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Après la victoire du président bolivien Evo Morales à l'élection présidentielle, des manifestations de l'opposition, qui refuse de reconnaître les résultats, ont viré à l'émeute. Des bâtiments gouvernementaux ont été incendiés ou saccagés.

De violents heurts entre les forces de l'ordre et les opposants à Evo Morales ont éclaté dans plusieurs villes du pays ce 22 octobre, après la publication des résultats préliminaires de l'élection présidentielle bolivienne. Le président sortant Evo Morales remporte en effet le scrutin dès le premier tour, avec plus de 40% des voix. Il s'est réjoui de sa victoire, tout en déclarant que « le plus important [était] d'obtenir une majorité absolue à la chambre des députés et des sénateurs », mais estimant que ce score était le « résultat de la conscience du peuple bolivien ». Toutefois, les résultats ont été annoncés après une suspension pendant 24 heures du décompte par le Tribunal suprême électoral bolivien (TSE) le soir des élections, ce qui est assimilable selon les opposants du président de gauche, à une fraude.


Au cours de la soirée du 21 octobre, la page web du Tribunal suprême électoral bolivien (TSE) donnait en effet Evo Morales en tête, avec un écart de plus de 10% sur son principal rival, soit un score suffisant pour s'imposer dès le premier tour. Mais les premiers chiffres annoncés avant la suspension du décompte, sur la base de 84% des bulletins, laissaient peu de chances à Evo Morales, déjà en tête, de l'emporter dès le premier tour. Un incident qui a suscité des accusations de fraude de la part du centriste Carlos Mesa, arrivé second. Ces accusations ont également été reprises par l'Organisation des Etats américains (OEA, dont le siège est situé à Washington), qui avait déployé des observateurs sur place.

Niant catégoriquement ces allégations, le gouvernement bolivien a proposé aux observateurs de vérifier « un à un » les procès-verbaux des élections. Le ministre des Affaires étrangères Diego Pary a fait savoir que la Bolivie demandait « que soit établie, au plus vite, une commission pour mener un audit de tout le processus de décompte officiel des votes des élections du 20 octobre », afin de lever les doutes de l'opposition.

Scènes d'émeutes dans les rues

A Sucre (sud-est), la capitale constitutionnelle, des individus ont mis le feu au tribunal électoral départemental. Le local de campagne du parti au pouvoir (le Movimiento al socialismo, MAS) a par ailleurs été saccagé à Oruro (ouest). Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre se sont en outre produits à La Paz (ouest) et Potosi (sud-ouest), et des incidents ont été signalés dans les villes de Tarija (sud), Cochabamba (centre) et Cobija (nord) où la police a dispersé les manifestants.




Parallèlement aux manifestations, un appel à la grève illimitée à partir du 22 octobre a été lancé par Fernando Camacho, président de l'influent Comité Pro-Santa Cruz (est du pays). Cette organisation de la société civile, fondée en 1950, regroupe des représentants des quartiers, des commerces, des transports et des chefs d'entreprises de la plus grande ville de Bolivie.