Affaire Geneviève Legay
© AFP/Valery HacheAprès sa chute, Geneviève Legay a souffert de plusieurs fractures au crâne et de côtes cassées.
Aujourd'hui en France révèle les dépositions du major V., le fonctionnaire qui a reconnu avoir bousculé la militante de 73 ans lors de l'acte 19 des Gilets jaunes à Nice (Alpes-Maritimes).

« Je suis surpris, je pensais sincèrement avoir poussé un homme, je n'ai rien d'autre à dire, c'est malheureux pour Mme Legay, mais j'étais dans une charge ordonnée légalement. » Le 29 mars, le major Michel V., 50 ans, est réentendu par la sûreté départementale sur son implication dans la chute de Geneviève Legay, une militante d'Attac âgée de 73 ans, grièvement blessée à la suite d'une charge policière lors d'une manifestation interdite des Gilets jaunes, le samedi 23 mars à Nice (Alpes-Maritimes). La victime a souffert de plusieurs fractures au crâne et de côtes cassées. Une affaire de violences policières présumées lors de l'acte 19 qui a créé une polémique.

Ce 29 mars, le major V. est contraint de revenir sur sa première version : il reconnaît avoir bousculé la militante. Les enquêteurs lui mettent sous le nez les exploitations vidéo concernant la progression de la compagnie départementale d'intervention (CDI) à laquelle appartient le policier et la chute de la manifestante. Sur les images, on voit le fonctionnaire sortir du cordon au début de la charge et pousser volontairement la Gilet jaune septuagénaire, vêtue d'un tee-shirt noir et portant un immense drapeau arc-en-ciel barré du mot « paix », symbole des altermondialistes.

« Il faut dire que l'action a été très rapide et je me trouvais dans un mouvement général qui a pour but de gagner du terrain et de repousser toutes personnes quelle qu'elle soit sur notre passage, justifie le major V. devant les enquêteurs, selon les procès-verbaux d'audition que nous avons pu consulter. Nous étions dans un rétablissement de l'ordre public après sommations et ordre effectués. »

Le policier se dit « sincèrement désolé » pour la victime. Pour sa défense, il précise qu'il n'a pas utilisé son tonfa qu'il portait le long de son bras droit. « Quand on charge, on pousse et sincèrement j'ai poussé avec les mains quelqu'un qui venait sur notre ligne d'action lors de notre progression et qui se trouvait sur ma droite », constate-t-il, se disant « de bonne foi ».

Le procureur de Nice revient sur ses déclarations

Interrogé une première fois le 25 mars, le major V avait d'abord nié les faits. « Nous avons chargé, donc effectivement nous avons poussé les personnes devant nous, moi je me rappelle avoir poussé un homme sans pouvoir vous le décrire. Il n'y avait pas de femme devant moi. C'est après la charge en me retournant que j'ai constaté qu'une femme était à terre et que des collègues formaient une bulle pour la protéger autour d'elle. »

La volte-face du policier a obligé le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, à lui-même contredire ses premières déclarations. Le magistrat avait d'abord affirmé que la manifestante n'avait eu « aucun contact direct » avec la police, qu'elle avait « chuté en arrière dans le mouvement de foule ».

Dans cette affaire, le procureur avait déjà été critiqué pour avoir confié l'enquête à la sûreté départementale dont la cheffe est à la ville la compagne du commissaire, chargé ce jour-là de coordonner les opérations de maintien de l'ordre. Jean-Michel Prêtre avait reconnu être « au courant » de ce lien privé, sans voir « en quoi il pouvait poser problème ». Depuis, il a ouvert une information judiciaire pour « violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique » et saisi cette fois l'IGPN. Michel V. devrait être réentendu par « la police des polices ».