Le gouvernement par intérim autoproclamé de Bolivie a accusé ce 22 novembre l'ancien président Evo Morales, en exil au Mexique, de « sédition et de terrorisme », pour avoir incité, selon lui, ses partisans à mettre en place des blocages autour de La Paz dans un enregistrement diffusé par les autorités. « Nous demandons la peine maximale pour sédition et terrorisme », a déclaré le ministre de l'Intérieur, Arturo Murillo, aux médias à la sortie du parquet où il venait de déposer plainte.
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© EFEJeanine Áñez et Evo Morales
Dans la matinée du 20 novembre, le ministre de l'Intérieur avait diffusé devant la presse l'enregistrement d'une conversation téléphonique qu'il a présentée comme étant celle d'Evo Morales s'adressant à un leader du mouvement de protestation. « Ne laissez aucune denrée alimentaire dans les villes, nous allons tout bloquer et encercler [les villes] », dit la voix que le ministre a attribué à l'ancien président indigène. Cet ordre, a poursuivi le ministre, « est un crime contre l'humanité ». « Dans les prochaines heures, nous allons porter plainte devant les instances internationales », a-t-il averti.

La diffusion de cet enregistrement intervient alors qu'une pénurie d'aliments se fait sentir dans les magasins et les restaurants de La Paz en raison des blocages de routes qui mènent aux régions agricoles de la Bolivie, dans le centre et l'est du pays.

Mais Evo Morales a rapidement rejeté les accusations portées par le ministre de l'intérieur à son encontre, via son compte Twitter. « Au milieu de tant de mensonges et d'accusations, ils tentent de nous confondre », a-t-il écrit. «Ils ont dit que j'étais déjà en Bolivie, que des soldats russes étaient dans mon pays pour mon arrivée. Maintenant, ils m'accusent avec des montages dans le cadre de cette campagne », a ajouté le dirigeant en exil au Mexique.


Dans un autre tweet, il a accusé : « Ceux qui doivent s'inquiéter de la Cour pénale internationale sont Añez et Murillo [ses opposants], pour les crimes contre l'humanité qu'ils commettent, en ordonnant à l'armée d'assassiner mes sœurs et mes frères, en essayant de couvrir ces crimes à l'aide d'un décret illégal. » Comparant sa situation avec celle d'autres dirigeants latino américains, Evo Morales a dénoncé dans un troisième message un montage fait pour lui intenter « un procès international ». « Faire appel à la manipulation judiciaire pour emprisonner des dirigeants anti-impérialistes, de gauche et progressistes a déjà été fait avec Lula, Cristina et Correa », a-t-il rappelé, évoquant ses anciens homologues brésilien, argentine et équatorien, tous trois visés par des enquêtes dans leur pays.


Evo Morales, premier président indigène de Bolivie, a démissionné le 10 novembre sous la pression de manifestations de l'opposition et après avoir été lâché par l'armée. Il est ensuite parti en exil au Mexique. Depuis sa démission, ses partisans manifestent quotidiennement dans les rues de La Paz et dans certaines villes de province.