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Le printemps est enfin arrivé, timidement mais il est en place : les fleurs s'épanouissent mais les abeilles manquent à l'appel... Des dizaines de milliers de colonies d'abeilles sont décimées, vides... Les maigres mesures mises en place ne seront pas suffisantes pour mettre fin à une hécatombe insoutenable. C'est tout notre système agricole qui est à revoir.

"Fin mars, les apiculteurs de Dordogne avaient dénombré 700 ruches désertées, vides de tout occupant. Aujourd'hui il y en aurait 3 000 !", indiquait France 3 Nouvelle Aquitaine le 2 mai 2018. Les apiculteurs sont unanimes : il n'y a presque plus d'abeilles dans les ruches...


Même constat en Bretagne où 20 000 colonies d'abeilles sont déclarées comme décimées d'après les apiculteurs soutenus par plusieurs associations de défense de l'environnement. Désemparés face à cet écocide, les apiculteurs sont partis du Faouët (56) et accompagnent un convoi mortuaire de ruches qui va arriver ce vendredi matin à Rennes, à la Chambre d'agriculture régionale. Objectif : dénoncer l'usage des pesticides qui détruisent les populations d'abeilles.
Ecocide : définition. Ce terme, non reconnu dans le droit, est l'équivalent du génocide pour les écosystèmes.
Ce ne sont pas seulement les abeilles domestiques qui se font rares, les colonies sauvages sont également décimées comme en témoigne l'absence inquiétante des abeilles et autres pollinisateurs sur les fleurs du printemps.

Les scientifiques et la société civile ont déjà tiré la sonnette d'alarme il y a quelques semaines concernant la chute dramatique des populations d'oiseaux depuis quelques années. Le Syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles (Colony Collapse Disorder - CCD) apparu il y a maintenant plus de 30 ans, ne cesse de s'intensifier et touche également d'autres insectes.

"La Fédération Bretagne Nature Environnement, Bretagne Vivante, Eau et Rivières de Bretagne et l'UMIVEM-patrimoine et paysage s'associent au désarroi des apiculteurs, en leur apportant leur soutien pour appuyer leur demande que toutes les causes possibles de cette surmortalité particulièrement hors-norme soient explorées, et que soient dénoncés les pesticides. Mais la principale raison de la mauvaise santé des populations d' abeilles est la disparition de leurs plantes nourricières et des habitats naturels et semi-naturels. Les abeilles se rabattent donc sur des cultures de mauvaise qualité alimentaire, voire empoisonnées par les néo-nicotinoïdes. Même si l'on supprime tous les néo-nicotinoïdes, les abeilles continueront de disparaître. C'est donc une remise en cause du modèle agricole industriel actuel dans sa globalité qu'il va falloir mettre en œuvre", expliquent le collectif d'associations dans un communiqué.

Que pouvons-nous faire face à l'effondrement des colonies d'abeilles ?

Nulle fatalité, inutile de baisser les bras en attendant (vainement) qu'un futur gouvernement soit sensible à la perte de biodiversité actuelle : dès maintenant nous pouvons tous agir pour que les populations d'abeilles se reconstituent. Comment ? Voici quelques solutions simples à mettre en oeuvre :
  • vous avez un jardin ? Gardez-vous de le tondre frénétiquement dès que l'herbe dépasse 3 cm. Laissez des espaces en friche où de nombreuses fleurs apparaîtront spontanément, c'est le garde-manger des pollinisateurs ! Sans nourriture, les abeilles ne peuvent pas vivre (c'est évident mais il est bon de le souligner) ;
  • semer des fleurs dans votre jardin et/ou planter des arbustes mellifères ;
  • n'utilisez pas de pesticides dans votre jardin, d'autant plus qu'ils sont dangereux pour vos enfants et vos animaux ;
  • ne piégez pas le frelon asiatique : les pièges tuent aussi de nombreux autres insectes sans être efficaces. Laissez les apiculteurs s'en charger ;
  • ne tuez pas les bourdons et abeilles qui tournent autour de vous, laissez-les sans les affoler, ils partiront d'eux-mêmes ;
  • Laissez le lierre pousser ! Il ne dégrade pas son support et sa floraison tardive est un soutien précieux pour les pollinisateurs en manque de nourriture ;
  • vous mangez sûrement des fruits et légumes : privilégiez au maximum l'agriculture biologique française qui garantit une utilisation bien moindre des pesticides.