covid smiley
L'hypnose

L'hypnose n'a rien de magique. Le Petit Robert la définit comme un « état voisin du sommeil, provoqué par des manœuvres de suggestion, des actions physiques ou mécaniques, ou par des médicaments hypnotiques (catalepsie, magnétisme, narcose, somnambulisme, transe). Agir sous hypnose. Par analogie : état d'engourdissement ou d'abolition de la volonté, rappelant l'hypnose (envoûtement). Un auditoire en état d'hypnose (cf. sous le charme) ».

Il convient de bien retenir cette notion d'auditoire. Parce que nous devenons le public de quelque chose ou de quelqu'un à travers notre vue, au moyen de notre ouïe, et le plus souvent par le biais des deux à la fois. Étant ceux qui regardent, qui écoutent, nous validons inconsciemment notre rôle passif au sein de la narration, de l'événement, du spectacle ou du drame - quels qu'ils soient. Valider inconsciemment son rôle passif, revient à se synchroniser à son insu sur la narration. Un aparté ici pour préciser que la synchronisation, contrairement à ce qui est « vendu » par les spécialistes, ne peut en aucun cas être exclusivement le fait de celui qui parle, agit ou montre. Elle est aussi et irrésistiblement le processus inconscient de l'auditeur, puisque dès l'instant qu'il s'attache à écouter et à regarder, il s'appaire inconsciemment à la narration, au point parfois de fusionner avec elle...

C'est exactement ce qui fait dire à Pascal Brouard que « l'hypnose, c'est de la focalisation et la première chose sur laquelle se focalise le sujet, c'est la voix de l'hypnotiseur. Ainsi, par des modifications dans le timbre et le ton de sa voix, l'hypnotiseur parvient à provoquer des modifications dans l'état de conscience de celui qui l'écoute. Le choix des mots est important, le rythme également. [...]

Le meilleur hypnothérapeute du XXe siècle, Milton Erickson (psychiatre américain ayant inventé l'auto hypnose pour lutter contre les conséquences de sa poliomyélite), commençait toutes ses séances d'hypnose en disant "Ma voix vous accompagnera". Loin d'être une anecdote, cette phrase était tout à fait stratégique : cela lui permettait de dissocier sa voix de lui-même. La voix du thérapeute ne lui appartenant plus, d'une certaine manière cela lui permet de se rendre totalement invisible. »

Ici, c'est bien entendu cette notion d'invisibilité qu'il s'agit de noter. En devenant transparent, ce n'est plus l'hypnotiseur qui parle, mais l'auditeur qui entend une voix dans sa tête, une voix qui lui parle, qui l'entraîne, et qui pour finir lui donne des directives auxquelles il lui est d'autant plus facile de se soumettre, qu'il a préalablement validé son rôle passif : le "tour" est joué ! C'est en emmenant légitimement et naturellement le patient ou le public par la voix, que le patient ou le public se synchronise à l'orateur. Et c'est en suggérant, en organisant la suite de l'action, que l'orateur prend réellement le contrôle (leading).

Il se trouve que l'orateur, hors spectacle ou soins, c'est la voix qui sort du poste radio que l'on allume souvent sans y penser, histoire de rester informé, voire de « meubler ». Cette notion est importante, parce que s'agissant d'une télévision, elle aussi allumée par habitude, certains disent même que, bien qu'ils ne la regardent pas systématiquement, « ça fait une présence ». La télé, c'est ce rectangle si lumineux qu'il éclaire la pièce dans laquelle il trône et qui, à la manière d'une fenêtre, vous procure des décors aux couleurs éclatantes et toujours squattés par des êtres physiquement et intellectuellement parfaits (vos congénères les plus fameux), dont vous vous sentez proches tant ils vous sont familiers. En gros, la téloche, c'est ce truc électronique plat de quelques centimètres à plus d'un mètre carré de superficie - appelé smartphone, tablette, portable ou... télé. Pâle description d'une machine pourtant susceptible de conduire « à des phénomènes d'assujettissement comparables à ceux liés aux drogues dures » (infokiosques.net).

