Selon Le Parisien, Emmanuel Macron a décidé de renoncer à la « retraite » à laquelle a droit un président de la République à l'issue de son ou ses mandats. De quoi susciter les réactions de la classe politique, et notamment de la gauche, qui s'indigne.
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L'opposition fustige une décision démagogique, La République en Marche saluant pour sa part un président « exemplaire » : les révélations du Parisien ce 21 décembre sur la décision inédite d'Emmanuel Macron de renoncer à sa « retraite » de président - de l'ordre de 6 000 euros brut par mois - ont fait réagir la classe politique ces 21 et 22 décembre.

Parmi les réactions les plus virulentes à l'égard de ce choix, celles l'opposition de gauche, dont la France insoumise, qui en profite pour tacler son projet de réforme des retraites.
« Pour E. Macron son "régime extrêmement spécial" serait donc comparable à celui des cheminots et des agents RATP ? Et dans la mesure où il y renonce, ils devraient faire de même ? En fait, il y a dans ce zeste de "Je suis comme vous" un mépris sidérant...», a écrit le député LFI de Sainte-Saint-Denis, Alexis Corbière.

L'eurodéputée insoumise Manon Aubry établit, elle, un parallèle entre le salaire du président lors de son passage à la banque Rothschild et la retraite des Français après la réforme. « Vous qui aurez des retraites de misère, de quoi vous vous plaignez ? Suivez l'exemple du roi ! ( Qui lui a plein de points dans se besace grâce à la banque Rothschild ! )», a-t-elle écrit sur Twitter.


Même constat pour l'élu du 93 Bastien Lachaud, qui pointe du doigt la rémunération touchée par Emmanuel Macron dans le privé. « Facile d'annoncer ça avec 1,5 million d'euros chez Rothschild. Ça en fait des points d'avance... Sans compter ceux qui viendront après sa présidence pour bons et loyaux services rendus à la finance », a-t-il twitté.


Du côté du Parti communiste, on partage les critiques des Insoumis. Pour le député du Nord Fabien Roussel, « renoncer à sa retraite de 5000€ à 45 ans, c'est un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre ! 2,4 M€ de salaire chez Rothschild en 18 mois, suppression de l'ISF... ». Ce tweet a notamment été partagé par l'élu communiste de Paris, Ian Brossat.


Chez les socialistes, on salue la décision d'Emmanuel Macron de renoncer à ses 6 000 euros bruts mensuels à l'issue de sa présidence, sans oublier de tacler la réforme des retraites. « Que le président renonce à l'un de ses privilèges, très bien. Mais la retraite des Français n'en est pas un. Le montant de leur pension doit leur être garanti sans nouvel allongement de leur durée de cotisations », a dit le patron du PS, Olivier Faure.


Le RN discret, LR muet A droite, les critiques sont plus rares. Le délégué national du RN, Jean Messiha, se félicite d'avoir été « entendu » par le chef de l'Etat. « Il y 10 jours, je dénonçais ceux qui imposent des retraites de misère aux autres, tout en s'octroyant des retraites somptuaires. J'ai été entendu : Macron renonce à la sienne (mais vivra quand même confortablement des millions gagnés chez Rothschild) », a-t-il écrit.


Le trésorier du parti Wallerand de Saint-Just se contente pour sa part d'appeler à la démission du chef de l'Etat, sans évoquer sa décision sur le fond.


Chez LR, silence radio. Les cadres du parti sont restés muets ces 21 et 22 décembre.

LREM loue « l'exemplarité » de Macron

S'il y a un parti qui a salué ce renoncement à toucher une retraite de président, il s'agit, sans surprise, de La République en Marche. Le député LREM Eric Bothorel a par exemple qualifié d'« exemplaire » le président.


Le questeur de l'Assemblée, Florian Bachelier, a loué ce qu'il estime être une forme de cohérence. « Les mots, les actes. Comme les députés, le président renonce à sa retraite », a-t-il twitté. Son message a d'ailleurs été relayé par de nombreux élus macronistes.

Outre le choix de ne pas toucher le montant alloué aux présidents à la fin de leur(s) mandat(s), l'Elysée a également souligné qu'Emmanuel Macron souhaitait renoncer, en tant qu'ancien président, au siège de membre de droit du Conseil constitutionnel, à vie, dont bénéficient les anciens présidents de la République et qui s'accompagne d'une indemnité mensuelle de 13 500 euros. Reste à savoir si ce coup de communication calmera la colère des grévistes opposés à la réforme des retraites. Pour l'heure, une nouvelle journée d'action nationale et interprofessionnelle est prévue le 9 janvier.