world controllers, elite control
Les élites ont un programme très simple : faire en sorte que rien ne change, et que les classes moyennes le restent. Et pour cela, elles ont des méthodes efficaces...

Les élites, la classe du pouvoir, ne veulent pas montrer, éduquer. Ils veulent dissimuler, convaincre, manipuler. Leur parole, mille fois répétée, traverse le prisme d'un programme bien défini - voilà ce pour quoi le public et les médias vivent, vibrionnent, comme je le dis souvent, dans la bouteille, comme des mouches.

Prenons un exemple : il existe une sorte de cheville ouvrière ou de pierre angulaire de l'échafaudage intellectuel destiné à vous arnaquer, vous la classe moyenne non ultra-riche.

Je parle des taux d'intérêt nuls ou négatifs.

Les élites veulent vous faire croire que c'est naturellement que les taux sont nuls ou négatifs ; elles ont inventé un mythe du taux naturel r* qui serait nul ou négatif parce que la croissance à venir dans les prochaines années serait durablement faible.

Suivez-moi bien.

Donc...

On pose que la croissance va être nulle ou réduite... donc il y a peu d'occasions d'investissement... donc il y a un excès d'épargne... donc la rémunération de l'épargne doit être nulle ou négative... et le tour est joué.

Bien entendu, ce qui est ainsi posé - par l'économiste et ex-secrétaire au Trésor US Lawrence Summers, notamment - est une idiotie tautologique : on pose que la croissance va être durablement faible pour en tirer la conclusion que les taux doivent être nuls !

Cela permet de mener des politiques monétaires non-traditionnelles pour... réduire les taux, faire des QE et arroser de crédit gratuit. On dit que le taux naturel est nul... pour mettre les taux artificiellement à zéro.

Grace à cette tautologie / construction parallèle, on peut annuler la rémunération de l'épargne des classes moyennes et faire en sorte de détruire leurs économies ; on rend gratuit le coût d'accès à cette manne !

Au profit de qui ? Au profit des emprunteurs, c'est-à-dire les gouvernements, les spéculateurs boursiers, les banques et les déjà riches.

En clair, on empêche le petit peuple de capitaliser, de tirer profit de sa prévoyance, d'accumuler - pour que les autres, les gros, les proches des pouvoirs, eux, puissent soit continuer à s'endetter soit continuer à capitaliser... et bien vivre !

Y aura-t-il une opération vérité ?

Il n'y pas plus de taux naturel que de beurre en branche, surtout dans un système de monnaie de crédit où ce dernier est donné, bradé, illimité. Les crédits créent les dépôts : on ne prête pas à partir de ressources disponibles, on avance en marchant, on crée les ressources pour prêter... en prêtant.

Il n'y a aucune fatalité de croissance lente ou ralentie, comme les élites le prétendent. S'il faut se résoudre à une croissance faible et donc à une inflation faible, c'est parce que le système, les gouvernements, les banquiers, les ultra-riches sont surendettés : il y a un boulet dans le système, ils ont besoin de taux faibles pour rester solvables.

Un point c'est tout.

Si on laissait la croissance prendre de la vitesse, la tension réapparaîtrait sur les ressources, sur le partage des ressources. Les prix accéléreraient, l'inflation aussi, les taux également. La pyramide de dettes s'effondrerait, et avec elle la pyramide des produits dérivés !

La cause ou plutôt la raison des taux bas, nuls et négatifs est inscrite dans les bilans : c'est le surendettement. Si les taux montaient le coût des dettes ferait s'écrouler tout l'édifice. Cela ruinerait le capitalisme fictif, le capitalisme financiarisé.

Les taux sont bas parce que s'ils étaient élevés ou normaux, les bilans n'y résisteraient pas. La cause des taux bas, en dernière analyse, c'est... le surendettement incorporé dans les bilans.

Les taux sont bas parce qu'il faut préserver l'ordre social : les riches doivent rester riches, les dominants doivent dominer, les classes moyennes ne doivent jamais devenir supérieures.

La croissance est faible parce que le système a un boulet qui l'empêche d'avancer : le stock de dettes.

Faites comme je le soutiens : luttez contre le surendettement, restaurez la santé des bilans, nettoyez les dettes, augmentez les fonds propres - et vous ferez disparaître le besoin objectif de taux nuls ou négatifs.

Restructurez les bilans, euthanasiez les dettes excessives, non-remboursables, celles qui entretiennent les zombies. Faites une opération vérité, sortez des fictions comptables, et vous verrez les taux redevenir normaux, comme ils l'étaient avant dans l'Histoire.

Mais pour cela, il faut transférer, il faut faire le contraire de ce que font les élites et leurs gouvernements : il faut restructurer les dettes, ruiner certains détenteurs de capital fictif et forcer le monde capitaliste à remettre des fonds propres dans le système au lieu d'en retirer par les rachats d'actions, le private equity et les dividendes.

En prime, un petit graphique juste pour l'image !

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Bruno Bertez est né en septembre 1944. Patron d'un groupe de presse spécialisé dans l'économie et la finance, il fonda le quotidien La Tribune en 1985. Il écrit régulièrement dans le quotidien des affaires suisse L'Agefi, ainsi que sur son blog personnel, consultable ici : https://brunobertez.com/