En 2017, comme en 2018 et 2019, le CSA observe que le « nombre moyen d'écrans par foyer permettant de regarder des vidéos se stabilise autour de 5,5 écrans. Les foyers ne consomment plus seulement les contenus audiovisuels depuis leur téléviseur, mais aussi sur leur téléphone, tablette ou ordinateur ». Bien que « le téléviseur reste la star des foyers métropolitains avec un taux de pénétration stable et voisin de 94 %. Ceux-ci sont de plus en plus connectables et connectés. Mi-2017, près des deux tiers des foyers disposaient d'un ou plusieurs téléviseurs connectables à internet ». Même s'il est « de bon goût dans les milieux éduqués de ne pas en avoir ou de la cacher, notamment de peur de ses conséquences pour le cerveau des jeunes enfants, selon l'Insee, 98 % des ouvriers sont équipés d'au moins un poste, contre 93 % des cadres supérieurs (Centre d'observation de la société) ». Quoique, comme nous venons de le voir, nul besoin d'un téléviseur pour regarder la télévision.

Par ailleurs il ne s'agit plus exclusivement du cerveau des jeunes : il devient difficile de ne pas discerner, à l'heure qu'il est, l'emprise des médias sur la population générale. Les journalistes savent finement moduler le ton de leur voix, l'accorder aux reportages qu'ils ont décidés de produire, et suggérer le pire - puisque le pire, malheureusement, c'est ce qui émeut le plus...

L'induction

De telles manœuvres de suggestions sont essentielles en hypnothérapie conversationnelle, laquelle se définit comme un « dialogue entre un hypnopraticien et son patient, en vue d'atteindre un objectif fixé. En hypnose conversationnelle, l'induction de l'état de conscience modifiée est "filée" c'est-à-dire peu manifeste, progressive et d'apparence non cadrée. Néanmoins, puisqu'il s'agit bien d'hypnose, cet état est nécessaire pour ensuite structurer une approche thérapeutique vers l'objectif thérapeutique fixé » (AntoineBioy). Cet objectif, c'est par exemple arrêter de fumer, juguler les insomnies chroniques, ou bien devenir insensible pour un instant à la douleur. L'induction, c'est alors cet « ensemble d'actions intentionnelles (suggestions et autres) dont l'objectif est de susciter ou de faciliter la survenue d'un état hypnotique ». Mais « si on la considère comme le processus par lequel on entre en état d'hypnose, alors force est d'admettre que l'induction se situe rarement où on la place » (Pascal Brouard). C'est une mise en confiance sur le ton de la conversation, mise en confiance devenant mise en condition à la faveur d'une relation orale tissée à la volée, grâce à un lien auditif de nature positive autant que spontanée. Cela revient à prendre calmement, doucement mais sûrement, le leadership.

S'agissant des soins, la star actuelle de l'hypnose de spectacle, Messmer (pseudonyme choisi en hommage à Franz-Anton Messmer, 1734-1815, médecin allemand fondateur du mesmérisme à l'origine de l'hypnose et des sciences psychosomatiques, héritier de Paracelse, précurseur de Charcot) précise : « l'hypnose était déjà dans les hôpitaux avant. J'ai déjà regardé des reportages qui datent des années soixante au Canada. J'y ai vu un dentiste calmer un patient et lui arracher une dent sous hypnose. L'hypnose a été oubliée avec le temps. »

Côté Covid, l'induction se réalisera donc après la journée de travail, sujets relâchés et bien au chaud dans un environnement familier, à savoir leur cuisine, leur canapé, leur lit - poste de télévision allumé dès la porte d'entrée franchie, et/ou plus tard au moment de préparer le dîner, et/ou de prendre l'apéritif, et/ou de manger, et/ou d'aller se coucher...

