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Centrale nucléaire de Fukushima
Les effets de l'accident nucléaire continuent à s'étendre bien au-delà du Japon. En Chine, des traces d'iode 131 radioactif, sans doute apportées par la pluie, ont été trouvées sur des épinards. En Corée du Sud, des écoles sont fermées, les parents d'élèves redoutant ces pluies.

Alors que le Japon se débat toujours avec l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima, les pays asiatiques voisins guettent avec plus ou moins d'inquiétude des traces de radioactivité. Les autorités chinoises ont ainsi détecté une très faible présence d'iode radioactif 131 sur des épinards, mais affirment que le niveau de contamination ne pose aucun risque pour la santé humaine. Ces traces ont été relevées sur des légumes cultivés en plein air dans les régions de Pékin et de Tianjin ainsi que dans la province du Henan. De récentes pluies ont provoqué une accumulation de particules radioactives sur les feuilles des épinards, d'après le ministère chinois de la Santé qui affirme "qu'il a été prouvé que laver les épinards à l'eau peut efficacement enlever les substances radioactives".

En Corée du Sud en revanche, le ton est plus alarmiste : de nombreuses écoles sont fermées, afin de répondre aux craintes de parents face à ces fameuses pluies qui pourraient contenir des éléments radioactifs. Alors que la pluie tombait sur la région, plus de 130 écoles primaires et maternelles de la province de Gyeonggi, autour de la capitale Séoul, ont été fermées pour la journée, sur décision du bureau provincial de l'éducation. La veille déjà, le bureau avait demandé d'annuler ou de réduire la durée de la classe en raison de "l'anxiété grandissante parmi les parents et les élèves".

Opération "d'inertage" en cours

Si cette radioactivité n'existe, sur le continent asiatique, que sous forme d'infimes traces, elle est nettement plus préoccupante dans le voisinage immédiat de la centrale et tout particulièrement en mer. Si aucune nouvelle fuite d'eau des réacteurs dans l'océan tout proche n'a été constatée depuis le colmatage d'une brèche, le risque de contamination de l'environnement marin n'est pas pour autant écarté. Les opérations de rejet volontaire en mer de 11.500 tonnes d'une eau qualifiée de "faiblement radioactive" par Tepco se poursuivent, pour la quatrième journée consécutive, en face de la centrale. L'évacuation de cette eau dans l'océan, où les radioéléments sont censés se diluer, est nécessaire afin de libérer des cuves de stockage destinées à être remplies d'eau hautement radioactive qui s'est accumulée dans les installations et les galeries techniques des réacteurs 2 et 3.

Cette eau polluée contient notamment de l'iode 131, dont la radioactivité se réduit de moitié tous les huit jours, et surtout du césium 137, qui lui reste actif pendant des décennies. Or les produits de la mer sont la base de la nourriture japonaise et les Japonais, très exigeants sur la sûreté alimentaire, risquent de ne plus en consommer s'il y a un risque pour la santé. "Le problème le plus important est la concentration élevée de césium le long des côtes où l'eau contaminée est déversée", explique Masayoshi Yamamoto, professeur de radiologie de l'université de Kanazawa. "Les petits poissons qui vivent près de la côte, comme les sardines ou les maquereaux, ainsi que les mollusques, risquent d'en absorber. Les substances radioactives pourraient également se déposer au fond de la mer où les poissons cherchent leur nourriture".

L'atmosphère n'est pas épargnée : des volutes de fumée blanche, probablement de la vapeur d'eau radioactive, continuent de s'échapper de trois des quatre réacteurs endommagés. Les barres de combustible dans le coeur du réacteur et dans les piscines de refroidissement doivent être arrosées jour et nuit à l'aide de pompes de secours en attendant que l'alimentation électrique et les circuits de refroidissement soient rétablis. Et pour prévenir un risque persistant d'explosion du bâtiment du réacteur n°1, où l'hydrogène s'est accumulé en quantité préoccupante, les techniciens de la centrale ont commencé ce jeudi à injecter de l'azote. Les deux premières explosions survenues les 12 et 14 mars avaient précisément été provoquées par l'accumulation d'un mélange hydrogène-oxygène. Mais l'opérateur Tepco se veut rassurant sur les premiers résultats de ses injections d'azote, qui est censé remplacer l'oxygène de l'air dans la zone menacée et écarter ainsi tout risque de déflagration : "le niveau de la pression a augmenté et ils ont confirmé que le gaz avait bien pénétré dans le réacteur", a indiqué un porte-parole de Tepco. Cette opération "d'inertage" devrait durer six jours pour un total de 6000 m3 d'azote injecté, selon Tepco, qui envisage de l'appliquer également aux réacteurs 2 et 3 dans les prochains jours.