Manifestations ,Gilets jaunes ,Bordeaux
© Georges Gobet Source: AFPManifestations des Gilets jaunes à Bordeaux, le 2 février 2019. (image d'illustration)
Plus de 350 médias, journalistes, photographes, indépendants ou travaillant pour des rédactions ont signé une tribune dénonçant les violences policières subies par la profession depuis le début du mouvement des Gilets jaunes.

L'interpellation et la garde à vue du journaliste indépendant Gaspard Glanz lors de la manifestation des Gilets jaunes le 20 avril a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Plus de 350 médias, journalistes, photographes, indépendants ou affiliés à des rédactions, avec ou sans carte de presse, dénoncent, dans une tribune publiée sur France Info, «les multiples violences d'Etat» qu'ils subissent.

Au delà des risques qu'ils assument prendre en se positionnant au plus près des conflits dans les manifestations, ils constatent néanmoins que «ce n'est pas majoritairement du fait des manifestant·e·s, mais bien largement du comportement des forces de l'ordre elles-mêmes» qu'ils sont victimes de violence «physiques et psychologiques» et de répression. Ils dénoncent à cet égard «une volonté délibérée de [les] empêcher de travailler».

Selon l'association Reporters sans frontières, près de 90 journalistes ont été victimes de violences policières depuis le début du mouvement des Gilets jaunes.

Avec son désormais célèbre «Allo Place Beauveau» sur Twitter, le journaliste David Dufresne décompte au moins 95 agressions visant spécifiquement les journalistes parmi les 736 signalements qu'il a recensés depuis le début du mouvement des Gilets jaunes.


Parmi les violences subies, les signataires citent : «mépris, tutoiement quasi systématique, intimidations, menaces, insultes. Mais également : tentatives de destruction ou de saisie du matériel, effacement des cartes mémoires, coups de matraque, gazages volontaires et ciblés, tirs tendus de lacrymogènes, tirs de LBD, jets de grenades de désencerclement, etc.» Ils dénoncent également la confiscation du matériel de protection (masque, casque, lunettes).

La carte de presse pour les plus précaires

En plus d'interpeller directement le gouvernement qui n'a pas, dans une démocratie à décider de la «façon de travailler» des journalistes, les signataires s'adressent également à la Commission de la carte d'identité des journalistes professionnels (CCIJP) qui délivre la carte de presse. «Devenue extrêmement compliquée à obtenir» pour les plus précaires, la carte de presse est en effet systématiquement demandée par les forces de l'ordre lors des manifestations. «Pour rappel, le journalisme n'est pas une profession réglementée», peut-on lire dans la tribune.

De ce fait, les pétitionnaires exigent du gouvernement qu'il prenne «les mesures nécessaires pour que les forces de l'ordre cessent de [les] harceler et [les] laissent travailler librement». D'autre part, ils invitent la CCIJP à tenir compte de l'évolution des métiers de la presse et à faciliter l'obtention du fameux sésame. «En nous attribuant une carte de presse, la CCIJP marquerait sa solidarité avec les plus précaires d'entre nous et ferait un geste politique fort en faveur de la liberté de la presse en France», écrivent-ils.

La récente convocation de trois journalistes de Disclose et Radio France par la DGSI après leurs révélations sur l'implication de l'armement français dans la guerre au Yémen est également évoquée dans la tribune renforçant les inquiétudes de la profession.