Car c'est forcément là, dans le confort douillet de nos logements suréquipés, que nous pouvons enfin nous permettre de détester notre vie civile, insensée « à force d'être morne et raisonnable et de brider les instincts » (Emmanuel Carrère, Limonov), pour enfin libérer notre addiction émotionnelle. Parfois, et à vrai dire de plus en plus souvent, il s'avère inutile de rechercher des séries mélodramatiques, des films d'horreur, d'action ou d'amour, puisque les JT nous offrent le tout sur un plateau.

L'induction Covid, commencée à bas bruit plusieurs semaines auparavant, s'accélérera alors progressivement, avec des images inouïes illustrant des expressions rocambolesques : « des milliers de morts » ; « une course contre la montre » ; « la situation devient critique »... Notre fascination pour les catastrophes, les guerres, les violences purificatrices et les fins du monde trouvera dès lors sa justification, attendu qu'elle a enfin été rattrapée par la réalité (même s'il est rationnel de se demander de quelles guerres peut-on bien vouloir parler, dans les pays les plus riches, les plus vieux et les plus obèses de la planète... ?).

De surcroît, chaque catégorie de personnels impliqués dans le nouveau mélodrame mondial jouera sa partition avec un enthousiasme à faire pâlir des comédiens de métier : journalistes, soignants, caissières, politiques... Sous les feux des projecteurs, ils vont tous s'en donner à cœur joie.

La séquence rapide, ou hypnose flash

Il est possible d'accélérer et/ou de renforcer une séquence d'induction hypnotique de plusieurs manières. Soit par un ancrage VAKOG, soit par l'engouement public (hypnose de spectacle), soit par les 2 à la fois (Messmer).

« L'ancrage est un déclencheur qui suscite une réaction automatique. On peut déclencher un réflexe conditionnel après un processus d'apprentissage. Pavlov démontra en 1902 le réflexe conditionnel en étudiant les fonctions gastriques du chien. Il a ainsi conditionné un chien à saliver à l'écoute d'une sonnette. Dans cette approche, la sonnette joue le rôle d'ancrage.

VAKOG est l'acronyme correspondant à nos cinq sens : Visuel - Auditif - Kinesthésique - Olfactif - Gustatif. Dans la plupart des situations, au moins ces trois sens sont mobilisés : visuel, auditif, kinesthésique (VAK). Dans les inductions, le principe de base de l'ancrage est qu'à un stimulus extérieur visuel, auditif ou kinesthésique, est associé un état intérieur (sensation, pensée, comportement). Exemple : Une mélodie particulière peut déclencher une émotion précise. Associé à la respiration, l'ancrage peut alors devenir un tremplin vers l'état modifié de la conscience.

Les différents ancrages sont :
  • L'ancrage visuel est l'ancrage de celui qui conceptualise en image. On peut par exemple, faire imaginer dans un souvenir, l'image d'un lieu qui dynamise ou apaise (lieu sécure).
  • L'ancrage auditif est un sentiment de confiance qui peut être amplifié par une mélodie ou un son particulier.
  • L'ancrage kinesthésique est celui du toucher, du mouvement et de l'émotion. On peut y associer un geste : main sur l'épaule, index et pouce, point fermé, respiration... » (Philippe LHUILLIER).
Ce qu'il faut d'ores et déjà savoir, c'est que les techniques de l'hypnose ne servent pas exclusivement la thérapie ou le spectacle. Par exemple le « VAKOG est utilisé dans plusieurs domaines : la PNL (Programmation Neuro-Linguistique), l'hypnose (classique et Ericksonienne), les techniques de manipulation, la vente, le marketing... ».

L'ancrage VAK est quasi systématiquement mis en œuvre dans le but de précipiter l'hypnose, de l'affermir, et de la faciliter en prévision de futures séances. Dans ce dernier cas, il est bien question d'une habituation affermie par passage du conscient à l'inconscient, c'est-à-dire d'un conditionnement.

