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Me Myriam Unal, avocate de Nicolas, 18 ans, est finalement parvenue à l'apaiser. PHOTO E. F.
Un toxicomane de dix-huit ans devait être jugé en comparution immédiate (procédure expéditive réserve aux flagrants délits) devant le TGI de Bayonne. On lui reprochait des vols à l'arraché.

Le président du TGI de Bayonne, Alain Tessier-Flohic, est un homme qui ne badine ni avec l'ordre, ni avec la justice : comme le prévenu, en manque, hurlait et se débattait dans la cellule où il était gardé à vue, le magistrat a tout simplement ordonné à l'escorte policière de l'asperger avec du gaz lacrymogène ! Dont acte : quand on donne à la police l'ordre de torturer un prévenu, elle ne se le fait pas dire deux fois...

Et elle n'y va pas avec le dos de la cuiller, la police ! D'après la journaliste de Sud-Ouest qui rapporte cette affaire, "la dose de gaz lacrymogène administrée au détenu n'a manifestement pas été dosée. Ceux qui l'approchent sont pris de picotements des yeux, d'irritations de la gorge. La salle d'audience a des relents de manifestation qui aurait mal tourné. Le grand-père du prévenu a les yeux rougis".

Heureusement, la présidente d'audience, Marie-Hélène Ville, a réagi immédiatement en suspendant l'audience et en appelant les services médicaux d'urgence. Que soit saluées ici l'intégrité et l'humanité de ce magistrat.

Interrogé sur l'affaire, Alain Tessier-Flohic ne voit pas pourquoi on fait tant d'histoire : "on pouvait soit le ramener à la raison, soit lui faire administrer une piqûre par un médecin, mais, en ce cas, il n'aurait plus été en mesure de se défendre. Nous avons choisi une autre solution pour qu'il puisse comparaître : le gaz pour le neutraliser".
C'est clair, net, et, si j'ose dire, sans bavure : on pourrait penser cette dernière phrase tirée du livre de Littel, Les bienveillantes...

Marie-Hélène Ville n'a pas hésité, elle, à dénoncer une "affaire gravissime", des "procédés inhumains et dégradants",sans craindre d'affronter ainsi son supérieur hiérarchique : espérons que, la jugeant "agitée", il ne la gazera pas !

Ainsi vont de pair la justice et la polices ordinaires...