C'est l'un des plus beaux villages de France, situé dans des confins qui brouillent vos références géographiques. Administrativement du Tarn-et-Garonne, il est au bord de l'Aveyron et aux confins du Quercy, de l'Albigeois et du Rouergue, en bordure de la grande et mystérieuse forêt de Grésigne. À quelques kilomètres, à Bruniquel, Robert Enrico a tourné Le Vieux Fusil.
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Saint-Antonin-Noble-Val
Dans un gîte merveilleux occupant un ancien presbytère, on vous raconte encore que, dans ce jardin, Romy Schneider venait prendre l'apéro après les journées de tournage. Bruniquel, Penne et, donc, tout aussi magnifique, Saint-Antonin. Ces noms, celui du village et son histoire sont comme une invitation à l'échappée belle, au ressourcement et à la résistance.

Je ne fantasme pas : je n'ai fait que regarder le reportage de francetvinfo : Un village du Tarn-et-Garonne se rebelle contre le pass sanitaire. Classé dans la rubrique « Vrai ou fake » - on ne sait pourquoi, car c'est bien vrai -, il nous apprend que la quasi-totalité des cafés et brasseries a décidé de ne pas appliquer le passe sanitaire, de se déclarer « zone libre », avec un autocollant. Les commerçants interrogés sont pleins de bon sens : « Je ne vais pas faire le gendarme. » Bien sûr, il y a un récalcitrant, un patron qui, « lui, respecte la loi, contrôle le passe sanitaire » et qui « ne comprend pas » ce « village d'irréductibles ».

Quel bel hommage ! C'est tout de même plus beau - et plus juste - que les « gens infréquentables » de Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, ou la résistance « résiduelle » de Yaël Braun-Pivet, la présidente de la commission des lois de l'Assemblée nationale. Mais quittons ces « lamentables », pour parler comme Hillary Clinton...

Quant à notre bon petit soldat du passe égaré à Saint-Antonin-Noble-Val, il se trompe sur un point, à force de trop regarder BFM TV et d'avoir l'œil rivé sur ses QR codes plutôt que sur la réalité de son village : Saint-Antonin n'est pas seul, loin de là ! Durant nos vacances dans les Pyrénées - autre zone de refuge -, j'ai très souvent constaté, dans bien des villages traversés, que le passe n'était en fait jamais demandé, jamais contrôlé. Ce fut pour moi un bonheur, un soulagement, une espérance. La France profonde était celle du bon sens et, oui, d'une forme de résistance. Rassurez-vous, je ne donnerai les noms ni des villages ni des cafés ni des vallées, mais ils sont en fait très nombreux.

Un autre indice de cette résistance pyrénéenne : l'affluence constante, encore ce samedi, lors des manifestations de Foix, préfecture de 9.000 habitants. Alors que le mot d'ordre médiatique était à la baisse, La Dépêche a été obligée de titrer :
« Ariège : toujours aussi nombreux, les "anti-pass" bloquent le tunnel de Foix » et de constater que « ce huitième samedi de mobilisation contre le pass sanitaire a été un succès à Foix ».
Une seule fois, une restauratrice s'est excusée de nous demander le passe, car elle était systématiquement contrôlée par la maréchaussée. Là, j'aurais presque eu envie de lui demander le nom du gendarme, histoire de lui proposer d'aller faire un stage à Saint-Antonin.