scandale
À lire les journaux ces jours-ci, il est facile d'être découragé du genre humain.

Des voyeurs qui planquent des caméras dans les toilettes pour espionner des gens. Une femme battue et violée par son conjoint.

Une vedette accusée d'avoir empoigné des seins sans consentement. Une jeune femme qui dénonce la circulation d'images intimes sur l'internet. Des inconduites sexuelles dans l'armée qui provoquent des remous politiques.

Il y a aussi cet éducateur de centre jeunesse accusé d'avoir agressé des adolescentes et tué sa femme. Ce magnat de l'humour de nouveau poursuivi pour agression sexuelle. Ces statistiques montrant une hausse de la traite de personnes.

Toutes ces histoires impliquent de la délinquance sexuelle à divers degrés. Et elles ont toutes été publiées... la semaine dernière seulement !

Que se passe-t-il ? Est-on face à une vague de crimes sexuels ?

Les experts répondent qu'il est impossible de dégager des tendances. Entre 70 et 85 % des agressions sexuelles ne sont pas dénoncées, si bien qu'on ne voit toujours que la pointe de l'iceberg, sans parvenir à cerner la masse qui se cache sous l'eau.

femme seule
© PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE« Il est difficile d’être optimiste face à l’avalanche de scandales sexuels qui déferle. Mais comme en montagne, le calme serait sans doute encore plus inquiétant », écrit notre éditorialiste.
Certains indicateurs sont préoccupants. Au Canada, après une baisse soutenue pendant les années 1990 et 2000, on assiste depuis quelques années à une hausse légère, mais constante de la criminalité générale. Tant le taux de crimes déclarés que leur indice de gravité sont en progression.

Patrick Lussier, professeur de criminologie à l'Université Laval, rappelle que les causes profondes des crimes sexuels sont les mêmes que celles des autres crimes. On peut donc penser qu'ils suivent la même tendance.

Du point de vue individuel, les émotions négatives mal canalisées servent de carburant au crime. Or, la colère, l'anxiété et l'insatisfaction sont assurément plus présentes pendant la pandémie.

L'isolement augmente le contrôle que peuvent exercer les agresseurs sur leurs victimes. Benoît Dassylva, psychiatre à l'Institut Philippe-Pinel, craint d'ailleurs qu'après la vague de féminicides, on découvre une hausse des cas d'inceste au Québec.

C'est tout sauf réjouissant.

De façon plus positive, il est aussi clair qu'une partie de l'iceberg est en train d'émerger. Des comportements naguère tolérés ne le sont plus. Le professeur Patrick Lussier estime que le tournant est survenu avec la chute de l'ancien patron du Fonds monétaire international, le Français Dominique Strauss-Kahn, arrêté pour crimes sexuels en 2011.

On parle de plus en plus de consentement et on dénonce davantage les abus de pouvoir. Bref, nous sommes en train de laver notre linge sale en public. Ça brasse, ça éclabousse et ça ne sent pas toujours bon. Mais c'est nécessaire.

Chacun a son rôle à jouer dans cette corvée. Et même si rien n'est parfait, la bonne nouvelle est que personne ne semble vouloir se désister. Les médias fouillent les histoires et exposent les problèmes, permettant aux victimes de se sentir moins seules par le fait même.


Commentaire : Il serait plus juste de dire que les médias fouillent les histoires qu'ils sont autorisés à fouiller par leurs dirigeants !!!


Les élus, souvent, réagissent. Dans la foulée du scandale PornHub, Québec a mis sur pied un comité d'experts pour étudier la présence de pornographie infantile sur les sites québécois. Pas moins de 223 millions ont aussi été débloqués pour lutter contre la violence conjugale.

Les forces policières et les institutions judiciaires se demandent comment mieux accueillir et accompagner les victimes. Des artistes comme David Goudreault prennent la parole pour changer les esprits. Les cours d'éducation sexuelle sont de retour à l'école.

À Ottawa, la sénatrice Julie Miville-Dechêne veut quant à elle restreindre l'accès à la pornographie aux mineurs. C'est un dossier plus controversé, mais force est d'avouer que la porno, même quand elle est faite par des adultes consentants, déteint sur notre vision de la sexualité. Il faut au moins en parler.

Il est difficile d'être optimiste face à l'avalanche de scandales sexuels qui déferle. Mais comme en montagne, le calme serait sans doute encore plus inquiétant.