Alors que la tension est à son comble à Deraa, à 5 kilomètres de la frontière avec la Jordanie, Damas aurait décidé de fermer lundi sa frontière avec le Royaume voisin. La décision a été annoncée par le ministre jordanien de l'Information, Taher Adwan, cité par l'agence Petra, quelques heures après une intervention massive des forces de sécurité syriennes faisant plusieurs morts à Deraa. Elle a cependant été démentie par les autorités de Damas.

Après les manifestations étouffées dans le sang, dimanche après-midi, dans le nord-ouest du pays, la répression meurtrière se poursuit dans le sud. A Deraa, des centaines de membres des forces de sécurité ont investi la ville au petit matin pour endiguer la contestation. Un militant des droits de l'homme, joint au téléphone par l'AFP, faisait état d'au moins 25 morts. Cette ville, berceau de la contestation, continuait de subir, lundi après-midi, selon ce témoin « un pilonnage intensif à l'artillerie lourde et aux mitrailleuses », alors que des tireurs étaient postés sur les toits. L'homme ajoutait que «d'autres corps gisaient toujours dans les rues». Les explosions et tirs pouvaient être entendus lors de la conversation téléphonique.

Un peu plus tôt dans la journée, un autre militant décrivait déjà une situation très tendue. «Les minarets des mosquées lancent des appels au secours, expliquait-il. Les forces de sécurité sont entrées dans les maisons. Il y a un couvre-feu et ils tirent sur ceux qui sortent de chez eux. Ils ont même tiré sur les réservoirs sur les toits pour priver les gens d'eau». Dans la matinée, d'autres militants avaient évoqué l'arrivée de « plus de 3 000 » membres des forces de sécurité, appuyés par des blindés. « Des snipers ont pris position sur les toits et les chars sont dans le centre ville », expliquait déjà l'un d'entre eux.

Toujours d'après les militants des droits de l'homme, des raids des services de sécurité étaient également en cours à Douma et al-Mouadamiyeh, près de Damas.

L'appel des Nations-Unies à « l'arrêt immédiat des tueries »

Le régime du président Bachar al-Assad, malgré l'annonce de réformes - abrogation de la loi d'urgence et des tribunaux d'exception - persiste à réprimer les manifestations, qui ont débuté le 15 mars. Les services de sécurité ont mené une vague d'arrestations ces derniers jours dans les rangs des opposants. Wissam Tarif, qui dirige un groupe syrien de défense des droits de l'homme basé à Séville et appelé Insan, a indiqué dimanche que 221 personnes avaient disparu en Syrie depuis vendredi.

Selon le Wall Street Journal, Washington se prépare à appliquer des sanctions à l'encontre de hauts responsables proches du président syrien qui supervisent actuellement la violente répression. Tommy Vietor, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a évoqué lundi des «sanctions ciblées» «pour réagir à la répression et montrer clairement que ce comportement est inacceptable».

La situation a également fait réagir la haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay. « Les forces de sécurité doivent immédiatement arrêter les tirs à balles réelles contre les manifestants », a-t-elle souligné dans un communiqué. La Haut Commissaire a précisé avoir reçu une liste avec les noms de 76 personnes tuées vendredi pendant des manifestations pacifiques, mais a ajouté que le nombre des tués pourrait être «considérablement plus élevé».