Un geste parfois d'apparence bizarre provoquera alors une hypnose rapide, par exemple un simple claquement de doigt, car « il est des phénomènes hypnotiques que l'on ne peut produire qu'en hypnose de spectacle, grâce à l'envoûtement généré par la foule. Le sujet est "emporté" dans un rôle - qu'il a accepté implicitement en venant au spectacle, puis en se portant volontaire pour monter sur scène. Tous ses amis le regardent ; il a le trac ; il a chaud ; les lumières l'éblouissent... Désorienté, l'hypnotiseur le surprend en claquant des doigts ; il se sent tomber, comme évanoui, sans même avoir entendu le retentissant "Dormez !"
C'est la célèbre « interruption de pattern » de Dave Elman (souvent attribuée, à tort, à Milton Erickson). L'ordre vient saisir le cerveau reptilien, qui fait basculer la personne en transe bien avant qu'elle ne soit même consciente de la phrase prononcée par l'hypnotiseur... Facile à réaliser sur scène, où la personne est impressionnée ; très difficile en thérapie, où le thérapeute a, au contraire, établi un climat de confiance ». (Olivier Lockert / IFHE).

Cette séquence d'induction rapide est en effet plus simple à réaliser en public, mais c'est surtout qu'elle apparaît d'autant plus magique, plus spectaculaire, qu'elle se déroule sur scène. Selon Erich Lancaster, « la sensibilité à l'hypnose, contrairement aux idées reçues et d'après des études statistiques, est plus facile à obtenir en groupe qu'individuellement, par exemple en cabinet. La vision d'une autre personne sous hypnose, notamment si c'est un proche, produit un effet dit « suggestif », au même titre que le bâillement communicatif. Une personne « non réceptive » individuellement peut le devenir sous l'influence du groupe. Selon l'hypnothérapeute, il est dommage que la télévision soit plus attachée à l'audimat qu'à une véritable information sur ces questions ».

Cela ne signifie pourtant pas qu'elle est impossible dans les soins, bien que moins théâtrale - ce qui n'est d'ailleurs pas le but recherché. L'hypnothérapeute maîtrisant parfaitement son art saura, lui aussi, pratiquer une hypnose flash si nécessaire (HAL - Laura Schmidt-Dornedden, « Utilisation d'hypnose rapide lors de la chirurgie implantaire », pages 31-32).

L'ancrage VAKOG est flagrant dans l'hypnose télévisée, avec les sens Visuels et Auditifs tout particulièrement, lesquels sont immédiatement agrémentés par des sensations Kinesthésiques agréables (détente après la journée de travail), ainsi qu'à des stimulations Olfactives et Gustatives engageantes (apéritif, dîner, alcool, dessert...). Ce conditionnement se voit renforcé chez les personnes vivant avec un ou plusieurs animaux de compagnie, ainsi que chez les couples, en particulier s'ils ont des enfants. Il sera alors question d'attachement émotionnel, au sens noble du terme.

Autant dire que nous venons de dessiner l'archétype des victimes de l'ancrage, de la manipulation neuro-linguistique (PNL), et pour tout dire, de l'hypnose - c'est-à-dire la très grande majorité des Français. Ainsi que nous l'avons expliqué précédemment, les séquences induites par les écrans de télévision sont d'autant plus rapides que les familles sont émues, et d'autant plus irrésistibles qu'elles sont vécues à l'unisson par les membres du groupe. Parce qu'alors les suggestions télévisuelles ne peuvent que faire l'unanimité.

