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© inconnuMain dans la main
Les sourires et les ovations n'y changeront rien. Lors de sa visite d'État aux États-Unis, Emmanuel Macron a non seulement échoué à infléchir la position de Trump sur l'Iran, mais pire encore, l'a rejoint dans ses convictions, faisant exactement l'inverse de ce qu'il déclarait depuis des mois.

Ce devait être une visite diplomatique historique, mais les faits sont tenaces. Sur le plan médiatique et de la communication, le bilan est incontestablement positif. Personne n'aurait imaginé à l'élection d'Emmanuel Macron qu'il entretiendrait, du moins en façade, une telle relation d'amitié avec Donald Trump. Sourires, poignées de mains, tous les honneurs, ovations multiples du Congrès ... toutes ces images resteront. Et elles ont de quoi flatter la France et les Français sur la forme.

Sur le fond cependant, la réalité est bien plus abrupte. L'objectif affiché de la visite sur le plan diplomatique était clair: convaincre le Président américain de ne pas se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien. C'est non seulement un échec total à ce niveau, mais pire encore. C'est Donald Trump qui a convaincu Emmanuel Macron de la nécessité d'un nouvel accord.

Pourtant, tout avait été fait par le Président français. La visite de Donald Trump en France le 14 juillet dernier, la participation française aux frappes contre la Syrie aux côtés des États-Unis et du Royaume-Uni, le rappel de la « relation particulière » qui l'unirait au Président américain ...

Comment expliquer ce revirement? Le 23 avril, la veille du départ du Président Français, ce dernier assurait au téléphone à Vladimir Poutine que Paris souhaitait, tout comme Moscou, Pékin et Bruxelles, préserver l'accord sur le nucléaire iranien.

Le même jour, Emmanuel Macron accordait une interview à la chaîne conservatrice Fox News dans laquelle il déclarait «Ma position, c'est de dire: "ne quittez pas l'accord tant qu'on n'a pas de meilleure option pour le nucléaire et complétons l'accord avec un contrôle de l'activité balistique et politique de l'Iran dans la région"», et qu'il « n'y avait pas de plan B ».


Il ne lui a fallu que deux jours en tête à tête avec le Président américain pour revenir sur toutes ses déclarations, au grand dam de la diplomatie de l'Union européenne. Le dernier jour de sa visite, il déclarait donc conjointement avec Donald Trump qu'il était nécessaire de négocier un nouvel accord, comme le réclame le Président américain depuis son accession au pouvoir. Lorsque les médias français s'émerveillaient donc de voir un Président de la République avoir de l'influence sur le turbulent Président américain, ils auraient peut-être dû attendre avant de s'emballer. Factuellement, c'est l'inverse qui s'est produit.


​Et encore, l'on aurait pu penser que cette inflexion du chef d'État français pouvait servir à faire gagner du temps à l'accord existant, le temps des négociations en permettant d'éviter que Donald Trump ne se retire avant la date butoir du 12 mai qu'il avait fixée.

Mais lors de la conférence de presse de clôture de sa visite, il a déclaré « J'ignore ce que votre Président va décider, mais à mon avis il va se débarrasser de cet accord de son propre chef, pour des raisons de politique intérieure ». Ainsi, l'initiative française a été un échec total à ce niveau, pourtant objectif affiché et mis en avant par Emmanuel Macron depuis des mois.

Cette position ne fera qu'aggraver la situation avec l'Iran, qui a déjà mis en garde contre les conséquences d'un retrait de l'accord par les États-Unis. De même que la Chine et la Russie, qui ont déclaré être unies sur la question du nucléaire, annonçant même être prêtes à « bloquer toute tentative américaine de saboter l'accord sur le nucléaire iranien ».

Cela ne va pas sans rappeler l'échec quant au retour des États-Unis dans l'accord de la COP 21, lorsqu'Emmanuel Macron avait déclaré à plusieurs reprises qu'il réussirait à convaincre Donald Trump de s'y maintenir. «Donald Trump m'a écouté», avait-il déclaré au Journal du dimanche à ce sujet. Les États-Unis n'ont pourtant pas manifesté la moindre intention positive à ce sujet.

Ne s'improvise pas influenceur et diplomate qui veut. Pour rester crédible, la diplomatie française ne devrait pas s'avancer sur les résultats de négociations, en particulier lorsqu'elle n'a pas les moyens de faire pression sur l'État concerné.