C'est par l'intermédiaire du journal Le Monde que la charge est arrivée. La journaliste Ariane Chemin fait sortir l'affaire via le journal qui publie de nombreux articles et les autres médias embrayent. BFM, Le Parisien, LeHuffPost, Médiapart... Une crise « journalistique » aussi aiguë que soudaine ? Pourquoi la présidence est-elle subitement attaquée par ces médias qui sont habituellement muets sur les infos publiées par la presse alternative et qui pourraient déranger le pouvoir ? Et pourquoi ce timing ? Les faits se sont passés le 1er mai, il y a presque trois mois maintenant.
Benalla, Macron
© InconnuAlexandre Benalla et Emmanuel Macron
Car l'affaire révèle plus qu'un excès de zèle de la part d'une personne qui aurait été chargée du maintien de l'ordre. Elle montre que la présidence fait plus confiance à un barbouze pour sa propre sécurité qu'aux fonctionnaires dûment issues des forces de l'ordre (le GSPR). Le problème c'est que le président n'a en aucun cas le droit de placer qui bon lui semble à ce poste. Elle montre aussi que cette personne profitait de sa couverture élyséenne pour commettre des actes illégaux, se faire passer pour la police, et carrément essayer de lui donner des ordres.

On s'est également rendu compte que l'Elysée tenait à protéger ce personnage en ne s'en séparant pas immédiatement et en annonçant dans un premier temps une simple sanction de mise à pied de 15 jours avec suspension de salaire. Et puis on s'aperçoit que l'Elysée ment carrément, c'est à dire génère des « Fake News », en niant la présence de Benalla aux côtés du président le 13 juillet alors qu'une photo prouve le contraire. Pareil pour le 14 juillet, cette fois c'est Libération qui monte au créneau. Ce qui veut dire que l'Elysée pensait que la presse ne dirait rien puisque l'on sait très bien que tous les déplacements présidentiels sont évidemment suivis et des photos prises en permanence.

Qu'en penser ?

En fait, la présence de personnes non soumises au cadre légal, au côté du gouvernement, n'est pas une nouveauté. Sous De Gaulle et ses successeurs, il y avait le SAC, le Service d'Action Civique, qualifié de police parallèle. Pratique pour exécuter des coups de main, organiser des manifestations, bref, influencer les événements d'une manière discrète ou tout du moins indirecte. Donc ce n'est pas une méthode inédite. La difficulté, c'est qu'à jouer avec le feu, on finit par se brûler. Et n'est pas De Gaulle qui veut. Emmanuel Macron est jeune, il n'est jamais allé sur un champ de bataille, n'est pas dans la situation ou il doit diriger un pays après une guerre mondiale ou n'a pas eu ne serait-ce qu'à piloter un parti politique comme François Hollande et ainsi apprendre à anticiper les coups de couteau dans le dos.

Une lutte de clans ?

Tout se passe comme si le journal avait reçu l'ordre d'ouvrir la boîte de Pandore et d'en exposer violemment le contenu sous les yeux du public. Pourtant, Emmanuel Macron fait le job en suivant l'agenda de l'équipe Attali/Rothschild qui l'a porté au pouvoir. Les « bijoux » du pays sont privatisés (la Française des jeux par exemple), les entreprises vendues à des investisseurs étrangers (Alstom), les transports en voie de privatisation avec des syndicats matés (la SNCF). Alors quoi ? Et bien il y a aussi la réforme constitutionnelle qui est voulue par le gouvernement pour diminuer le pouvoir du parlement. Et là, c'est s'attaquer à des gens qui eux aussi sont au cœur du pouvoir et qui ont leurs propres réseaux.
« le Parlement ne pourra pas accepter son affaiblissement ». « Jamais depuis 1958 une révision constitutionnelle n'eut pour objet de faire régresser les droits du Parlement ».

