Après l'annonce par le Premier ministre d'un moratoire de six mois sur la hausse de la fiscalité sur le carburant, les réactions politiques ont afflué. Une vague d'indignation a unanimement submergé l'opposition.
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© InconnuEdouard Philippe
Sous pression de la mobilisation des Gilets jaunes, Edouard Philippe a annoncé ce 4 décembre un moratoire de six mois sur la hausse de la fiscalité sur le carburant. Au lendemain de sa rencontre avec les responsables des formations politiques et les présidents des groupes parlementaires, ceux-ci ont rapidement commenté la décision du Premier ministre. Entre pessimisme et indignation, l'opposition n'a pas été convaincue par l'annonce gouvernementale.

« Artifices politiciens », « sursis », « ça n'est pas possible » : vague d'indignation de gauche à droite

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que le président de la République et son Premier ministre n'avaient pas pris « la mesure du moment ». « On n'apaise pas une révolution citoyenne avec ce genre d'artifices politiciens » a, entre autres, déclaré le député des Bouches-du-Rhône, notant par ailleurs que le moratoire annoncé par Edouard Philippe correspondait à « des reports de taxe jusqu'à après les élections européennes ».


« Un bricolage reportant les décisions à après les élections», a également noté son camarade de Lille, Adrien Quatennens. Si le député du Nord a noté que « le pouvoir change[ait] de ton », il a toutefois rappelé la revendication principale, selon lui, du mouvement citoyen : « Les Gilets jaunes portent un message clair : qu'il cède ou qu'il parte. »


Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a quant à lui déploré que le débat se cantonne à des oppositions entre écologie et pouvoir d'achat ou encore entre services publics et impôts, oppositions qu'il a qualifiées de « fausse[s] alternative[s ]». En outre, le député de Seine-et-Marne a souligné l'importance à ses yeux de défendre « la justice fiscale, la lutte contre les inégalités sociales et territoriales [ou encore] une discussion salariale ».


Après avoir critiqué le temps mis par le gouvernement à réagir à l'exaspération des Gilets jaunes, le chef des Républicains, Laurent Wauquiez, a de son côté estimé qu'il fallait « un geste d'apaisemen t». Pour le président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, « un moratoire, ce n'est pas suffisant. S'il s'agit juste de retarder les augmentations [...] Il faut l'annulation des hausses de taxes ».

Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, s'est montré tout aussi catégorique : « Un moratoire c'est du sursis, les Français réclament une annulation ! » Le sénateur a ainsi estimé qu'une telle annonce du Premier ministre devant des députés LREM trahissait un « entre-soi ».

La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a raillé l'annonce du Premier ministre, comparant celui-ci à la comtesse du Barry, guillotinée le 8 décembre 1793 à Paris. « Edouard Philippe en mode Jeanne du Barry : "Encore un moment, Monsieur le bourreau !"» a-t-elle commenté. La femme politique s'était déjà dite incrédule quant à la durée du moratoire, celui-ci reportant la mesure fiscale à l'après-élections européennes. « Sûrement un hasard », avait-elle ironisé.


Le député RN du Gard, Gilbert Collard, s'est alarmé de « conséquences [qui] risquent d'être terribles », estimant que le moratoire annoncé ne faisait qu'« humilier encore un peu plus les Gilets jaunes ».


Florian Philippot, fondateur des Patriotes, a pour sa part qualifié les annonces du Premier ministre d'« extrêmement faibles ». « Les Patriotes appellent d'ores et déjà à se mobiliser pacifiquement avec les Gilets jaunes » a-t-il ajouté.

Pour François Asselineau, président de l'Union populaire républicaine (UPR), la décision d'Edouard Philippe correspond à « une réponse aux partis politiques mais pas aux Gilets jaunes » rappelant que ces derniers souhaitaient le départ du président de la République. Ainsi, le chef de l'UPR a insisté « pour que les parlementaires lancent la procédure de destitution ».


« Les écologistes, eux, ne lâcheront rien ! »

L'eurodéputé écologiste Yannick Jadot a également fait part de son indignation, celle-ci, contrairement aux réactions précédemment évoquées, portant sur le « renoncement », selon lui, du gouvernement face aux questions écologiques. Acerbe, le parlementaire européen a ainsi souhaité à Emmanuel Macron la «bienvenue au club des présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui capitulent sur le climat, la santé ET la justice sociale ». Et Yannick Jadot d'affirmer que « les écologistes, eux, ne lâcher[aie]nt rien ».


L'optimisme de Dupont-Aignan

La réaction de Nicolas Dupont-Aignan s'est démarquée, par son optimisme, de celles de ses rivaux politiques. En effet, le fondateur de Debout La France a estimé que « le pire a[vait] été évité grâce au courage des Gilets jaunes ». Et le député de l'Essonne, fervent défenseur du mouvement citoyen, de se féliciter : « Bravo ! Le combat doit continuer pacifiquement pour que la suspension devienne annulation, les taxes baissent, et les retraites soient réindexées. »