Des riverains en colère estiment n'avoir pas été consultés avant l'installation d'un centre qui doit, à terme, héberger 300 migrants dans leur quartier du XVIe arrondissement. La maire de l'arrondissement y voit la patte d'Anne Hidalgo.
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© Capture d'écran Google Streetview du 51, boulevard Exelmans, Paris 16e.
Le 28 septembre, dans une lettre ouverte au préfet de région pour dire tout leur ras-le-bol, quelque 150 riverains du XVIe arrondissement de Paris dénoncent l'absence de concertation préalable à l'installation de 300 migrants et réfugiés dans les anciens locaux de la gendarmerie du boulevard Exelmans.

Les riverains inquiets et excédés déplorent notamment un « déni de démocratie » :
« En début de semaine, nous avons appris par la presse l'installation d'un centre de migrants sous nos fenêtres, dans la gendarmerie du boulevard Exelmans. Pourtant, à aucun moment, nous n'avons été consultés par les autorités, ni même informés. Faut-il vous rappeler qu'en tant que voisins directs nous sommes les principaux intéressés par cette décision qui nous est imposée ? Cette attitude met à mal le respect de la vie en collectivité et méprise nos droits les plus élémentaires. Nous ressentons cela comme un déni de démocratie. »
C'est pourtant une situation contraire que décrivait le préfet en question lors de l'inauguration du centre au mois de septembre, il assurait notamment : « Le site ne pose pas de problème de voisinage [et] se prête à une intégration réussie dans le quartier ».

De fait, le centre a bien été ouvert dans cette ancienne caserne de gendarmerie et doit à terme accueillir 300 migrants pendant deux ans, jusqu'à la livraison des logements sociaux nécessaires pour reloger ces personnes, essentiellement issues d'Erythrée, du Soudan et d'Afghanistan, selon les informations du Figaro.

Les riverains signataires du texte estiment que ce projet leur est imposé : « Ce mépris nous laisse penser que l'on cherche à nous mettre devant le fait accompli et à nous imposer de force une situation très impactante sur nos vies ».

La préfecture, qui a décidé l'ouverture de ce centre au cours de l'été 2018, a réagi en justifiant : « Nous en avons informé la mairie centrale, celle du 16ème arrondissement ainsi que le député, mais nous n'avions pas vocation à organiser un référendum local sur ce type de décision ».

Lors de l'ouverture d'un autre centre d'accueil pour migrants dans le 16e arrondissement en 2016, des réunions publiques avaient été organisées, mais l'initiative avait laissé un goût amer, comme le confirme une source préfectorale interrogée par Le Figaro : «On a vu ce que ça a donné: des flopées d'injures, des opposants qui monopolisent la parole et les autres qui sont exclus du débat».

Anne Hidalgo est-elle derrière le projet ?

Autre sujet de fâcherie : la mairie de Paris soutient le projet face à un 16e arrondissement qui lui est traditionnellement opposé. L'élu Les Républicains et ancien maire du XVIe arrondissement, Claude Goasguen, a déploré : « Les services de l'Etat m'ont prévenu en juin, et nous avons comme d'habitude été mis devant le fait accompli. Le gouvernement mène une politique migratoire à l'encan, et c'est à nous de payer rubis sur l'ongle les conséquences de cette dérive. »

L'actuelle maire de l'arrondissement, Danièle Giazzi, précise : « Après la polémique sur le centre pour SDF au Bois-de-Boulogne, on nous avait promis que cela ne se reproduirait plus. Mais comme d'habitude, Anne Hidalgo croit que Paris lui appartient et qu'elle peut y faire ce qu'elle veut, quand elle veut et ou elle veut. »

L'adjoint chargé du logement de la Ville de Paris, Ian Brossat, a pour sa part défendu le projet et assuré : « Le centre fonctionne déjà et à ma connaissance il ne cause aucun problème. »