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La peur et la fureur qui ont saisi la communauté des médias alternatifs depuis que Trump a annoncé hier qu'il se retirait de l'accord avec l'Iran sont totalement déplacées et déclenchées par un manque de compréhension des conséquences les plus probables de cette décision.

De la confusion, rien que de la confusion

En jetant un coup d'œil rapide aux médias sociaux, il semble que toute la communauté des médias alternatifs souffre de graves accès de peur et de fureur après que Trump ait annoncé qu'il retirera les États-Unis de l'accord nucléaire iranien, avec des gens vraiment terrifiés par rapport à la suite. Certains, profondément choqués par la déception que cette décision entraîne, se sont exprimés de manière peu sincère et légèrement déplacée en prétendant se sentir désolé pour la réputation internationale des Etats-Unis tout en se consolant mutuellement avec des vœux pieux sur la façon dont l'accord que beaucoup d'entre eux ont loué il y a près de trois ans n'était apparemment pas vraiment dans l'intérêt de l'Iran.

D'autres, cependant, sont plus nuancés, ayant averti dès le début que cela se produirait à cause d'un vieux scénario de l'Institut Brookings qui demandait qu'un accord soit offert à l'Iran et ensuite rompu afin de fabriquer un consentement public généralisé pour une guerre à venir contre la République islamique. Cette analyse a ses mérites en théorie, mais elle exagère l'influence que les masses ont sur les États-Unis et autres "Etats profonds" occidentaux (militaires permanents, services de renseignement et bureaucraties diplomatiques) et est donc impraticable. Bien que la manipulation de l'opinion publique soit un point important, ce n'est pas le déterminant ultime pour la poursuite ou non d'une guerre.

La froide et dure vérité

En tout état de cause, les Etats-Unis et leurs alliés sont déjà dans un état de guerre hybride contre l'Iran qui est passé largement inaperçu par la plupart des observateurs parce qu'il oscille entre révolution colorée et pressions de guerre non conventionnelle, comme l'a observé l'auteur dans son analyse de juillet 2016 sur "Le plan US-Saoudien pour inciter un retrait de l'Iran de la Syrie". Cet article a été publié un an après qu'il ait correctement prédit immédiatement après la signature de l'accord nucléaire, qu'un futur président républicain le mettrait aux oubliettes, dans son article de Sputnik sur "Comment le prochain président américain pourrait ruiner l'accord avec l'Iran pour tous", ce qui, avec le recul, s'est avéré prescient en arguant pourquoi Trump ne croit pas que l'accord fonctionne dans l'intérêt des États-Unis.

C'est pourquoi l'auteur a célébré la victoire de Trump et a déclaré que "les Iraniens devraient être reconnaissants pour Trump" parce qu'au moins il est assez sincère pour leur faire savoir que les Etats-Unis n'ont jamais été vraiment leur "ami". On pensait que cette révélation donnerait un coup de pouce à la faction "princpaliste/conservatrice" de "l'État profond" iranien qui se bat sans cesse avec ses rivaux "réformistes/modérés" pour avoir de l'influence, mais cela n'a finalement pas eu d'importance lors des élections de l'année dernière. Maintenant que Trump s'est retiré de l'accord, cela pourrait faire toute la différence en ce qui concerne la grande stratégie de l'Iran, puisqu'il est clair que les États-Unis et leurs alliés régionaux mettent tout en œuvre pour empêcher l'Iran de pérenniser l'influence de sa Résistance à l'ouest de ses frontières.

Des mauvaises nouvelles aux bonnes nouvelles

En apparence, cette prise de conscience et la prise de conscience de la guerre hybride de faible intensité menée contre la République islamique semblent de mauvaises nouvelles pour l'observateur occasionnel, tout comme les conséquences des sanctions américaines contre le pays et toute société étrangère accusée (sans preuve) d'aider son programme nucléaire (l'énergie). Tout rêve d'une "détente" entre les Etats-Unis et l'Iran tel qu'envisagé par "l'Etat profond" de l'ère Obama est aujourd'hui irréversiblement brisé, mais cela pourrait en soi être considéré comme un développement positif pour les deux parties, en particulier pour l'Iran parce qu'il ouvre une multitude de nouvelles opportunités stratégiques.

Voici les raisons les plus importantes pour lesquelles le retrait des États-Unis de l'accord iranien devrait être célébré et non pas méprisé :

L'Iran ne se fait plus d'illusions sur la sincérité ou la faiblesse des Américains :
Le dogme des médias alternatifs selon lequel l'Amérique se comportait sincèrement envers l'Iran et agissait à partir d'une position de faiblesse est totalement discrédité parce qu'il est maintenant clair que les Etats-Unis n'étaient pas sincères sur leurs intentions pendant tout ce temps et qu'ils se sentent assez puissants pour se retirer unilatéralement de l'accord malgré la condamnation du reste du monde (sauf "Israël" et les Etats du Golfe).
Le reste du monde respecte toujours l'accord :
Bien que des entreprises américaines telles que Boeing perdront des milliards de dollars (qu'elles pourraient simplement compenser par de futurs contrats militaires, dont certains pourraient être payés par les milliards de fonds iraniens saisis que les États-Unis détiennent encore), cela signifie simplement que d'autres peuvent prendre leur place, à condition qu'elles aient le courage de résister aux menaces de sanctions que les États-Unis vont proférer à leur encontre.
L'Iran dépend plus que jamais de la Russie :
D'une part, la Russie représente une "soupape de sécurité" irremplaçable pour l'Iran à travers leur nouvel accord de libre-échange qui apportera un répit sans précédent en ces temps difficiles, mais d'autre part, toute "nouvelle détente" à venir entre les Etats-Unis et la Russie pourrait voir Moscou "gérer" Téhéran comme le "bon flic" de ce "duo" (comme au milieu des années 2000 avant la nouvelle guerre froide) et "encourager" divers "compromis".
La République islamique réorientera son attention stratégique vers l'Est :

Confronté à une pression croissante le long de son flanc ouest (peut-être due en partie au fait que la Russie a "convaincu" la Syrie d'enclencher un "retrait progressif" des Gardiens de la Révolution et du Hezbollah dans le cadre de la stratégie "d'équilibrage" de Moscou), l'Iran n'aura d'autre choix que de reconceptualiser son rôle en Eurasie en se tournant à l'est vers le Pakistan et l'Asie centrale pour réorienter sa grande stratégie.

L'Anneau d'Or pourrait enfin être créé :

Les cinq grandes puissances multipolaires d'Eurasie - la Russie, la Chine, l'Iran, le Pakistan et la Turquie - pourraient renforcer leur interconnexion globale et leur intégration grâce au pivot oriental constitué par Téhéran et aux nouvelles routes de la soie de Pékin, afin de "mettre en cercle les wagons" dans un intérêt collectif et ainsi jeter les bases concrètes pour construire le fameux "anneau d'or" d'une stabilité supercontinentale.

Traduction SOTT. Source.