~ Gérard Larcher, président du Sénat
Il faut aussi se rappeler qu'il y a eu la mise à mort politique de François Fillon lors de la campagne présidentielle, qui est du même bord politique que Gérard Larcher, c'est à dire à droite, et ces forces-là n'ont en fait pas rendu les armes. Il y a eu également l'affaire Villiers, le chef d'état-major des armées qui avait été humilié. À trop se faire d'ennemis...

Mais d'après le JDD, à la base, les images ont été filmées par une personne du clan Mélenchon, Taha Bouhafs, ancien candidat aux élections législatives en Isère, et ce sont les Insoumis qui mènent la charge à l'Assemblée. Est-ce que cette seule charge aura suffi à enclencher la mécanique, ou bien les réseaux de la droite se sont-ils aussi mis en branle ?

Une autre hypothèse est que Emmanuel se soit trop rapproché de Trump et de Poutine ces derniers temps : Précédent le sommet Poutine-Trump, la rencontre Macron-Poutine dimanche arrive « au bon moment », et qu'un cou de collier aurait été nécessaire suite à ces mauvaises fréquentations.
Bonus diplomatique des victoires des Bleus au Mondial, la rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine au Kremlin dimanche, à la veille du sommet Trump-Poutine, arrive « au bon moment », a estimé samedi l'Elysée.

« Cette rencontre survient dans un contexte important, après le sommet de l'Otan et avant la rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump. Elle permettra de faire le suivi de la très longue et positive rencontre des présidents français et russes à Saint-Pétersbourg, sur les coopérations bilatérales et les grands dossiers internationaux, en particulier la Syrie et l'Iran, malgré nos divergences », selon l'Elysée.

Les deux dirigeants avaient convenu de se voir lorsqu'ils s'étaient croisés pour la demi-finale des Bleus mardi.

L'un des sujets principaux sera le règlement politique du conflit en Syrie, où la France a mis en place un mécanisme de concertation avec la Russie, pour tenter de rapprocher les initiatives russo-turques et celles des Occidentaux.
Il ne faut pas se leurrer, parce que de tout temps, les arcanes du pouvoir ont été plus complexes que l'histoire qui nous est présentée, et les complots s'y développent sans cesse. L'accusation de « complotisme » étant d'ailleurs une arme pour que celui qui s'en trouve accusé soit ridiculisé et n'aille pas plus loin.

Pour rappel :

- Benalla a aussi agressé une jeune fille lors de la manifestation du 1er mai :


- L'interpellation des victimes (Médiapart) :


- « Viré manu militari » par Arnaud Montebourg :
« Le SPHP [le Service de protection des hautes personnalités] me l'avait proposé comme chauffeur en 2012, raconte au Monde l'ancien ministre du redressement productif. Je m'en suis séparé au bout d'une semaine après une faute professionnelle d'une première gravité : il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite. »
- Selon algeriepatriotique, un journal proche des services secrets algériens, Alexandre Benalla serait un agent des services secrets marocains, ce qui expliquerait son ascension rapide.
Alexandre Benalla a gravi les échelons doucement mais sûrement depuis qu'il fut introduit dans les rouages du Parti socialiste par l'ancienne ministre de l'Education, Najet Vallaud Belkacem, elle-même inféodée à Rabat, aux côtés de Rachida Dati, Myriam Al-Khomri, Audrey Azoulay et bien d'autres.
Lu dans les commentaires :

Il faisait partie de l'association des Marocains de France [à Evreux] que présidait Najet Vallaud Belkacem avant de devenir ministre.
- Le 23 mars, le colonel Beltrame fait basculer hors de tout cadre protocolaire l'assaut mené par les gendarmes lors de l'attentat de Trèbes. (Le Monde)

- Alexandre Benalla, un réserviste opérationnel passé de brigadier à lieutenant-colonel : explications (Réseau International)

- Affaire Benalla : « Il a été protégé », selon la journaliste qui a révélé l'affaire (Europe 1) :


- Arrivée des Bleus à Roissy : Gendarme : « Qui êtes-vous ? », Benalla : « Vous me manquez de respect » (RT) :

