiète, c'est de savoir si les habitants ont tenu compte ou pas des avertissements » et des demandes d'évacuation, a déclaré vendredi matin sur CNN le responsable de l'Agence fédérale des situations d'urgence (Fema), Brock Long.

Plusieurs comtés et villes du Texas ont ordonné une évacuation obligatoire avant l'arrivée de Harvey. D'autres, comme Corpus Christi, où l'aéroport a été évacué, ont très fortement encouragé leurs habitants à le faire.

« Il y a toujours des personnes qui ne veulent pas partir. C'est leur choix. Il faut juste qu'elles comprennent (...) qu'elles devront attendre la fin de la tempête si elles ont besoin d'aide. Il faut bien qu'elles comprennent qu'elles seront toute seules », a prévenu Matt Sebesta, un responsable du comté de Brazoria, près de Houston.

Embouteillages sur l'autoroute

Le spectacle sur les autoroutes était impressionnant: les voies allant vers la mer étaient presque vides, alors que celles s'éloignant du littoral étaient congestionnées par les embouteillages.

Ceux qui ne souhaitent pas partir, par crainte d'abandonner leur maison, se sont organisés, et ont construit des digues artisanales, faites de sacs de sable, pour protéger leur foyer.

Michael Brennan, le responsable en chef des ouragans au NHC, a pour sa part expliqué sur CNN redouter « la montée des eaux » sur la côte, avec des vagues qui pourraient atteindre de 1,8 à 3,7 mètres. « Des précipitations très importantes » avec des pointes isolées de 89 centimètres, sont également attendues, a-t-il précisé.

Une alerte ouragan a été émise sur près de 500 kilomètres de littoral texan.

La ville de San Antonio, qui se situe à environ 200 kilomètres des côtes à l'intérieur du territoire, s'est également préparée pour Harvey.

La ville, centre d'évacuation fédéral depuis Katrina, compte de nombreux abris « prêts à être utilisés », ont expliqué les pompiers de San Antonio à la presse locale.

Harvey aura également un impact certain sur le prix du pétrole, le Texas étant un des principaux États pétroliers du pays.

Selon Robert Yawger, conseiller pour la banque Mizuho, 35 raffineries pourraient être affectées par son passage, en particulier par les fortes pluies provoquées par l'ouragan et les coupures de courant qui pourraient en résulter.

10% de la capacité de production de pétrole brut dans le Golfe du Mexique a été suspendue, et les prix de l'essence se sont déjà envolés



UNE QUÉBÉCOISE DÉFIE L'OURAGAN HARVEY

L'ouragan Harvey devrait toucher terre vendredi soir ou samedi au petit matin.

Si ce dernier s'annonce dévastateur, certains résidents font tout de même le choix de rester dans leur maison, c'est cette option que prendra Julie Lesage une Québécoise qui habite en banlieue de Houston au Texas.

« Les orages ont commencé très tôt ce matin, j'ai l'impression que ça va continuer comme ça toute la journée. Pour l'instant, il n'y a pas trop de vent, mais dans la soirée c'est là qu'il devrait y en avoir plus », a raconté à TVA Nouvelles Julie Lesage.

Si Julie Lesage semble plutôt calme, c'est parce que c'est le troisième ouragan pour lequel elle se prépare.

« Pas très longtemps après Katrina en Nouvelle-Orléans, nous avons eu Rita ici, a-t-elle confié. C'était un ouragan qui était dans le golfe du Mexique et qui en était un de catégorie 5, alors c'était très épeurant. Finalement, il a passé à côté de Houston et nous n'avons rien eu. C'est cette fois-là, nous avions évacué et nous étions restés pris dans le trafic pendant des heures dans une grande chaleur .»

Lors d'un deuxième ouragan en 2008, elle avait fait le choix de rester chez elle.

« Nous avions eu beaucoup de dommages sur notre maison, mais en restant sur place, nous pouvions aider immédiatement à réparer les dégâts, a expliqué Julie Lesage. Cette fois-ci, nous souhaitons également rester pour pouvoir agir sur le coup s'il se passe quelque chose. »

Pour le moment, c'est le calme avant la tempête à Houston, mais l'ouragan Harvey pourrait passer de la catégorie 2 à la catégorie 3.

Les résidents craignent aussi les pluies diluviennes qui sont à venir.

Il est question de 500 à 900 millimètres d'eau qui devrait s'abattre sur les régions de Houston et de San Antonio.

« Il y a vraiment deux comportements, a ajouté la Québecoise. Il y a ceux qui paniquent et il y a ceux qui ne font rien et que pour eux ça semble être une journée comme les autres. Les anciens d'ici, qui en ont vu d'autres dans le passé, ils ont l'impression que ça ne sera pas si pire, mais les nouveaux arrivants c'est des gens qui n'ont jamais connu ça et plusieurs se demandent s'ils doivent rester ou évacuer. »