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La semaine dernière, l'anniversaire des élections de Trump a déclenché un tollé généralisé chez les commentateurs du pays. Trump est censé être la plus grave menace pour la démocratie américaine depuis la sécession de la Confédération. Sa présidence, probablement, continue à être une aubaine pour les ventes d'antidépresseurs à travers le pays.

La chroniqueuse du New York Times Michelle Goldberg, dans une rubrique de la semaine dernière intitulée "Anniversaire de l'Apocalypse", a déploré les "jours de terreur et de vertige" après la victoire de Trump et le coup de grâce métaphysique et l'interrègne hideux de Trump, qui la laisse "en proie au deuil à la destruction de notre héritage civique". Le professeur Henry Giroux, de l'Université McMaster, a déploré que l'ascension de Trump dans la politique américaine ait rendu visible une culture de cruauté, un mépris pour l'instruction civique, un mode de gouvernance corrompu et un mépris pour le jugement éclairé qui a été en cours pendant des décennies.

Il est compréhensible que les gens puissent être fâchés par les fanfaronnades de Trump à propos de la révocation des licences de diffusion de ses critiques ou de l'appel au licenciement des joueurs de football protestataires. La rhétorique de son gouvernement sur le commerce et la guerre de la drogue menace de relancer des politiques débiles qui auraient dû être bannies à jamais par des échecs permanents. Mais si Trump présente de nombreux périls constitutionnels, nombre de ses opposants sont encore plus autoritaires.

La ferveur anti-trump rend les libéraux beaucoup illibéraux. Les commentateurs du Washington Post et du New York Times ont réclamé une censure sélective des idées et des doctrines qu'ils détestent. Un récent article paru dans le Washington Post annonçait 38 solutions pour la démocratie, y compris l'imposition de trois ans de travail obligatoire pour les jeunes dans l'armée dans le cadre des programmes de type AmeriCorps (1), l'interdiction de l'éducation privée, la punition punitive des propriétaires d'armes à feu et une redistribution de plus en plus grande pour mettre fin aux inégalités raciales.

Grâce au licenciement de James Comey par Trump, les démocrates magnifient le FBI comme si J. Edgar Hoover et COINTELPRO n'avaient jamais existé. La violence politique des Antifas contre les conservateurs a été défendue dans le Washington Post et acclamée par d'éminents démocrates comme l'équivalent moral du combat des soldats américains qui ont pris d'assaut les plages de Normandie en 1944.

Certains libéraux estiment que le gouvernement fédéral devrait imposer sa domination pour vaincre les tendances fascistes des partisans de Trump. Mais c'est imprudent à moins que les libéraux ne contrôlent de façon irrévocable les trois branches du gouvernement fédéral.

Malheureusement, les plus grandes folies de Trump (jusqu'à présent) ont suscité les encouragements les plus ardents de ses détracteurs à Washington. D'après la majorité des médias, le meilleur moment de Trump est quand il a envoyé 59 missiles de croisière pour bombarder le gouvernement syrien sur la base de simples allégations selon lesquelles il aurait commis une attaque à l'aide d'armes chimiques. La plupart des élites de la politique étrangère ont applaudi à l'idée de tirer la sonnette d'alarme sur l'accord avec l'Iran (l'une des réalisations majeures d'Obama) comme si la déstabilisation du Moyen-Orient était aussi cruciale que la loi sur les droits civils de 1964 (2). Les menaces de Trump de "détruire totalement" la Corée du Nord n'ont suscité aucune résistance réelle au Capitole. Mais le fait de se fourvoyer dans une autre guerre ferait plus de tort à la démocratie américaine que 10 000 tweets du Bureau ovale.

Beaucoup de démocrates semblent prêts à foncer vers la destitution indépendamment ce que Trump a réellement fait. Ils semblent inspirés par le chef de la police secrète soviétique qui a déclaré : "Montrez-moi l'homme et je vous montrerai le crime." Des affirmations désespérées selon lesquelles des annonces publicitaires sur Facebook d'un montant de 3 000 $ publiées par la Russie ont fait basculer les résultats électoraux en Pennsylvanie, au Michigan et au Wisconsin, sont révélatrices de la logique pathétique de nombreux détracteurs de Trump.

Beaucoup d'opposants à Trump sont du même acabit que les zélotes (3) qui, à la fin des années 1700, s'étaient fièrement qualifiés d'« Amis du Gouvernement ». A leurs yeux, le plus grand péché de Trump est de salir la majesté de la présidence et du gouvernement fédéral. Trump dénonce le simulacre d'une démocratie léviathanienne qui prétend que les présidents sont des rois philosophes - au lieu d'être simplement de talentueux pièges à votes. On ne peut toutefois pas reprocher à Trump d'avoir détruit la confiance des Américains envers Washington. Des présidents comme George W. Bush et Obama, que les médias exaltaient parfois jusqu'aux cieux, y sont, eux, parvenus.

Les critiques de Trump ont raison de dire que le président a trop de pouvoir arbitraire. Mais beaucoup de gens sont heureux de croire que le pire dans Trump leur permettra de jeter par-dessus bord toute leur incrédulité lorsque le prochain sauveur politique sera oint. Une telle naïveté est encouragée au plus haut niveau du Parti démocrate. Rappelons que le récent livre d'Hillary Clinton déclarait que l'enseignement de George Orwell dans « 1984 » était que les gens devaient faire confiance à leurs dirigeants et aux médias.

L'hystérie reste la marque d'honneur politique de 2017. Mercredi dernier, des milliers de personnes se sont rassemblées à travers le pays pour crier en direction du ciel en signe de protestation contre l'anniversaire de la victoire de Trump. Mais la rage vertueuse n'est pas un substitut pour se concentrer sur les périls réels que Trump et tout autre président posent à nos droits. Les Amis de la liberté doivent conserver leurs munitions intellectuelles bien à l'abri.
James Bovard est chroniqueur pour USA Today et auteur de 10 livres, dont "Lost Rights: The Destruction of American Liberty" (St. Martin's Press, 1994).
(1) AmeriCorps est un programme fédéral américain mis en vigueur par la National and Community Service Trust Act of 1993 et autorisé par le président d'alors Bill Clinton. Sous la présidence de George W. Bush, le budget du programme a été augmenté de 50 %. Ce programme poursuit plusieurs buts, dont faciliter l'éducation publique et nettoyer les rebuts environnementaux (source wikipedia).

(2) Aux États-Unis le Civil Rights Act (plusieurs lois américaines portent ce nom) du 2 juillet 1964, signé par le président des États-Unis, Lyndon Baines Johnson, a déclaré illégale la discrimination reposant sur la race, la couleur, la religion, le sexe, ou l'origine nationale. Il était conçu au départ pour protéger les droits des Afro-Américains. A la suite d'un amendement déposé par Howard W. Smith (en), la protection fut élargie à tous, hommes et femmes. Cette loi contribua à réformer la société américaine dans la mesure où elle interdisait la discrimination dans les bâtiments publics, dans l'administration et les emplois. (source wikipedia)

(3) Membres d'un mouvement nationaliste juif du Ier siècle apr. J.-C. qui prônaient la lutte armée contre l'occupation romaine de la Palestine. Par extension, personne qui défend une idée ou une cause avec un zèle fanatique.

Traduction : Sott