Nous additionnons là les deux phénomènes utilisées dans les numéros d'hypnose collective de Messmer, capable quant à lui d'envoûter 422 personnes en moins de cinq minutes. Ce qui amènera la Belgique à l'interdirede spectacle. L'ancrage et le spectaculaire, deux mécanismes ayant le pouvoir d'enjoindre n'importe qui à l'obéissance et au mimétisme... Car dans ce domaine, il n'y a pas d'immunité collective, tant s'en faut : « les études en laboratoire montrent que près de 80% des gens sont hypnotisables » (L'Aide-mémoire d'Hypnose, A. Bioy, C. Wood et I. Célestin-Lhopiteau), or le propos, ici, n'est certainement pas de persiffler « une certaine virginité mentale », pas plus qu'un excédent de « capacité à l'émerveillement » (Axel Karol et Nathalie Roudil).
« Pour comprendre l'importance de l'autorité journalistique, il faut se rappeler de l'expérience de Milgram. Cette expérience sociale, menée dans les années soixante aux États-Unis, portait sur la soumission à l'autorité : il a été montré qu'environ 60% des gens, lorsqu'ils étaient déchargés de leur autorité au profit d'un médecin ou d'un chercheur, pouvaient se transformer en véritables tortionnaires pour peu qu'on leur en donne la consigne. Cette expérience a été reproduite en 2009 par la chaîne France Télévision, qui a choisi de remplacer l'autorité du médecin par celle du journaliste, avec cette fois environ 90% des gens qui acceptaient d'obéir aveuglément à toutes les injonctions qui leur étaient données » (Pascal Brouard).
Le Pattern

Le pattern est un « modèle simplifié d'une structure de comportement individuel ou collectif (d'ordre psychologique, sociologique, linguistique), établi à partir des réponses à une série homogène d'épreuves et se présentant sous forme schématique. »

« Nous agissons inconsciemment, selon des patterns que nous construisons au fil de nos expériences ». En PNL, c'est « un terme qui définit les stratégies mentales que nous mettons en place. Ce mot fait référence au patron que le tailleur utilise afin de concevoir un vêtement : ce n'est pas tant la matière utilisée ou les couleurs qui vont généralement en esquisser sa valeur dans les yeux de celui qui va se le procurer, mais sa forme » (Guillermo Di Bisotto). « Issu de l'anglais, le mot "Pattern" désigne un modèle, une structure, un motif, un type, etc. En Hypnose de rue, un pattern est donc une structure répétitive qui se conclue généralement par une "Rupture de pattern" visant à surprendre le volontaire afin de renforcer une suggestion, ou de réaliser une induction. Généralement, il suffit de répéter trois fois le même modèle pour que celui ci soit considéré comme un pattern par l'esprit humain » (IFTB - Institut de Formation des Thérapies Brèves).

« Ces patterns remontent rarement à notre conscience et permettent à notre cerveau d'économiser ses forces. Ainsi, vous pourrez toujours demander à une personne d'éteindre les lumières des pièces dans lesquelles il passe, s'il a associé « ne pas éteindre la lumière » à la mort, parce qu'une personne dans sa famille est décédée en tombant dans les escaliers PARCE QU'ELLE n'a pas allumé la lumière (par soucis d'économie par exemple), il vous sera très difficile voire impossible de lui faire entendre raison. Les biais cognitifs interviennent alors pour être certain de rester dans le déni : « de toutes façons, les ampoules sont des LED », ou encore « rhôô ça va, je ne suis pas non plus en train de couper un arbre ». Bref, appelez cela de la mauvaise foi ou une stratégie d'évitement, c'est la même chose. Parfois ces équivalences sont aussi simples que cela, parfois un peu plus douloureuse (type terminer un projet / réussir = mort) » (Guillermo Di Bisotto).

