En pleine manifestation des Gilets jaunes, un groupe de personnes se présentant comme street medics prélevait le sang des manifestants blessés, a révélé une enquête de Franceinfo qui s'est penchée sur l'identité des faux street medics et leurs motivations.
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Des pratiques illégales ont-elles été effectuées par de faux street medics au cours des manifestations des Gilets jaunes ? C'est ce qu'indiquent des témoignages et vidéos rassemblés par Franceinfo.

Le média commence son enquête sur une vidéo datée du 20 avril dernier. Dans ces séquences, un manifestant sur le trottoir est abordé, après un tir de grenades lacrymogènes, par trois personnes ayant des « casques de protection vissés sur la tête et tee-shirts blancs floqués de grandes croix rouges ». Une seringue est plantée dans sa peau et un garrot fixé au bras.

Le média explique avoir consulté plusieurs vidéos de ce type où un groupe d'individus, se présentant comme street medics, font des prélèvements de sang pendant les manifestations. D'autres médias avaient déjà alerté sur le sujet, comme Le Parisien.

Claire, présente à Paris lors des manifestations du 1er-Mai, a raconté que ce groupe lui a prélevé du sang pour tester la présence de cyanure. « Il y avait deux dames, ainsi qu'une troisième personne. Ils m'ont mis du sérum physiologique dans les yeux et ils m'ont dit: "Vous êtes d'accord pour qu'on vous fasse une prise de sang pour savoir si vous avez du cyanure?" », s'est-elle souvenu.

Elle a donné son assentiment par écrit. Les trois prétendus secouristes ont interdit à Claire et à ses amis de filmer la scène et sont partis sans lui laisser de moyen de les contacter. Dix minutes plus tard, elle a croisé deux street medics et leur a raconté cette prise de sang. Ceux-ci ont expliqué « qu'on ne fait pas une prise de sang au milieu d'un nuage de gaz, dehors, dans une rue ».

Le 3 mai, la page Facebook « Coordination 1ers Secours France », regroupant plusieurs collectifs de secouristes, publie un communiqué dans lequel elle s'est désolidarisée de ces pratiques et déconseille d'accepter de se faire prélever.

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Les accusations de présence de cyanure, un poison mortel, dans les bombes lacrymogènes lancées dans les manifestations, sont récurrentes sur de nombreuses pages Facebook de Gilets jaunes. Interrogé par franceinfo, le biologiste Alexander Samuel, l'un des quatre « préleveurs de sang », a affirmé que ces prélèvements sanguins avaient pour but de « défendre l'intérêt du patient » et que les manifestants étaient exposés à des doses importantes de cyanure.

Pour étayer leurs dires, les médecins et le docteur en biologie se sont procuré des tests qu'ils utilisent après leurs prélèvements. Sous la forme d'une petite bandelette, le dispositif doit accueillir quelques gouttes de sang mélangées à une solution et à de l'eau. S'il vire au violet alors le dépistage est positif au cyanure.

L'un des gaz utilisés par les forces de l'ordre se nomme le 2-chlorobenzylidène malonitrile, aussi appelé CS. Une fois absorbé, « si on étudie le devenir de la molécule dans l'organisme, une partie du CS - le malonitrile - se transforme en ions cyanures dans l'organisme mais cette quantité est extrêmement faible », a expliqué à Franceinfo le docteur Jean-Marc Sapori, responsable au Centre anti-poison de Lyon.