En Suède, les sociaux-démocrates réalisent le score le plus faible de leur histoire aux législatives, tandis que les nationalistes s'imposent au Parlement avec plus de 17% des voix. Le parti SD oblige donc les partis traditionnels à faire alliance.
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© InconnuElections Suède 2018
Le 9 septembre, les Suédois se sont rendus aux urnes pour décider de l'avenir de leur assemblée parlementaire. Si le résultat définitif est suspendu au décompte des 200 000 Suédois vivant à l'étranger, une nette tendance se dégage : aucun groupe ne remporte l'élection haut la main, si bien que le Premier ministre social-démocrate va devoir composer avec son opposition de centre-droit afin de contrer le parti des Démocrates de Suède de Jimmie Akesson, lequel a défendu un programme anti-migrants et nationaliste.

Les sociaux-démocrates qui dirigent la Suède n'ont jamais réalisé un score aussi bas, avec seulement 28,4% des voix. C'est la première fois que le parti descend en deçà des 30% en plus d'un siècle. Les Modérés (parti conservateur) dirigés par Ulf Kristersson perdent quant à eux plus de trois points par rapport aux législatives de 2014, atteignant 19,8% des voix.

De longues tractations s'annoncent avant de voir se dégager une collaboration claire entre les grands blocs politiques au Riksdag, le Parlement suédois. Le Premier ministre sortant Stefan Löfven s'est d'ores et déjà déclaré prêt à collaborer avec son opposition et a estimé que cette élection signait « l'enterrement de la politique de blocs ».

Avec 17,6% des votes, le groupe anti-immigration et nationaliste des Démocrates de Suède s'impose en effet en faiseur de roi et semble galvanisé par le bilan migratoire très critiqué du gouvernement sortant : en 2015, 160 000 demandeurs d'asile sont entrés en Suède. Depuis 2012, un total de 400 000 demandes d'asile a été enregistré, un record en Europe rapporté au nombre d'habitants (une demande pour environ 25 habitants).

La formation anti-immigration et eurosceptique a néanmoins échoué à devenir la deuxième force politique du pays, alors que, la veille du scrutin, son président Jimmie Akesson disait tabler sur 20 à 30% des voix.

En progressant de plus de quatre points par rapport à 2014, le parti anti-immigration s'est néanmoins durablement imposé dans le débat politique, et se pose dorénavant en arbitre entre les deux blocs. « Nous sommes les grands gagnants de cette élection [...]. Nous allons exercer une véritable influence sur la politique suédoise », a lancé Jimmie Akesson à ses partisans réunis dans un restaurant de la capitale et de préciser : « Je suis prêt à parler, à coopérer, à négocier avec tous les partis, mais je veux surtout inviter Ulf Kristersson à négocier. » Le Premier ministre social-démocrate présentait ces législatives comme un «référendum pour l'Etat-providence», SD en a fait un plébiscite contre sa politique migratoire.


En France : LREM déplore, les oppositions se réjouissent

Depuis la France, Christophe Castaner, délégué général de la République en marche (LREM), s'est dit inquiet face à la montée des nationalistes : « Le score obtenu par le SD, le parti d'extrême droite suédois, tire néanmoins la sonnette d'alarme face à la vague nationaliste qui gangrène petit à petit l'Europe, de l'Autriche à l'Italie. »


Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se sont quant à eux réjoui de cette élection, mais pour des raisons différentes. La présidente du Rassemblement national s'est félicitée de « la révolution démocratique » en cours en Europe, présageant une « mauvaise soirée pour l'Union européenne ».


Le chef de file des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon a quant à lui vu dans cette élection une « victoire contre l'extrême droite en Suède » et a adressé ses félicitations à son « allié suédois dans la coalition européenne MaintenantLePeuple [qui] atteint 10% ! »