L'ex-conseiller en relations internationales au ministère français des Affaires étrangères estime que les Occidentaux, en échec, optent pour la politique du pire en Syrie. Mais pour cela, ils doivent, selon lui, manipuler leur opinion publique.
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© InconnuGuerre ou pas guerre mondiale ?
Ancien conseiller du général commandant la Force des Nations unies déployée au Sud-Liban (FINUL) et ancien conseiller en relations internationales au ministère français des Affaires étrangères, Alain Corvez se montre très inquiet face aux risques d'embrasement et d'extension international du conflit en Syrie.

« Tout se prépare pour qu'il y ait une intervention. Je souhaite qu'au dernier moment elle soit annulée, parce qu'elle entraînerait des conséquences incalculables », constate-t-il, soulignant qu'on ne pouvait menacer la Russie, puissance nucléaire, de frappes, comme l'a fait Donald Trump le 11 avril dernier.

« Tout ceci est le résultat des échecs de la stratégie américaine, dans le monde en général, mais tout particulièrement au Moyen-Orient », explique-t-il, avant de poursuivre : « Les faucons américains ne voient qu'une issue : la guerre. »

Pour autant, en cas de frappes occidentales en Syrie, en sa qualité d'ancien militaire, Alain Corvez doute de la capacité des Occidentaux à non seulement se coordonner mais aussi à identifier clairement des cibles stratégiques réelles. « On sait aujourd'hui depuis la libération de la Ghouta que l'armée syrienne a découvert des laboratoires artisanaux mais très sophistiqués de fabrication d'armes chimiques par les djihadistes », souligne-t-il, mettant en doute l'objectif retenu par Emmanuel Macron de frapper le supposé potentiel chimique de Damas.

Aussi, Alain Corvez souligne l'importance déterminante de la fabrique du consentement de la population des pays occidentaux. Selon lui, l'opinion publique occidentale est intoxiquée par ses médias.

« Tout ceci est très grave parce que nous sommes à la veille d'une attaque qui pourrait être le début d'une guerre mondiale », prévient-il. Et de s'interroger : «Est-ce qu'on déclare la guerre contre l'avis ou sans même consulter les citoyens des pays qui partent en guerre ? C'est quand même le principe de base de la démocratie. »