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Photo: La Presse Canadienne /AP/Hani Mohammed

Des hommes armés défendent la maison du cheikh Ahmar, dans le nord de Sanaa.
Le bras de fer en cours depuis quatre mois entre partisans et détracteurs du président Ali Abdallah Saleh menace plus que jamais de faire basculer le Yémen dans un conflit armé, mercredi.

Pour une troisième journée d'affilée, des affrontements entre partisans du chef tribal Sadek Al-Ahmar sont rapportés dans le quartier d'al-Hasaba, dans le nord de la capitale, Sanaa.

La confédération tribale des Hached est considérée comme la mieux armée et donc la plus puissante du pays. Le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, en est issu.

Mardi, 24 partisans du cheikh Ahmar et 14 soldats ont été tués dans ces combats, qui ont éclaté après des semaines d'importantes manifestations populaires dans les rues de la capitale. Plusieurs militaires sont portés disparus.

Six autres personnes avaient perdu la vie lundi.

Les partisans du cheikh Ahmar ont pénétré mercredi dans le siège de l'agence officielle Saba. Il semble cependant qu'ils ne contrôlent pas encore la production des nouvelles.

Selon un haut responsable et des témoins de l'Agence France-Presse, les miliciens à la solde du cheikh ont aussi pris le contrôle de la société nationale de transport aérien Yemenia et ont tenté d'occuper le siège du ministère de l'Intérieur.

Quatre obus auraient atterri à l'intérieur du périmètre du ministère de l'Intérieur, selon des témoins.

Le président Saleh a lancé un appel à un cessez-le-feu et a demandé aux hommes du cheik de se retirer des bâtiments publics.

La population ne prend aucun risque et fuit la ville, où les coupures de l'alimentation en électricité et en eau sont fréquentes et où il est difficile de se procurer des bonbonnes de gaz.

Selon AFP, la population fuit par le sud de Sanaa. Les gens qui tentent le coup par le nord de Sanaa se heurtent à des barrages de la Garde républicaine, où ils sont prévenus que l'accès à la capitale pourrait leur être interdit s'ils décidaient de revenir.

Sur la place de l'Université, où campent depuis plusieurs semaines déjà des détracteurs du président, le nombre des manifestants a nettement diminué. Certains d'entre eux disent vouloir se rendre dans le nord de la ville pour se joindre aux partisans de Sadek Al-Ahmar.

Le cheikh s'est joint au mouvement de contestation à la mi-mars.

Ces violences surviennent après un énième refus du président Saleh de signer un accord de sortie de crise élaboré par le Conseil de coopération du Golfe. Le texte, qu'il devait ratifier dimanche, prévoyait la formation d'un gouvernement de transition et son départ dans les 30 jours en échange de son immunité.

En conférence de presse, mercredi, à Londres, le président américain Barack Obama a appellé le président Saleh à céder le pouvoir « immédiatement ».

Le Yémen, qui compte 24 millions d'habitants, vit une situation politique très précaire. Une rébellion chiite couve dans le nord, des tensions séparatistes règnent dans le sud et une filiale d'Al-Qaïda est active au pays.