Samedi soir, l'occupation de la place de la République à Paris s'est heurtée à un fort dispositif des forces de l'ordre, qui n'ont laissé entrer sur les lieux que peu de manifestants.

CRS place de la république, Paris
© LP/Olivier LejeuneSur la place de la République, les forces de l’ordre ont repoussé les Gilets jaunes, après que des individus cagoulés ont semé le trouble.
Ils avaient appelé à une « Nuit jaune » sur la place de la République, ce samedi à Paris. Mais pour les Gilets jaunes, à 20 heures, la nuit a été plus courte que prévu. Deux heures plus tôt, ils sont quelques milliers à se rassembler pacifiquement sur la place parisienne. Une odeur de merguez embaume les lieux. Les manifestants ont pris possession de la statue de la République, barrée d'une large banderole « Macron démission ». Les 4 000 manifestants parisiens convergent des différents points de ralliement jusqu'à la place de la République, qui avaient accueilli les manifestants du mouvement Nuit Debout en 2016.

« Je suis venu pour la justice sociale », explique Maxime, 25 ans, blazer et bonnet vissé sur la tête. « Le grand débat ? C'est une bonne initiative, concède le jeune homme. Je me suis rendu sur le site, mais je n'ai pas trouvé tous les sujets qui m'intéressaient. J'aurais aimé discuter de l'affaire Benalla, par exemple. » Interrogé sur un éventuel déclin du mouvement, Maxime affirme que les « violences policières récentes » lui donnent envie de ne « rien lâcher ».


Le sujet évoqué par le manifestant se trouve d'ailleurs au cœur des discussions. Rapidement informés par les réseaux sociaux, les Gilets jaunes présents à République ont vent de la blessure à l'œil d'un de leurs « leaders », Jérôme Rodrigues, survenue en fin d'après-midi. Certains scandent des « Macron on en a marre, ils ont encore blessé Jérôme ce soir ». Il est 18 heures.

En quinze minutes, l'esplanade est déserte

La fin officielle devait être à 22 heures. La manifestation tourne court vers 19 heures, alors que des scooters et du matériel urbain sont incendiés par des individus masqués à l'entrée du boulevard des Filles-du-Calvaire. La police réplique par des tirs nourris de grenades lacrymogènes et de désencerclement sur l'intégralité de la place. Pris de court, les manifestants se réfugient dans les restaurants de la place, avant d'être rapidement repoussés vers les boulevards de Strasbourg et de Magenta. En quinze minutes, l'esplanade est déserte. Interrogé par Le Parisien, un CRS confirme que l'ordre d'évacuation a été donné à 19 heures, et non 22 comme prévu.

Près du boulevard de Strasbourg, un homme en soutane discute avec un groupe de manifestants qui se vident des dosettes de sérum physiologique dans les yeux. « Je me tiens ici contre l'injustice et pour la paix », affirme posément l'abbé Grégoire Corneloup, du diocèse de Metz. « Je ne cautionne aucun débordement, car la violence crée l'injustice. J'ai l'impression, humblement, de participer à la paix et en discutant avec les gens. »

L'abbé Corneloup se rend à Paris pour le quatrième week-end d'affilée. « La soutane attire beaucoup les gens, qui viennent me parler spontanément. C'est très intéressant de partager sa vision des choses. » Un partage écourté sur la place de la République, où, à 20 heures, l'embryon de « Nuit jaune » laisse un goût amer aux manifestants.