Le noyau dur des "gilets jaunes" a manifesté samedi pour le 27e samedi consécutif, le gouvernement annonçant la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement il y a six mois, à une semaine des élections européennes.
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Pour cet acte 27, ils étaient environ 15.500 samedi en France, dont 1.600 personnes à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, soit la plus faible mobilisation depuis l'acte 1 le 17 novembre. Des estimations contestées par les "gilets jaunes" qui avancent 41.000 personnes et recensent 152 lieux de mobilisation.

Les "appels nationaux" lancés à Reims et Nancy ont attiré respectivement environ 2.000 et 1.300 personnes. Des tensions y ont éclaté et la police a fait usage de gaz lacrymogène, comme à Lyon et Dijon.

"Il y a des briseurs de vie et des briseurs de vitres, regardez où est la violence", "Macron impose, la France explose", pouvait-on lire sur les banderoles du cortège à Reims, où sont venus une cinquantaine de "black bloc", selon la mairie, qui fait état d'une vingtaine de vitrines brisées. Au moins deux manifestants ont été blessés et pris en charge par les pompiers, du mobilier urbain dégradé et des poubelles enflammées, selon un journaliste de l'AFP.
"Faut aller voter, faut un maximum de votes anti-Macron, comme ça il verra bien que le peuple est pas content du tout de ce qu'il fait. Au moins là il verra bien. Allez voter, pas d'abstention, pas de vote blanc", a lancé Sébastien. Et Annie, 52 ans, d'assurer: "Aux Européennes, tout le monde ici votera contre Macron".
A Paris, les premiers "gilets jaunes" sont arrivés sur le parvis du Sacré Cœur à Paris vers 17h30, destination finale du cortège parisien parti de la Défense en début d'après-midi.

"Motivation toujours là"

"Il y a un peu moins de monde mais la motivation est toujours là, je me bats pas pour moi mais pour mes enfants, mes petits enfants, pour tous ceux qui sont dans la misère, pour les migrants qu'ils aient une vie décente", a réagi auprès de l'AFP Patricia Richard originaire de l'Essonne, ancienne animatrice.

Selon les chiffres préfectoraux, 600 personnes ont manifesté à Lens, entre 60 et 100 au Touquet, 90 à Nogent-sur-Oise, un millier à Montpellier, 900 à Alès.

"Ceux qui ne nous comprennent pas pensent que nous en voulons toujours plus. Alors que nous voulons juste mieux vivre. Mais qui est capable de vivre avec 900 euros ? Quand j'entends Macron dire qu'il a fait sa part, je ne peux pas être d'accord, et ça me mobilise d'autant plus !", a réagi Virginie, secrétaire de direction venue à Montpellier, où ils étaient un millier.

Le président de la République a en effet estimé vendredi le mouvement des "gilets jaunes" n'avait "plus de débouché politique", appelant "au calme" ceux qui continuent à manifester et les invitant à voter, voire à se présenter aux élections.

"Le gouvernement va peut-être remporter cette manche mais on a semé des graines", jugeait à Toulouse, où ils étaient environ deux milliers, Aurélien, un inventoriste trentenaire "gilet jaune" de la première heure. Et tire un bilan positif d'une mobilisation "qui a fait tomber les masques d'un pouvoir autoritaire" et a réussi, selon lui, "à saper à l'international l'image de Macron et à lui infliger un peu de burn-out".

A Bordeaux, qui fut l'une des places du mouvement, seuls quelque 450 "gilets jaunes" ont manifesté et rejoint le défilé contre Bayer-Monsanto, dont le mot d'ordre était "Monsanto, gilets jaunes, même combat!". A Besançon le cortège de 300 "gilets jaunes" a rejoint le rassemblement pour la journée de lutte contre l'homophobie et la transphobie.

Si le 1er mai avait largement rassemblé syndicats et "gilets jaunes", l'acte 26 avait réuni 18.600 manifestants en France selon le décompte gouvernemental contesté par les "gilets jaunes", qui en dénombraient 37.500.