J'ai entendu, l'autre jour, que la moitié ou presque des Français auraient profité des confinements successifs pour écrire « Le confinement, ma vie, mon œuvre », « La cuisine en temps de guerre sanitaire », « Comment confectionner son masque en toile à matelas », etc. Il paraît que les maisons d'édition demandent qu'on cesse l'envoi de manuscrits : débordées ! Pourtant, il y aura un ouvrage à rédiger quand on en sera sorti : le Dictionnaires des absurdités gouvernementales.

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© Reuters /Gonzalo Fuentes
Un gros dictionnaire qui vient encore de gagner quelques belles pages avec la séance de ce mardi, à l'Assemblée, où les parlementaires votaient la sortie de l'état d'urgence sanitaire. Nos éminences la voulaient fin octobre. Le MoDem était contre : ce sera fin septembre. Ou pas. On verra, si les enfants sont sages.

Rigolard, le député de la Manche Philippe Gosselin (LR) a pointé, en séance, quelques-unes des nouvelles farces à l'actif du déconfineur en chef. Il faut dire que la bande à Castex se surpasse, hissant l'absurdité au rang d'art majeur.

On rappellera quelques banalités, par exemple qu'on peut acheter du maquillage mais toujours pas de petite culotte ; qu'on peut habiller son enfant jusqu'à deux ans mais pas au-delà ; que le couvre-feu à 19 heures a entraîné, dans les supermarchés, des queues gigantesques où les gens sont à touche-touche, etc.

Les nouveautés déconfinatoires sont encore plus « époustouflifiantes ». Ainsi celle relevée par le député Gosselin, à savoir le maintien de la fermeture des boîtes de nuit mais la réouverture des... clubs libertins ! « Vous refusez de [...] permettre, au cas où le 1er juillet ça serait possible », la réouverture des discothèques, « mais savez-vous par ailleurs que les clubs libertins vont pouvoir rouvrir ? Et il est bien connu que dans ces clubs, on pratique tous les gestes barrières. C'est même d'ailleurs pour ça qu'on y va... Voilà, en Absurdie, où nous en sommes », a lancé le député de la Manche.

C'est la loi, à ce qu'il paraît, car au regard du Code du tourisme, les clubs libertins sont considérés comme des salles de sport. On aimerait connaître le nouveau protocole sanitaire : pas plus de six partenaires à la fois, un côté pour l'entrée, un autre pour la sortie ? Au revoir, Madame, n'oubliez pas votre masque !

Les patrons de discothèque, eux, ne décolèrent pas. C'est « le seul commerce qui est fermé depuis quatorze mois et qui n'a aucune responsabilité dans les deuxième, troisième, quatrième vagues qui sont survenues et celles qui suivront », dit leur représentant à LCI. Pourtant, les discothèques ne seront pas autorisées à rouvrir cet été. On va autoriser des rassemblements de 1.000 personnes et les boîtes à partouzes, mais pas les pistes de danse en extérieur.

Totalement absurde, également, la réouverture des remontées mécaniques dans les stations de ski à compter du 19 mai, d'abord à 50 % de leur jauge, puis à 65 % le 9 juin et 100 % le 30 juin. En maillot de bain vers les sommets... Tout aussi incompréhensible, la réouverture des parcs d'attractions sans attractions ! C'est le secrétaire d'État au Tourisme qui l'a dit sur RMC, le 6 mai : les « parcs à thèmes pourront rouvrir dès le 19 mai », c'est-à-dire « les activités de plein-air, les zoos, avec quelques espaces du type aquarium, etc. » En revanche, « les attractions en elles-mêmes, au sens juridique du terme, ce sera le 9 juin », en même temps que les fêtes foraines.

Enfin, on nous a annoncé en fanfare le retour des mariages. Sauf qu'il y aura toujours le couvre-feu, à 21 heures, à compter du 19 mai, 23 heures ensuite. Là encore, la représentante du syndicat professionnel s'arrache les cheveux : « On annonce que les fêtes de mariage vont reprendre, tout en interdisant les cocktails debout et en faisant terminer les repas à 21 h, soit l'heure à laquelle ils commencent d'habitude ! »

Les médecins le disent tous : pris pour des girouettes, les gens sont en train de devenir fous. Moi-même, j'avoue...