Commentaire : L'article original a été publié le 29 janvier 2020.
Au total, 6 053 personnes ont été infectées dans le monde, l'Allemagne confirmant ses trois premiers cas ainsi que la France. Aux États-Unis, bien qu'il n'y ait que cinq cas confirmés, plus de 100 personnes dans 22 États sont sous surveillance. Il y a un cas confirmé au Canada.
Les révélations des autorités chinoises ont provoqué la panique sur les marchés boursiers lundi, lorsqu'elles ont révélé qu'environ 5 millions d'habitants avaient quitté Wuhan avant l'application de la fermeture de la ville. Les responsables de la santé et les épidémiologistes prévoient qu'il pourrait y avoir un individu infecté pour 500 à 600 personnes. En d'autres termes, près de 9.000 personnes qui ont quitté Wuhan risquent de se trouver infectées du virus sans le savoir.
Les modèles épidémiologiques construits par le Centre MRC d'analyse des maladies infectieuses mondiales (MRCGIDA - MRC Centre for Global Infectious Disease Analysis) indiquent qu'en moyenne, chaque cas a infecté 2,6 autres personnes. Cela signifie que les mesures de contrôle doivent bloquer plus de 60 pour cent des transmissions pour être efficaces afin d'endiguer l'épidémie.
Lors d'une conférence de presse tenue dimanche, le maire de la ville de Wuhan, Zhou Xianwang, a déclaré que les responsables de la santé ont averti que la capacité du virus à se propager se renforçait. Ma Xiaowei, la ministre en charge de la Commission nationale de la santé (NHC) en Chine, a approuvé ces spéculations lors d'une conférence de presse lundi:
« Des signes montrent que le virus devient plus transmissible. Ces "agents contagieux ambulants" [porteurs asymptomatiques du virus] rendent le contrôle de l'épidémie beaucoup plus difficile ». Dans une autre déclaration, le ministre Xiaowei a déclaré: « L'épidémie entre maintenant dans une période plus grave et plus complexe. Il semble qu'elle va se poursuivre pendant un certain temps, et le nombre de cas pourrait augmenter ».Au cours de la pandémie de coronavirus du SRAS, qui a débuté en novembre 2002 et s'est poursuivie jusqu'en juillet 2003, 8 098 infections avaient été confirmées et 774 décès furent signalés dans 17 pays, la majorité en Chine continentale et à Hong Kong. Cela correspondait à un taux de mortalité de 9,6 pour cent. En moins d'un mois, l'épidémie actuelle a touché plus de 5 500 personnes et dépassera certainement celles touchées par le coronavirus du SRAS, ce qui met en évidence la rapidité de propagation et l'aspect contagieux de cette épidémie. Le taux de mortalité dans l'épidémie actuelle s'élève à 2,35 pour cent.
Plus de 13 villes chinoises se trouvent dans une situation de « confinement essentiel », affectant plus de 56 millions de personnes. Les efforts déployés par la Chine pour tenter d'endiguer une épidémie de cette ampleur ont suscité des réactions mitigées.
Le directeur du « Johns Hopkins Center for Health Security » a déclaré, parlant au New York Times:
« Si vous continuez à mettre en quarantaine de plus en plus d'endroits en Chine, vous allez commencer à rompre l'interaction normale de la société. Cela comprend la circulation normale des biens et des personnes, des fournitures médicales, de la nourriture et des médicaments. Au niveau macro, cela me semble probablement plus nuisible qu'utile pour contrôler l'épidémie ».The Lancet a donné son aval au gouvernement chinois, le félicitant pour sa rapidité de réaction et le partage des données avec la communauté internationale. Ils ont également applaudi l'Organisation mondiale de la santé pour ne pas avoir cédé aux pressions qui visent à déclarer une urgence internationale sans raison valable.
Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est rendu en Chine lundi et a rencontré le président Xi Jinping à Pékin. Il a déclaré lors d'une conférence de presse:
« Nous apprécions le sérieux avec lequel la Chine prend cette épidémie. En particulier l'engagement des hauts dirigeants, et la transparence dont ils ont fait preuve, notamment en partageant les données et la séquence génétique du virus ».Afin de limiter les dégâts causés par les tensions croissantes qui se propagent sur les réseaux sociaux et d'information, le Premier ministre chinois Li Keqiang s'est rendu à Wuhan lundi en signe de soutien au personnel médical ; il a promis de livrer les fournitures médicales nécessaires. Ses actions ont suscité à la fois l'approbation et le dédain des citoyens locaux ; les médias occidentaux les ont qualifiées de manœuvres politiques pour apaiser des tensions croissantes.
Comme l'a déclaré un blogueur populaire de Wuhan, Luo Bin, sur YouTube, « il n'y a pas d'humeur festive cette fois-ci, c'est un peu comme si on traversait une épreuve au lieu de la nouvelle année ». Il a raconté les longues files d'attente pour l'approvisionnement dans les supermarchés suite à une pénurie alimentaire dans toute la ville.
Le professeur Yuen Kwok-Yung, titulaire de la chaire des maladies infectieuses à l'université de Hong Kong, avait indiqué que son équipe de recherche avait mis au point un vaccin contre le coronavirus de Wuhan ; mais il a dit aux journalistes qu'il faudrait de plusieurs mois à un an pour mener les essais nécessaires sur des animaux, puis les essais cliniques sur les humains.
Les scientifiques chinois et américains se livrent une course pour produire un vaccin. Les Chinois ont indiqué qu'ils pourraient avoir un vaccin prêt en un temps record de 41 jours. Le Dr Yuen craint que les efforts des scientifiques chinois pour accélérer la mise au point d'un vaccin n'entraînent des risques et des complications majeurs pour la santé, et pourraient aggraver la maladie si les gens sont exposés au coronavirus après avoir reçu le vaccin. Il a expliqué que de telles réactions avaient déjà été rapportées pour des vaccins contre des coronavirus.
Ce qui est le plus nécessaire dans l'immédiat, c'est une réponse internationale pour fournir l'aide nécessaire et les fournitures médicales que les autorités locales continuent à demander. Compte tenu de l'augmentation exponentielle des taux d'infection, l'expérience préliminaire indique qu'environ 20 pour cent des personnes touchées auront besoin de soins médicaux importants - oxygène, surveillance des signes vitaux, éventuellement l'assistance respiratoire, voire dans certains cas l'admission aux soins intensifs. Ces ressources ne sont pas faciles à obtenir et, même dans les grands centres, l'accès sera bientôt épuisé. Potentiellement, des symptômes légers à modérés pouvant être gérés de manière conservatrice peuvent tourner à la catastrophe pour les patients dont l'accès aux soins est limité par le manque de ressources.
Fondamentalement, ce sont les pauvres et les plus vulnérables qui paieront le prix le plus lourd, car une mauvaise nutrition, une mauvaise hygiène et un accès insuffisant aux soins auront un impact très lourd sur leur espérance de vie.
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