Dès lors, on se doute qu'un adulte socio-professionnellement construit, ayant travail, logement, famille et amis cumule nécessairement les rôles, donc les schémas psychiques afférents - à bon ou à mauvais escient, puisqu'avec les patterns, nous introduisons « non seulement l'historicité, mais la critique qui va avec l'historicité » (CNRTL). Il n'est certes pas besoin de rappeler combien notre vie de tous les jours est tributaire d'une kyrielle d'automatismes, mentaux comme physiques, pour ne pas dire de conditionnements purs et simples. Parce qu'évidemment, si manger, boire et dormir sont indissociables de la vie, si se doucher, s'habiller, travailler et faire ses courses sont le commun des mortels, alors assurément, une part non négligeable de chacun d'entre nous se résume à une somme d'habitudes inconscientes. Et observer la conduite automobile de monsieur Tout-le-monde, c'est constater à quel point ces séquences, ou routines sérielles, sont souvent vitales...

Inutile de s'attarder sur cette notion de pattern concernant la « Covidpnose », puisqu'il est désormais acquis que toute personne met en place des stratégies mentales, au minimum lorsqu'elle dispose d'une vie sociale. Qu'il s'agisse de routines psychiques lui permettant d'être professionnellement plus efficace, d'automatismes facilitant sa socialisation (modes vestimentaires, verbales, alimentaires, récréatives...), ou de séquences conditionnées par le plaisir immédiat ou la récompense après la journée, la semaine, le mois ou l'année de travail.

Au quotidien, la télévision sera au minimum présente pour lui montrer ce qui se passe dans le monde, pour la divertir, pour lui enseigner ce qu'il est mieux de faire, pour lui dire ce qu'elle est, voire ce qu'elle est sensée être. C'est une fidèle machine suscitant le même attachement qu'une automobile, et capable de déclencher des émotions fortes non moins que partagées, des routines addictives de type match-bières-copains, infos-repas-détente, suspense-émoi-dessert, et plus encore. À tel point que certains n'hésitent pas à dépenser des sommes considérables pour « vivre des expériences XXL » dans leur salon, dans leur cuisine ou dans leur lit...

La rupture de pattern

La rupture de pattern, c'est une interruption de ces routines-là. On empêche l'automatisme d'aller jusqu'à son terme, on rompt le mécanisme inconscient, on annihile la séquence psychique : en face, l'individu (qui plus est dans son rôle passif assumé) n'est plus « protégé ». En interrompant ses processus de pensée, nous contournons ses stratégies mentales, c'est-à-dire ses défenses. Si auparavant vous avez pris soin de le mettre en confiance, et si en plus vous lui « donnez la fin qu'il attend (du moment qu'elle entre dans le prolongement de ce que vous faisiez avant. Si vous lui hurlez "saute par la fenêtre", alors qu'avant vous parliez normalement, ça ne va pas marcher ». Transe-hypnose.com / Gaulgaut), alors oui, vous obtenez l'effet poisson rouge.

En d'autres termes, « il faut accompagner la personne de la manière la plus naturelle qui soit. Très peu de technique. Beaucoup de savoir vivre et de savoir être. Il n'y a pas de temps idéal pour dire "dors !", tout ne se joue pas à la demi seconde près contrairement à ce que beaucoup veulent vous laisser croire. Ce dont il faut se souvenir en revanche, c'est qu'il faut prononcer ce mot clé avec toute la confiance et la conviction dont vous pouvez faire preuve, pour que l'inconscient de la personne perçoive vraiment vos intentions et réponde favorablement à vos suggestions » (Jean-Emmanuel / street-hypnose.fr)

Voilà que le mot est lâché : « dors », ou « dormez », mais en vérité qu'importe le mot utilisé pour provoquer l'interruption de pattern : l'essentiel est qu'il soit l'aboutissement des suggestions précédentes (lâcher prise et se détendre par exemple). Bien sûr, cela demande de l'entraînement, « un fort pouvoir de conviction, et surtout une "fluidité" parfaite car l'alternative proposée dans la courte période de confusion entre un "mais qu'est ce que tu me fais ?" et une acceptation passive réside dans une forme de communication rassurante et plus satisfaisante pour l'hypnotisé » (Patrick Kelly / Hypnose et physionutrition). Ce bug qu'est la rupture de pattern peut être renforcé par surcharge ou confusion sensorielle - visuelle, auditive ou kinesthésique (VAK). Ce que l'on observe avec le toucher du front ou de la poitrine avec le plat de la main, le fameux claquement de doigt à l'oreille, le lever ou tourner de tête par pression sur le menton. Immédiatement après la rupture de pattern, viendra l'approfondissement hypnotique, ou « guidage » du sujet.

