Au moins 846 civils ont été tués en Égypte au cours des manifestations qui ont entraîné la chute du président Hosni Moubarak, selon un rapport présenté mardi.

Un comité de magistrats égyptiens a tiré ce bilan à partir de 17 058 témoignages et de 800 vidéos ou photos fournis par des personnes qui ont assisté aux manifestations.

D'après cette commission d'enquête, la police a fait un usage excessif de la force et ouvert le feu à balles réelles sur les protestataires.

« Ce qui est confirmé est que pour utiliser des balles réelles contre les manifestants il est nécessaire d'avoir au préalable l'autorisation de Moubarak. Les tirs ont duré plusieurs jours, et leurs auteurs n'ont pas été tenus pour responsables », a déclaré le juge Omar Marwane, secrétaire général de la commission d'enquête.

« Cela confirme son implication et sa responsabilité », a précisé le magistrat.

La présence de tireurs embusqués

Le rapport montre également que la plupart des victimes ont été visées à la tête et à la poitrine. Ces blessures mortelles indiquent l'utilisation par le régime de tireurs embusqués.

La commission accuse également les forces de l'ordre d'avoir délibérément renversé les manifestants avec leurs véhicules. Les policiers auraient aussi organisé les troubles du 2 février au cours desquels des individus à cheval et à dos de chameaux ont attaqué les protestataires.

Des indices prouvent d'autre part que les autorités ont orchestré des évasions dans les prisons pour déstabiliser le pays face à la montée du soulèvement populaire.

Des dizaines de responsables impliqués

L'ancien vice-président et chef des services de renseignements, Omar Souleimane, a été interrogé mardi dans le cadre de cette enquête sur la répression des manifestations.

Il a aussi été questionné sur la fortune présumée du président Hosni Moubarak.

L'ex-ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli est actuellement jugé pour avoir donné l'ordre de tirer sur des protestataires.

Le rapport ne fournit pas de noms, mais la commission a remis une liste de dizaines de responsables accusés d'avoir participé à la répression.

Quant à l'ancien président Hosni Moubarak, il se trouve actuellement à l'hôpital international de Charm el-Cheikh, la station balnéaire sur la mer Rouge où il était en résidence surveillée. Il y a été placé en détention provisoire pour 15 jours dans le cadre d'une enquête sur la violente répression de la révolte. Il fait aussi l'objet d'une autre enquête pour corruption.