Si équivoque en somme...

Nous devrions faire preuve de discipline et suivre aveuglement notre grand chef et son aréopage médical qui fond sur nous en piqué, une aiguille à la main. Il est amusant de constater que cette attente s'accompagne de tout le cortège de ce qui fait passer la chose dans le rang des obligations, des contraintes et même des injonctions comminatoires. C'est donc à n'y rien comprendre.

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Mais quelle discipline au juste est ainsi convoquée au sein de la population tout entière ? J'ai tout d'abord pensé qu'il s'agissait de la bonne vieille matière, celle que nous enseignaient jadis, nos vieux maîtres, en suivant les programmes à la lettre. Nous avions eu droit à tant de cours d'hygiène, de leçons sur la santé, de travaux pratiques sur la prophylaxie et de conférences des experts des plateaux télévisuels, que je m'attendais à une prochaine interrogation écrite sur le sujet. Mais non, le grand Méprisant de la République s'étant auto-proclamé Premier épistémologiste de France, les indécrottables cancres que nous sommes n'avions plus rien à retenir, il nous suffisait de le suivre aveuglement, tenus à la bride par son sous-fifre de pacotille.

Je n'ai pas quitté l'univers de l'école pour penser alors qu'il était question de la bonne conduite, celle qu'on s'impose à soi-même pour le bien de tous, dans la plus parfaite acceptation de la chose. Une adhésion absolue à une ligne comportementale suivie dans notre propre intérêt et que nul coup de trique n'a besoin d'imposer. Je faisais grave erreur quand je découvris la fameuse obsession des 135 euros qui sort du chapeau à toutes nouvelles contraintes. Nous n'avions pas à agir pour notre bien mais pour le profit de lointains groupes financiers.

J'en ai conclu que cette discipline imposée devait être notre plus totale soumission sous la menace, la sanction, la réprimande ou la prison. La mort apparut alors comme une éventualité pour celui qui allait déroger la main de fer armée d'une aiguille. Un grand frisson parcourut mon échine, c'est donc la fin de cette lointaine République de citoyens consentant à une règle commune dans l'harmonie et l'adhésion générale ? Nous sombrions dans la tyrannie d'une caste et le plus souvent dans les lubies d'un seul.

C'est alors l'enseignant et l'entraîneur qui se réveillèrent en moi. Jamais la discipline imposée, l'ordre sous la menace et par la peur n'ont donné le plus petit effet parmi les élèves ou les joueurs. Le besoin de convaincre, l'adhésion aux principes et aux codes de vie ou de jeu étaient un préalable absolu avant que d'entrer dans les apprentissages pour les uns, le plan de jeu pour les autres. N'y aurait-il pas grande confusion au sommet de l'État quand faire appel à la raison suppose les obligations, les menaces, l'usage de la force et l'abolition des libertés ?

Tous ces gens importants sortis de la même Grande École dont on va se contenter de modifier l'appellation pour le plaisir de tromper une fois encore le pauvre peuple, ont surtout retenu les grands principes qui prévalent à l'instauration d'un pouvoir autoritaire et répressif. Leur discipline passe par la plus absolue soumission et pire encore, par la négation de notre faculté de penser et d'agir par nous-mêmes.

Nous venons de vivre une véritable révolution. La représentation nationale dissoute de fait par l'état d'urgence, la population réduite au servage, la presse placée sous le boisseau, les souffleurs de vent réduits au silence, la vie même mise sous séquestre sont au programme de ce qui ne relève plus de la discipline mais du joug dictatorial.

Il nous appartient de toute urgence d'entrer en indiscipline, d'user de notre libre arbitre et de penser par nous-même, loin de ce rouleau compresseur médiatique du discours de la terreur. La vie ne vaut d'être vécue que dans une liberté conciliée avec les impératifs totalement acceptés du vivre ensemble. Nous n'acceptons plus rien, nous ne sommes plus que des objets dans les mains de tyrans pitoyables.

Tyranniquement leur.