Il est bon de rappeler que l'interruption du processus de pensée est aussi « l'outil préféré des plus grands manipulateurs, voleurs, escrocs en tout genre ». Car la confusion provoquée permettra à un professionnel d'insérer une suggestion, voire une injonction telle que « signez-là s'il vous plaît ! » ou « vous pouvez me donner l'adresse mail, je vous avouerai que je suis un peu débordée... » : vous êtes alors dans un tel état de flottement, que vous vous exécutez sans broncher (Guillermo Di Bisotto).

Pourquoi obéissons-nous aussi facilement ? Parce qu'il est plus facile d'obéir que de rester confus, il est plus rassurant de se conformer que de se questionner et s'avérer finalement indécis ou en état de flottement. Il semblerait qu'obéir soit également un mécanisme de défense, voire de survie. Puisque « l'obéissance à une autorité et l'intégration de l'individu au sein d'une hiérarchie est l'un des fondements de toute société. Une société a des règles, et par voie de conséquence il existe une autorité, qui permet aux individus de vivre ensemble et empêche que leurs besoins et désirs entrent en conflit et mettent à mal la structure de la société » (Simon Brunfaut, Une philosophe au procès Eichmann).

Le 16 mars 2020 à 20 heures, en France, une interruption brutale de pattern est réalisée à travers le discours télévisé d'Emmanuel Macron, qui par six fois tance que « nous sommes en guerre », et qui, pour mieux nous défendre contre un virus respiratoire, ordonne toute une série de mesures physiquement patentes et attentatoires, dont l'enfermement à domicile de toute la population... exceptés les « utiles ».

C'est ainsi que le très médiatisé confinement communiste d'une ville de 8 494 km², se transforme en emprisonnement d'un pays démocratique de 672 051 km². Dès le lendemain, 17 mars, les téléspectateurs n'ont plus le droit de se rendre à leur travail ni de se déplacer, sauf pour faire leur courses ou sortir leur chien. Quels que soient leurs métiers ou leurs études « d'inutiles ». La population est littéralement sidérée. L'effet poisson rouge.

La rupture des stratégies mentales est alors complète : les mécanismes sociaux-professionnels et culturels des Français sont proprement brisés, toutes les séquences psychiques rassurantes et protectrices sont annihilées d'un coup. En prononçant sa guerre, Macron prend le contrôle des téléspectateurs, et en les enfermant chez eux, il provoque une confusion sensorielle VAKOG sans précédent, qui aura pour effet d'approfondir l'hypnose en renforçant le « bug » national. À partir de là, le guidage des victimes est facile : la population obéira le petit doigt sur la couture du pantalon, parvenant à ne pas prêter attention aux contradictions les plus criantes... Il leur sera dicté d'applaudir les soignants tous les soirs depuis leurs fenêtres, ils s'exécuteront séance tenante, dans la joie et la bonne humeur. À cette époque, les plus irresponsables de nos responsables avaient du mal à ne pas en rire ouvertement. Pathétique.

