Policiers et maîtres nageurs ont déjà retrouvé 360 jeunes mineurs égarés sur les plages de Marseille depuis le début des vacances. Ils déplorent le défaut de surveillance des parents.

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© LP/Matthieu de MartignacDepuis le début de la saison balnéaire, 360 enfants égarés ont été restitués à leur famille par des policiers ou des maîtres nageurs de Marseille.
C'est à la fois un cri d'alarme vis-à-vis des parents et un coup de gueule qu'ont poussé vendredi les policiers en charge de la surveillance des plages extrêmement fréquentées de Marseille. Depuis le début de la saison balnéaire, 360 enfants égarés, souvent en très bas âge, ont été restitués à leur famille par des policiers ou des maîtres nageurs de la ville, et deux ont été sauvés in extremis de la noyade.

Au point que cette année et pour la première fois, des annonces audio, demandant aux parents de surveiller leurs enfants et de les munir de brassards, sont diffusées régulièrement par les haut-parleurs. Un service de bracelet portant le nom de l'enfant et un numéro de téléphone est même désormais proposé aux postes de secours.

« C'est une situation grave, insupportable et totalement anormale, on a déjà récupéré deux fois plus d'enfants qu'il y a deux ans. Si on continue comme ça, on sera à 600 ou 700 enfants perdus à la fin de la saison », déplore le commandant Frédéric Vidal, adjoint opérationnel au commissaire central de Marseille.

« Il faut que les parents qui ne s'en rendent pas compte comprennent que la plage est un espace dangereux : un gamin peut se noyer dans 5 cm d'eau, mais il y a aussi des enlèvements ou des tentatives, on en a connu l'an dernier. Sans compter des pédophiles qui filment ou prennent des photos des mineurs. On en a arrêté deux en juillet dans la calanque de Sormiou, ils sont aujourd'hui écroués ».« Il faut éduquer les parents »

La police marseillaise a commencé à se pencher il y a trois ans sur les chiffres de ces enfants égarés, et depuis ils ne cessent de grimper. Policiers, maîtres nageurs mais aussi éducateurs de rue sillonnent désormais les plages les plus populaires pour faire de la prévention. La police doit également rencontrer à la rentrée les services du parquet de Marseille pour mettre en place des sanctions et des poursuites pour « délaissement d'enfants ».

« Quand on laisse comme on le voit souvent des petits de 2 ou 3 ans sous la surveillance d'enfants de 7 à 8 ans, que voulez-vous qu'il se passe ? C'est totalement irresponsable », poursuit le commandant Vidal. « On ne laisse pas son enfant seul dans l'eau pendant qu'on pianote sur son téléphone portable ! Il faut éduquer les parents pour qu'ils comprennent le danger ».

Responsable du poste de secours de la plage de Corbières dans les quartiers nord de Marseille, le brigadier Michaël Pretre a sauvé dimanche dernier avec la maître nageur Noélie Maurel une enfant de 8 ans qui ne savait pas nager et qui « faisait le bouchon ». En arrêt cardio-respiratoire, elle a été réanimée de justesse grâce à un sac à oxygène et un massage cardiaque avant d'être sa prise en charge par le Samu. Elle avait été confiée par ses parents à des voisines adolescentes qui s'étaient installées plus loin à l'ombre et dont l'attention s'était relâchée.

« Clairement de l'inconscience »

« C'était clairement un défaut de surveillance, ce groupe d'enfants était livré à lui-même, sans même une paire de brassards. Personne ne s'est rendu compte qu'elle se noyait », raconte-t-il. « Cela fait treize ans que je suis en poste, on a ce genre d'accidents tous les étés et cela augmente. Le pire c'est que parfois, quand on alerte les parents, ils nous répondent que c'est à nous de surveiller les enfants. C'est clairement de l'inconscience ».

« C'est vrai qu'il y a beaucoup de monde sur les plages et que les enfants vont vite », témoigne Marie, une grand-mère avec sa petite-fille sur la plage du Prophète. « C'est aux adultes d'être attentifs, c'est quand même une règle de base ! »