C'est la rentrée pour les Gilets jaunes. Pour le 43e samedi d'affilée ce 7 septembre, ils se sont mobilisés dans de nombreuses villes du pays. Une mobilisation qui contraste nettement avec celle, plus faible, de l'été, et qui a été marquée par des heurts à Montpellier et à Rouen.
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© Pascal Guyot Source: AFPUne voiture de police brûle en marge d'une manifestation des Gilets jaunes, le 7 septembre 2019, à Montpellier, dans le sud de la France
A Montpellier, ils étaient entre 1 500 (selon la préfecture) et 3 000 manifestants (selon les organisateurs) à se rassembler dans le centre-ville après un appel «national» à manifester dans cette ville dans laquelle la mobilisation est forte depuis le début du mouvement.

«C'est la rentrée des Gilets jaunes ! », s'enthousiasmait Odile, aide-soignante, citée par l'AFP, tandis que ses camarades entonnaient en chœur sur les marches de l'Opéra Comédie: « On est là, même si Macron ne veut pas ! » ou scandaient : « Révolution ! »


Les statues de la fontaine des Trois Grâces, emblématiques de la place de la Comédie, ont été recouvertes d'un gilet jaune et d'une banderole « ADP-FDJ, La France n'est plus à vendre », en référence à la privatisation annoncée des Aéroports de Paris et de la Française des jeux. Plusieurs dizaines de manifestants ont ouvert des parapluies en hommage aux manifestants de Hong Kong.


Vers 15h, des cafés sur la place de la Comédie ont dû replier leurs terrasses dans l'urgence après des jets de projectiles, alors que le cortège remontait vers la préfecture, traditionnel lieu d'affrontement depuis le début du mouvement.

Des incidents ont vite éclaté avec les forces de l'ordre, notamment en face de la gare, avec des jets de projectiles de la part de certains manifestants casqués et cagoulés, habillés de noir, et des tirs de gaz lacrymogènes de la part des forces de l'ordre déployés devant l'édifice pour en interdire l'accès.

La préfecture a fait état de deux interpellations pour « ets de projectiles, engins incendiaires et possession de couteaux ». Une voiture de police a été incendiée et selon ces images, des Gilets jaunes seraient vite intervenus pour éviter une propagation du feu dans l'immeuble adjacent.


En fin d'après-midi, les forces de l'ordre ont actionné les canons à eau pour disperser les manifestants.

Heurts à Rouen

A Rouen en Normandie, la manifestation des Gilets jaunes, soutenue par la CGT de Seine-Maritime, a également connu quelques heurts, conduisant à 26 interpellations, a appris l'AFP auprès de la préfecture.


Le préfet de la région Normandie avait pris un arrêté interdisant toutes manifestations et rassemblements en centre-ville de Rouen samedi de 10h à 22h, comme c'est le cas depuis le début du mouvement des Gilets jaunes dans une ville où cette fronde sociale a été particulièrement vive.


« Les manifestants ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre. Des sommations ont été faites et il y a eu l'utilisation de gaz lacrymogènes en réponse aux jets de projectiles, les manifestants ont été éconduits et remis à l'extérieur du périmètre », a déclaré le sous-préfet de permanence, Jean-Eric Winckler, sans vouloir préciser le nombre de manifestants présents ce 7 septembre à Rouen.

Selon la même source, il y a eu 21 verbalisations et deux interpellations en flagrant délit pour des « actes caractérisés » contre les forces de l'ordre. Comme on peut le voir sur ces photos de France Bleu Normandie, des vitrines ont été brisées.

Dans un communiqué appelant à manifester, l'union départementale CGT de Seine-Maritime avait déclaré agir «pour l'unité des salariés et des jeunes afin de résister à Macron, aux patrons et à leurs plans destructeurs».

Bordeaux : les Gilets jaunes rejoignent les pompiers

A Bordeaux, des dizaines de Gilets jaunes ont rejoint un temps les pompiers qui manifestaient dans l'après-midi près du Parc des Expositions où se tient sous très haute surveillance policière, pendant deux jours, le campus des territoires de la République en Marche. Notre reporter Lilaafa Amouzou a rencontré certains d'entre eux.

« Ils refusent de nous recevoir pour pouvoir débattre alors que c'était l'occasion, puisque le président de la République a parlé d'une République apaisée, d'enterrer la hache de guerre, eh bien malheureusement ils choisissent de retrancher », regrette un manifestant.

Dans l'impossibilité d'approcher du lieu où se tenait la réunion du parti LREM, les Gilets jaunes ont alors retrouvé le cortège traditionnel des samedis en centre-ville. Ils étaient plusieurs centaines à manifester, au hasard des rues, surveillés là aussi par un important dispositif policier.

Pour Myriam, une Gilet jaune rencontrée par notre reporter, les manifestants sont retranchés dans les quartiers modestes des villes. « Toutes les rues des quartiers riches nous sont interdites. On nous balance systématiquement dans les quartiers pauvres», déplore-t-elle.


Mobilisation à Paris, Toulouse, Lille, Strasbourg, Lyon

A Toulouse également, comme chaque semaine, les Gilets jaunes étaient présents dans le centre-ville et ils étaient parfois contraints de slalomer entre les voitures. Le cortège était bien plus important que les derniers samedis, traduisant selon de nombreux manifestants une «reprise» de la mobilisation.


A Lille, quelque 650 manifestants selon une source policière, 1 500 selon des représentants des Gilets jaunes, défilaient dans une ambiance bon enfant, derrière une banderole annonçant la « rentrée sociale ». A Strasbourg, environ 350 Gilets jaunes selon la préfecture manifestaient depuis la mi-journée dans le centre-ville.

A Paris, seuls quelques dizaines de manifestants ont tenté de se rassembler sur les Champs-Elysées, qui restent interdits aux manifestations. Les forces de l'ordre déployées dans le quartier ont verbalisé 55 personnes, dont Eric Drouet, l'un des initiateurs du mouvement qui a expliqué au micro du journaliste Clément Lanot comment il a été empêché des heures durant d'approcher des Champs-Elysées.


Un autre petit cortège s'est formé en début d'après-midi, autour des Invalides et la préfecture a annoncé avoir procédé à des interpellations sans préciser le nombre dans l'immédiat. A Lyon, des centaines de Gilets jaunes sont descendus dans les rues. Des heurts ont éclaté entre des manifestants et les forces de l'ordre, qui ont eu recours au gaz lacrymogène pour disperser la foule.