Dans cette séquence hypnotique, depuis Wuhan jusqu'aux grandes villes occidentales, tout l'arsenal de la PNL et de l'hypnose a été mobilisé : émois vécus à l'unisson, par ancrages et théâtralité. Nous sommes en train de parler de manipulations scénographiques provoquant des surcharges émotionnelles responsables de « situations amenant une saturation de notre capacité à réfléchir (traitement cognitif impossible d'un trop grand nombre d'informations complexes). Sous l'influence de ces évènements, notre conscience a basculé vers un mode de fonctionnement, dit « non critique » ou « hypnotique » dans lequel il existe une certaine indifférence à l'extérieur, des perceptions modifiées, une hyper suggestibilité renforcée par la perte de nos facultés d'analyse et de jugement et d'une partie de nos fonctions cognitives, enfin un certain lâcher-prise » (adapté de H. Musellec et F. Bernard, Bases neurophysiologiques de l'hypnose, pages 2-3).

La majorité des Français ne connaissant la Covid qu'à travers la télévision, la « Covidpnose » ne peut être qu'une télé-virose tout à fait comparable au phénomène des vidéos virales, des séries addictives ou des buzz. Ce texte a pour objet d'esquisser l'étiologie de cette maladie mentale, qui va doucettement conduire à l'effondrement d'une partie significative de la civilisation occidentale. Certains spécialistes parleront même de bouffée délirante collective. À juste titre, car comment reconnaître le peuple français aujourd'hui ? Comment ne pas voir que les Mengele, qu'ils soient hospitaliers, consultants pour la télévision, députés, chefs de conseils scientifiques, ou ministres - tous atteints du syndrome du sauveur ou chevalier blanc, appelé aussi complexe du Messie, au choix - nous font mal pour mieux nous soigner (ne parvenant ni à s'en cacher, ni à analyser ce qu'ils font), allant jusqu'à nous tuer pour pouvoir nous réanimer ? Comment ne pas se rendre compte qu'en interdisant aux médecins de ville de prescrire dès les premiers symptômes et en refusant de recommander des traitements préventifs aux plus fragiles, on les assassine ? Comment ne pas observer que notre jeune « héraut », devenu Gérant d'une Maison de Retraite bananière, dans laquelle n'importe quel chefaillon régional peut édicter ses propres délires - comme enfermer sa population le week-end ou imposer le port du masque sur les plages - s'est progressivement transformé en MaskVador, abusant de la 5ème Constitution comme d'une domestique ? Et comment ignorer que les chiffres de l'Insee contredisant les prévisions hystériques de nos « experts », ces derniers changèrent vite leur fusil d'épaule, exhumant des variants et des séquelles, des co-variants, des recombinants et des formes longues ? Comment ne pas comprendre, enfin, qu'imposer un hygiénisme-barrière, des confinements, des paniques et des stress répétés aux personnes les plus fragiles et les plus malades, cela relève du meurtre ? Comment ne pas CHERCHER, ne pas TROUVER ?

... Le temps venu, pour sa part la police « demeurera formelle, noyant ses actions dans des explications administratives, s'attachant aux seules dimensions techniques et logistiques, et réduisant la réalité à des quotas. En développant une rhétorique de l'obéissance, elle effacera toute notion de responsabilité. Le système totalitaire aura alors perverti entièrement les consciences, créant des hommes qui, dans le fond, ne prendront plus la mesure de leurs actions » (adapté de La banalité du mal, de Simon Brunfaut, Une philosophe au procès Eichmann).

Ce triangle de Karpman dans lequel nous sommes désormais engagés ne fait qu'exacerber la mécommunication entre les différents protagonistes - les plus puissants d'entre eux craignant d'être publiquement humiliés et/ou de perdre leurs prérogatives. Ce qu'il faut savoir, c'est qu'« à terme, si le sauveur estime qu'il n'a pas reçu la reconnaissance qu'il mérite [...], un sentiment de déception, de rancœur, d'animosité et de haine envers l'autre apparaît » (Mathieu Vénisse). Nous y sommes. Et quelle que soit l'intelligence que l'on prête aux principaux acteurs de cette tragédie, qu'ils soient journalistes, médecins ou politiques, jusqu'à la toute fin leur orgueil étouffera fatalement leurs qualités... tant pis pour les morts.