Benalla, Roissy
- « Benalla se permettait de dire « J'emmerde le Préfet » et rabrouait des commandants de police ou de gendarmerie sur plusieurs événements. » (LCI, 22/07/18, 10h19) :


- L'Elysée aurait propulsé Benalla au poste de sous-préfet (FDesouche.com) :

Macron, Benalla
L'information, éventée dans les milieux préfectoraux, a suscité de telles oppositions que le proche collaborateur d'Emmanuel Macron a dû renoncer.
- Alexandre Benalla avait un badge d'accès à l'Assemblée nationale (Le Parisien) :
L'ancien « monsieur Sécurité » d'Emmanuel Macron a disposé pendant un an d'un accès de très haut niveau à l'hémicycle.

La tradition républicaine veut qu'un chef d'Etat n'assiste jamais aux séances du Parlement. Toutefois, certains de ses collaborateurs en ont le droit. Alexandre Benalla, l'ancien « M. Sécurité » d'Emmanuel Macron licencié vendredi après les révélations sur ses actes de violences contre deux manifestants le 1er mai, faisait partie de ceux-là. [...]

François de Rugy a tenté de calmer les élus, rejetant toute violation du principe de séparation des pouvoirs. « Il en a toujours été ainsi. Ces badges sont attribués par la voie administrative, a-t-il assuré. Ce sont des pratiques courantes et normales d'avoir un certain nombre de badges attribués à des personnes en fonction de leur fonction. Ce ne sont pas des listes fournies à l'aveugle par les ministres ou par le président mais liées à des fonctions ».

Le cabinet de l'Elysée dispose d'« une demi-douzaine de badges », a-t-il indiqué, ajoutant ne pas être à l'origine de la délivrance de celui d'Alexandre Benalla.

« C'est à la demande du directeur du cabinet de la Présidence de la République qu'un badge a été attribué à M. Benalla en juillet 2017, en sa qualité de chargé de mission auprès du chef de cabinet du Président de la République », a indiqué un peu plus tard l'Assemblée nationale dans un communiqué.
- Le colosse Makao, qui a escorté le candidat En Marche lors de la campagne présidentielle, a été filmé en train de jouer aux jeux vidéo avec « le logeur de Daech [Jawad Bendaoud] ». (Valeurs Actuelles)
Dans une interview, accordée en mars à La Nouvelle République, le colosse de 2,13 mètres et rugbyman d'origine congolaise expliquait comment il était devenu protecteur de l'impétrant En Marche. « J'ai alors été agent de sécurité dans de nombreuses boites de nuit parisiennes. J'ai aussi fait les concerts Booba et la tournée de French Montana (NDLR : deux rappeurs français). Comme j'étais trop grand, ce dernier a dû louer une grosse voiture pour que je puisse suivre la tournée. C'est après qu'Alexandre Benalla m'a contacté », raconte-t-il.

[...]

La relation amicale entre Makao et « le logeur de Daech » a été révélée, en juin dernier, dans une vidéo diffusée sur le réseau social Snapchat, où l'on peut voir les deux hommes jouer au jeu vidéo FIFA et plaisanter ensemble. Deux jours plus tôt, l'ancien garde du corps était invité à l'Elysée et posait tout sourire pour la photo sous les ors de la République avec Emmanuel Macron, qualifié de « chef », dans un message posté sur Twitter.
Macron, Makao
Makao, Jawad
https://twitter.com/_Stalker_69_/status/1005024515884244992/photo/1
23/07/18 - Résumé en vidéo de l'audition du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à l'Assemblée nationale :


Question pertinente de Gilbert Collard : « On a l'impression que tout se passe à l'insu de votre plein gré. Vous ne connaissez pas Benalla. Vous ne voulez pas qu'il ait un port d'arme. Il a un port d'arme. Qui intervient par-dessus vous ? Il a le grade de brigadier et devient Lieutenant-colonel. Grâce à qui ? »