Le président catalan Carles Puigdemont a annoncé qu'il ne convoquerait pas d'élections locales, qui auraient pu, selon l'opposition aux indépendantistes, convaincre Madrid de ne pas appliquer le fameux article 155 de la Constitution.
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© Lluis Gene / AFPLe président catalan Carles Puidgemont lors de son allocution du 26 octobre.
Dans une allocution très attendue ce 26 octobre, plusieurs fois repoussée au cours de la journée, Carles Puigdemont a déclaré renoncer à convoquer des élections anticipées en Catalogne, comme l'implorait l'opposition aux indépendantistes. Cette dernière voyait en effet dans l'organisation de telles élections une porte de sortie à la crise, un moyen d'apaiser les tensions entre Barcelone et Madrid, par conséquent d'éviter une application de l'article 155 de la Constitution espagnole, qui prévoit une mise sous tutelle de la région. Le président catalan n'a pas non plus fait de déclaration d'indépendance.

« J'étais disposé à convoquer ces élections [...] il était de mon devoir de le tenter pour éviter l'impact sur nos institutions » d'une mise sous tutelle de la Catalogne, a déclaré Carles Puigdemont. Or, il a finalement pris la décision de ne pas organiser d'élections en l'absence de « garanties » qu'en contrepartie, le gouvernement espagnol n'appliquerait pas le fameux article 155.


L'application de cet article entraînerait la destitution du gouvernement indépendantiste de la région, la mise sous tutelle de sa police, de son Parlement et de ses médias publics, pour une période qui pourrait atteindre six mois, avant des élections régionales en 2018.

Le vote de l'application de l'article 155 entre les mains du Sénat

Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy et son gouvernement conservateur se préparent à faire approuver l'article 155 par le Sénat, le 27 octobre. Les conservateurs disposant de la majorité absolue au Sénat et le parti libéral Ciudadanos anti-indépendance assurent d'emblée l'approbation de cet article.

A l'issue de l'allocution de Carles Puigdemont, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, commençait d'ailleurs à défendre devant le Sénat à Madrid la mise en application de l'article 155, pour « ouvrir une nouvelle étape » dans laquelle la loi serait « respectée ».

Déception des indépendantistes radicaux

A Barcelone, les indépendantistes les plus radicaux exigeaient que Carles Puidgemont proclame immédiatement l'indépendance unilatérale de la région et la création d'une « République catalane ». Ils s'appuient sur les résultats du référendum d'autodétermination interdit par le gouvernement central, qui totalisent 90% de « oui » à l'indépendance.


Quelques milliers de manifestants s'étaient regroupés dans l'après-midi devant le siège du gouvernement catalan pour faire entendre leur voix. Les indépendantistes ont également prévu de mobiliser leurs partisans à partir du 27 octobre, via les puissantes associations ANC et Omnium Cultural, dont les dirigeants ont été emprisonnés pour « sédition » à la mi-octobre. Des milliers de personnes sont attendues à ces rassemblements.